Ne la touche pas

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Lorsque les deux associés de Miranbeau arrivèrent, Héla s'était recroquevillée sur elle même dans un coin de la pièce, la jeune femme était si petite et si immobile qu'on l'aurait volontiers confondu avec le mobilier.

"-Le contrat avec monsieur James ? Demanda une voix masculine dans l'entrée.

-Signé, et avec un petit supplément, répondit Miranbeau.

-Je ne sais pas comment tu fais Adèle...

-Je suis meilleure que vous deux voilà tout, ironisa-t-elle.

-Bien sûr... Je te laisse donc gérer tout l'informatique ?

-Et les comptes ?

-Je vous taquine... Vous savez bien que je ne peux pas me passer de vous... Enfin... Même si personne n'est irremplaçable, soupira la femme d'affaire. Un café ?

-Merci. 

-Sans façon j'en suis déjà à mon quatrième depuis ce matin.

-On en est à combien depuis le début de la semaine ? Finit par demander Miranbeau, Héla suivait le bruit des talons de sa tortionnaire sur la parquet.

-Eh bien... Si tu as fais signé monsieur James... Ça monte le paquet à soixante quinze mille.

-Une bonne semaine alors ?

-Une bonne semaine.

-Et ta môme ? Tu l'as gardé ?

-Justine m'a arrangé un coup. Elle est sous tutelle. Déclara la femme d'affaire.

-Vraiment ?

-Vraiment, hier elle a réussi à se barrer après avoir planté un gars. Les flics me l'ont ramené. 

-Je ne sais pas comment tu fais pour que tout finisse toujours bien pour toi...

-Que veux-tu... Soupira l'autre associé.

-Tiens, café. Dit-Miranbeau.

Les talons claquèrent de nouveau dans l'entrée, traversèrent la salle à manger, et la silhouette de Miranbeau se dessina au seuil de la porte du petit salon.

-Mettez-vous à l'aise, déclara-t-elle en jetant un regard dans la direction d'Héla.

Les deux associés de Miranbeau lui emboîtaient le pas. Tous deux jetèrent un regard discret vers la jeune femme. J'aurais mieux fait de la tuer... songea Alex en croisant les yeux larmoyants d'Héla. Bien sûr, Miranbeau finirait surement par le faire quand elle s'en serait lassée, mais pas avant de lui avoir fait subir mille sévices.

-Ne fais pas cette tête chéri... Grommela Miranbeau en s'apercevant que le regard de son associé s'attardait sur Héla. Elle a planté un de mes gars, je devais sévir.

-Tu es sûre que... Tu sais ce que tu fais ? Articula Thomas en s'installant dans le canapé, le fauteuil rouge était celui de Miranbeau, il le savait.

-Pourquoi ? Demanda sèchement Miranbeau, l'homme n'osa pas répondre et se contenta d'hausser les épaules.

-Je ne pensais pas que tu... la torturerais... Admit Alex en baissant la tête.

Miranbeau sourît de toutes ses dents.

-Et moi, je ne te pensais pas si sensible, siffla-t-elle, méfies toi ou je pourrais avoir envie d'essayer avec toi.

L'homme déglutit difficilement, son teint avait viré au rouge pivoine.

-Je rigole... Grogna Miranbeau, dis-moi plutôt comment va Sophia ?

-Sophia... Articula l'homme en pensant à sa femme, elle... elle va bien.

Après ça, les trois associés discutèrent un long moment affaires. Il passèrent en revue les derniers contrats, leurs objectifs... Depuis aussi loin que Miranbeau s'en souvenait, il en avait toujours été ainsi. Bien sûr, et c'était une chose entendue pour tous les trois, Miranbeau était la figure charismatique de leur affaire, Alex et Thomas, eux, s'occupaient des comptes et de l'informatique. Mais Miranbeau ne regrettait pas d'avoir à faire à eux, dans le fond, elle s'était toujours débrouillée pour leur laisser assez de miettes pour ne pas qu'ils se sentent lésés, et trop peu pour qu'ils puissent un jour la supplanter. Miranbeau gardait les cartes en main. Toujours. Mais ces petites réunions avaient l'intérêt de remettre les pendules à l'heure, et éventuellement, de leur rappeler la place qui était la leur par quelques pics et suggestions bien envoyées. Si elle tombait, ils tombaient, s'il faisaient quoi que ce soit qui puisse lui nuire, elle les détruiraient eux, tout ce qu'ils ont aimé, aiment, et pourraient aimer à l'avenir.

Le téléphone sonna dans la salle à manger. Miranbeau se leva.

-Excusez-moi une minute.

Les deux hommes restèrent silencieux dans le salon. Thomas sentit son coeur se serrer. Comme attiré par un aimant, son regard avait glissé sur la jeune femme recroquevillée. Le revolver de Miranbeau était la, dans la boîte rouge, sur le bureau du petit salon. Thomas le savait, car son associée le lui avait déjà montré. Une balle, et il abrègerait les souffrances de la petite.Il frissonna à cette pensée et échangea un regard avec Alex.

-Si tu fais ça, lui dit l'autre, elle va te tuer.

Alex haussa les épaules, Miranbeau finirait bien par s'en remettre.

-On ne peut pas... La laisser comme ça... Grogna Thomas en se levant, ce n'est pas humain.

Alex esquissa un sourire.

-Parce la tuer te paraît être plus classe ?

-Ça l'est, articula Thomas en se retournant vers son ami, revolver en main. Tout est mieux que de rester seul ici. 

Dans la salle voisine, les deux hommes entendaient toujours la voix de Miranbeau au téléphone. Thomas approcha prudemment d'Héla. Il avait déjà tué. Tuer n'était pas un problème. En revanche, aux yeux de Thomas, laisser souffrir un animal relevait clairement de la barbarie. 

Héla avait bien comprît ce que l'homme avait en tête lorsqu'il se pencha au-dessus d'elle. Pourtant, elle n'avait pas peur. Elle voulait seulement que tout ça... Que toutes ces choses prennent fin. La jeune femme releva faiblement la tête et supplia l'homme du regard.

-Ti...Tirez... Murmura-t-elle tremblante."

Sans attendre, l'homme leva le revolver, à dix centimètres à peine du visage d'Héla. Son bras ne tremblait pas. Il retira le cran de sûreté, posa l'index sur la gâchette, détourna le regard et...

Madame MiranbeauOnde as histórias ganham vida. Descobre agora