Que font les prisonniers ?

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Héla était restée un long moment à l'étage, seule, tournant en rond dans la chambre en regardant désespérément par la fenêtre. Ce qu'elle était censée faire, elle l'ignorait... Était-elle seulement censée faire quelque chose ? Où Miranbeau n'attendait d'elle qu'une déambulation passive et docile dans son immense demeure. 

Héla devait s'enfuir, mais après tous ses tentatives infructueuses, elle en était venue à la conclusion qu'essayer d'utiliser sa force ou sa vitesse ne servirait à rien. Elle devait apprendre à connaître Miranbeau, à déceler ses failles, elle devait savoir par coeur les habitudes des gardes, qui ils étaient, à quelle heure ils partaient... Tout connaître, tout savoir... Il n'y a que comme ça qu'elle pourrait élaborer son plan. Il n'y a que comme ça qu'elle pourrait sauver sa vie. 

En bas, le téléphone de Miranbeau vibra : "JUSTINE : TOUT EST RÉGLÉ, AUDIENCE DEMAIN MATIN, ELLE EST À TOI." Un sourire étira les lèvres de la femme d'affaire, elle n'avait plus rien à craindre. À présent, elle pourrait se consacrer pleinement à sa nouvelle distraction. Il fallait seulement qu'elle trouve une façon de la tuer de l'intérieur... De toute façon ils finissaient tous fous d'elle, personne ne lui résistait, c'était une règle sans exception, une vérité pure et dure. Ceux ou celles qu'elle voulait craquaient, fragiles, forts, doux, violents... Ils finissaient tous par lui offrir leur coeur sur un plateau d'argent, ensuite, elle se chargeait de les détruire, de les asservir. De les dévorer lentement jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'eux et qu'ils la supplie à genoux pour un sourire ou une caresse. 

L'escalier craqua. Miranbeau se retourna lentement, Héla attendait debout, les bras ballants sur la deuxième marche.

"-Tu t'ennuis peut-être ? Ironisa Miranbeau en approchant de la jeune femme. J'ai pleins d'idées sur ce que nous pourrions faire... Termina-t-elle à son oreille, Miranbeau n'eût pas besoin d'insister pour sentir Héla frissonner. Elle commençait à la connaître.

La jeune femme fît timidement non de la tête.

-Tu aimes la botanique alors...? Demanda Miranbeau après un moment, elle en savait peu sur la jeune femme, mais si les quelques informations qu'elles possédaient pouvaient lui ouvrir une brèche dans l'esprit d'Héla, alors elle s'y engouffrait dans la seconde.

Héla haussa les épaules, méfiante.

-Viens, poursuivît Miranbeau, suis-moi. J'ai quelque chose à te montrer. Là dessus, la femme d'affaire se dirigea vers la porte d'entrée, elle se retourna vers Héla avant d'ouvrir. Quoi ? Rétorqua-t-elle froidement, tu préfères que nous nous allions à l'étage ?

Les mots de Miranbeau eurent l'effet d'un coup de fouet sur Héla. Elle frémît et rattrapa la femme d'affaire à grandes enjambées.

-C'est bien ce qui me semblait... Murmura Miranbeau dont le visage était déformé par un rictus cruel."

Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant