Bonjour toi...

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Lorsqu'Héla s'éveilla de nouveau, elle était dans son lit. Sa camisole lui avait été retirée, et elle ne sentait plus en elle l'objet qui l'avait incommodé. On l'avait même changé, et elle portait un simple pyjama gris. Elle se redressa. Presqu'aussitôt, sa migraine redoubla d'intensité, elle eût la sensation qu'un batteur fou s'amusait avec ses tempes. Héla grîmaça, mais se leva malgré tout. Elle détestait la simple idée que Miranbeau ait manipulé son corps alors qu'elle était inconsciente, alors elle s'efforça de ne pas songer à la manière dont elle était arrivée dans sa chambre. Héla descendit de son lit et posa lentement ses pieds par terre, la sensation du parquet froid sous ses pieds nus la fît frissonner, elle aurait presque eût envie d'y poser le front pour calmer ses maux de tête.

La porte s'ouvrît, Héla tressaillît.

"-La belle au bois dormant est réveillée ? Lança Miranbeau avec un sourire avenant, Héla manqua de se laisser retomber sur le lit. Comment te sens-tu ?

Héla baissa les yeux avant de s'seoir au bord du lit, elle n'avait aucune envie de faire la conversation avec sa tortionnaire.

-Parfait... Soupira Miranbeau, tu veux peut-être reprendre ta place dans le boudoir chérie ?

Héla fît non de la tête. 

-Très bien, renchérit Miranbeau, dans ce cas, reprenons. La femme d'affaire fît un tour sur elle même avant de revenir à Héla. Elle approcha du lit et vînt s'assoir auprès d'elle. Bonjour, toi. Souffla-t-elle à l'oreille de la jeune femme. 

Miranbeau laissa sa main glisser dans le cou d'Héla encore marqué d'ecchymoses, elle sentît sa victime frissonner sous ses doigts ce qui ne manqua pas de la faire sourire. Elle adorait l'effet qu'elle faisait à la jeune femme, et l'odeur de la peur mêlée au désir qui arrivait a ses narines avait un goût exquis.

-Comment te sens tu chérie, murmura Miranbeau.

-M...Mal au crâne. Articula Héla en ignorant la main de Miranbeau, mais lorsque la femme d'affaire entreprît de la glisser sous son pyjama, elle la repoussa avec virulence. Ne... Je vous interdit de me toucher. Répliqua Héla le plus sèchement qu'elle pouvait. 

-Dans ce cas, souffla Miranbeau avec un sourire moqueur, j'attendrais que tu t'y fasses.

Héla détourna le regard, comme si elle s'y ferais un jour... Comme si elle accepterait les caresses d'un monstre. Son esprit s'échappa un instant et elle se mît à songer malgré elle aux fois où elle s'était offerte à Miranbeau. Elle chassa aussitôt ces pensées en grimaçant. Elle se dégoutait. 

-Ne grimaces pas, sourît Miranbeau. Je n'ai rien dit, c'est toi qui y pense.

-Je ne pense à rien. Se défendît Héla. Elle se leva et avança vers la porte de la chambre. En posant la main sur la poignée, elle sentit Miranbeau se tendre derrière elle.

-Quoi... Articula Héla hésitante en se retournant vers sa geôlière. Je... Je suis consignée ? Bafouilla-t-elle.

Miranbeau retînt un sourire.

-Non, tu peux sortir, elle se leva et vînt rejoindre Héla, elle suivît la jeune femme dans la cuisine où elle lui apporta un cachet de Doliprane.

-Vous... Vous voulez me droguer ? Bégaya Héla en voyant le comprimé que lui tendait Miranbeau.

La femme d'affaire sourît de toutes ses dents, elle fondait littéralement sur place tant la petite l'attendrissait malgré elle.

-Si je voulais te droguer chérie... Soupira Miranbeau, croîs-moi que ce serait déjà fait.

Héla frissonna. Elle attrapa le cachet, l'inspecta un moment en analysant le regard amusé de Miranbeau, avant de se décider à le prendre. De toute façon, elle ne risquait pas grand chose de pire.

Une demi-heure plus tard, la jeune femme sentit ses maux de tête se calmer. 

-Tu te sens mieux princesse ? L'interrogea Miranbeau alors qu'elle errait sans but entre la cuisine et la salle à manger. 

Héla acquiesça, se demandant intérieurement ce que cela pouvait bien faire à Miranbeau.

-J'ai des projets pour ce soir, renchérît la femme d'affaire, je t'aurais bien emmené, mais étant donné ce qui s'est passé il y a deux jours...

-À-À l'extérieur... ? Articula Héla les yeux brillants d'espoir, intérieurement, elle imaginait déjà un plan d'évasion.

-Oui, dehors. Tu voudrais m'accompagner ? Demanda posément Miranbeau.

-Oui. Répondit aussitôt Héla, en faisant de son mieux pour se contenir. 

-Et je peux te faire confiance ? Souffla la femme d'affaire avec son regard le plus cruel. 

-Oui.

Miranbeau était intelligente, et elle ne se faisait pas d'illusions sur les intentions d'Héla, seulement elle aimait voir où les événements pouvaient la conduire. Elle sourît.

-Prouve-moi que je peux te faire confiance, siffla Miranbeau.

Héla l'interrogea du regard, avant de se lancer dans un discours hasardeux. Elle n'avait jamais été très bonne pour la persuasion, ni pour les mensonges, mais elle y mît tout son coeur.

-Je... Souffla-t-elle, je n'ai plus envie de vivre comme ça. Et... Je suis prête à faire des efforts pour que... Pour que les choses s'améliorent. 

-Pour que les choses s'améliorent ?

-O-Oui... Je veux dire entre vous et moi... Le teint d'Héla vira au rouge pivoine, Miranbeau sourit de plus belle.

-Entre toi et moi... Grogna-t-elle la gorge serrée par la désir, tiens donc... Je peux te faire confiance alors ?

Héla acquiesça frénétiquement.

-Très bien, rétorqua Miranbeau. Dans ce cas... Prouve le. Embrasse-moi. 

Héla se figea.

-Q-Quoi ? Articula-t-elle les lèvres tremblantes.

-Embrasse-moi, répéta Miranbeau dans un sourire.

Le visage d'Héla se déconfit. Son esprit marchait à plein régime. Devait-elle déposer ses lèvres sur celles de sa tortionnaire pour espérer revoir un jour le ciel... Rien ne disait que Miranbeau allait l'emmener avec elle, ni même simplement si elle comptait véritablement aller quelque part... Il pouvait simplement s'agir d'une ultime provocation, d'une torture bien réfléchie... Et même si la femme d'affaire la faisait vraiment sortir d'ici... Rien ne disait à Héla qu'elle pourrait lui fausser compagnie... Elle ne savait même pas où elle comptait se rendre.

Le sourire de Miranbeau redoubla d'intensité, elle savait le dilemme qui brûlait la jeune femme de l'intérieur, et... Elle en bouillait naturellement de plaisir.

-Donc... Pas de baiser ? Siffla Miranbeau en se relevant.

Héla déglutît avec appréhension. Et si c'était elle... Sa seule chance de quitter cet endroit de malheur et de voir pourrir Miranbeau derrière les barreaux... Et si... Et si elle allait laisser passer la chance à cause d'un baiser.

-Je... Articula Héla. Elle rattrapa Miranbeau par le poignet et leva les yeux vers la femme d'affaire qui lui souriait.

Les yeux d'Héla se posèrent sur les lèvres maquillées de rouge vif. Elle examina avec soin les traits de Miranbeau, son sourire digne d'une publicité de dentifrice, son regard pénétrant, ses yeux verts...

-Embrasse-moi, répéta seulement Miranbeau."


Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant