A DANGEROUS GAME

52 | Recherches

— Mais qu'est ce qu'on va fabriquer à l'hôpital ? ne cesse de répéter ma cousine. 

— Fais-moi confiance, ce ne sera pas long. 

Une fois descendue du bus, nous atterrissons devant une immense bâtisse blanche : l'hôpital. 

Un brin survoltée, je marche d'un bon pas jusqu'à l'hôpital mais Lenny me stoppe net. 

— Merde ! explose-t-elle. Je ne suis pas un chien que tu peux promener partout où tu le souhaites ! Soit tu me racontes ce qu'on fabrique ici, soit je rentre chez toi et raconte tout à ta mère. 

Prise de stupeur, je riposte :

— Tu n'oserais pas.

— C'est vrai, je n'oserai pas, admet ma cousine. En revanche, je pourrais prendre un billet retour direction New York et tant pis si ça coûte une blinde. Pourquoi tu fais la fille mystérieuse qui ne répond pas à mes questions ? 

Face à mon manque de réaction, elle poursuit, son regard noisette étincelant de colère : 

— Tu te rends compte que ça fait quatre jours que je suis ici et tu viens seulement de me révéler que tu as retrouvé ton père ? Une info aussi capitale, tu me la dis par message. T'as beaucoup changé, Kendall, et pas de la bonne façon. 

Pour appuyer son discours, la brune croise les bras. Sa franchise est redoutable mais je sais qu'elle a raison. Je la mets sur la touche alors qu'elle est venue en Californie pour me voir. Au fond, je ne suis qu'une idiote incapable de gérer le bordel qu'est mon existence. 

— Je suis désolée, craqué-je. Je voudrais tout t'expliquer mais... je te jure, je ne peux pas. 

Ma voix n'est qu'un petit fil pitoyable. Les excuses que je viens de faire sont bancales mais pourtant empreintes de sincérité. Je ne mens pas. Comment pourrais-je expliquer à ma cousine toutes ces histoires de Temptation's Game ? J'ai conscience d'en faire tout un plat. Je sais que je pourrais lui raconter mais le cas échéant, je serai dans l'obligation de lui révéler mes sentiments pour Noah et Lenny serait incapable de les comprendre. Même Sophia n'a pas réussi. Moi-même, je ne comprends pas comment est ce que je peux éprouver de l'attachement pour une personne qui n'en a rien à faire de moi. 

Ma cousine me toise d'un regard irrité. 

—  Eh bien moi, je ne peux peux pas te comprendre. Je suppose que tu es en droit de ne pas vouloir m'expliquer, mais c'est super vexant. 

La frustration me gagne. Si je veux aller plus loin dans mes recherches, il faut que j'explique le minimum à Lenny. Prudemment, je révèle : 

— Une ancienne élève de mon lycée a été internée ici, en psychiatrie, à cause d'un garçon que je connais. Et j'aimerais en savoir plus. 

Lenny opine du chef avec scepticisme. 

— Ce garçon, c'est Noah ?

— Non ! m'écrié-je. Pas du tout. C'est... l'ami de Noah. 

— Alors allons-y. 

Je suis consciente que ma cousine n'est pas entièrement satisfaite par mes explications mais qu'elle s'en contente. Je ne lui en veux pas de m'avoir forcé à lui révéler la raison de notre présence ici : à sa place, j'aurais fait pareil. 

Tandis que nous traversons le parking, un souvenir désagréable ressurgit dans ma mémoire : la dernière fois que j'ai mis les pieds ici, j'étais en compagnie de Noah. Je venais de me faire agresser par ce mec saoul et avais un terrible mal de tête 

C'était il y a environ trois mois et y repenser me rend nostalgique. À l'époque, je n'étais pas amoureuse de Noah. À l'époque, il était facile de le haïr. Aujourd'hui, c'est d'une toute autre manière que je le déteste.