A DANGEROUS GAME

31 | Stars' Room

Le portable de Nadine sonne et c'est ainsi que je m'extirpe de la mélancolie de mes pensées. 

— Allô ? Ah, c'est toi. 

La brune reste silencieuse un petit instant, le front plissé. 

— Hein ? Ce soir ? Hmm. Je ne sais pas trop. 

Son interlocuteur semble ajouter quelque chose et notre amie cède : 

— Bon, d'accord. Pourquoi impérativement avec les autres ? ... Ok. Je t'ai dit oui ! Bye. 

La perplexité se lisant facilement sur son joli minois, elle raccroche. 

— Qui t'a téléphoné ? demandons-nous de concert.

— Rob, nous informe une Nadine guère enthousiaste. C'est un type de ma classe plutôt...

Elle marque un temps d'arrêt comme pour chercher ses mots. 

— Enfin, bon, reprend-elle. Il nous a invité à une soirée à...

Je n'écoute même pas la fin de sa phrase tant mon cerveau bloque sur le mot « soirée ». Il y a des fêtes toutes les vingt-quatre heures dans ce lycée ou quoi ? 

— Une boîte de nuit privatisée ? s'exclame alors Sophia. 

Il a privatisé une boîte de nuit ? Ce Rob ne doit pas manquer d'argent !

— Ouais. Et si j'en crois l'adresse...

Nadine vérifie le texto que Rob lui a envoyé. 

— Stars' Room.

Mes yeux s'arrondissent de surprise. Je ne suis pas originaire de Los Angeles mais je connais parfaitement la réputation de cette boîte de nuit californienne. On raconte que c'est l'endroit idéale pour faire la fête et qu'elle transpire le luxe. De célèbres artistes musicaux se produisent parfois là-bas. Tu ne peux certainement pas décider d'aller t'y amuser sur un coup de tête : seule l'élite y a accès. 

— Tu plaisantes ? demande Betty qui affiche le même air béat que moi. 

— Absolument pas, ma chère, rétorque Nadine en lui secouant son portable sous le nez. 

— Et il l'a privatisé ? intervins-je. Ça dû coûter... je n'ose même pas imaginer, en fait. 

— Des milliers et des milliers de dollars, assure Sophia en examinant le message de Rob, son visage exprimant un savant mélange d'amusement et d'incrédulité. Il doit avoir les moyens parce que privatiser Stars' Room...

— Oh que oui, il a les moyens, acquiesce Nadine. Rob est le genre de garçon qui obtient absolument tout ce qu'il convoite, y compris les filles. 

Elle plisse le nez avec dégoût. 

— Son vrai nom ne serait pas Robert ? hasardé-je. 

— Si, pourquoi ? 

— C'est un prénom de snob friqué. 

Tout en disant cela, un souvenir remonte à la surface. Mon père se prénomme Robert. C'est l'une des rares choses que ma mère a bien voulu me dire sur lui. 

— Il a insisté pour que je vous invite aussi. Je lui ai dit qu'on y serai. Ça peut être cool, dit Nadine. 

— Tu as raison, admets-je en chassant la mention de mon géniteur de mon esprit. Ce n'est pas tous les quatre matins qu'on aura l'occasion de mettre le pied dans ce club. 

On dirait que la vie me sourit à nouveau. J'ai réussi à éjecter Noah et Carter de ma tête, Peter et Judith semblent appartenir à une autre vie et j'ai été convié à une soirée privée dans l'unes des meilleures boîtes de nuit de Los Angeles.