57 | Dommages collatéraux

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Tous les regards convergent dans la direction de l'auteur de cette voix qui n'est autre que Noah. Une sensation de chaleur se diffuse dans mon ventre, et je ne suis pas certaine qu'elle soit due à mes brûlures. 

Carter est le premier surpris. 

—   Comment ça, tu la crois ? répète ce dernier.  

Le brun détache ses yeux de ma personne pour le toiser. 

—   N'importe quelle personne un minimum saine d'esprit saurait que tu ne bois pas de thé. 

Je souris involontairement en me rappelant que je me suis faite exactement la même réflexion tout à l'heure. 

—  C'est ça, ton excuse ? ricane son ami. Plutôt bancal, comme argument. Tu crois que tu connais ma vie, peut être ?

Toutes les personnes de cette pièce — moi la première — suivent leur conversation avec intérêt. Noah garde le silence un long moment. Je crains alors que le Tentateur, pourtant maître en matière de répartie, n'ai pas de réplique à opposer. Il se contente de jauger le blond du regard. 

Lorsqu'il reprend la parole, c'est avec son habituel sourire narquois. 

—  Pitié, arrête ton cirque. Tu détestes la menthe. Tu évites tellement cet arôme que quand tu en consommes, tu le régurgites comme un geyser. 

Pour la première fois depuis que je le connais, Carter semble perdre sa belle assurance. Les traits angéliques de son visage se déforment en une grimace colérique. C'est compréhensible. Après tout, Noah n'est-il pas censé être un de ses plus proches amis ? Pourtant, le voilà entrain de prendre ma défense.  

—  Jeune homme, déclare ma mère avec une voix qui prouve qu'elle peine à maîtriser son irritation. C'est grave, ce que tu as fait. Très grave. Sans compter que tu as essayé de me prendre pour une idiote, ce qui est inacceptable. Si elle souhaite, ma fille n'hésitera pas à déposer plainte contre toi. 

—  Elle ment ! Lui aussi ment ! 

—  Je te laisse quelques secondes pour ficher le camp, continue posément maman. Et tu devrais peut-être informer tes parents qu'ils risquent de se retrouver avec un procès au cul. 

Quelques secondes s'écoulent avec que le blond ne quitte la pièce d'un pas rageur. 

—  Nom de Dieu ! susurre Lenny. C'est un malade mental, ma parole ! 

—  Carter est bien pire que ça, lui assure Nadine.

Tandis que tout le monde donne son opinion, ma génitrice pose ses deux mains sur mes joues. Je réalise alors qu'elle tremble, ce qui est plutôt curieux quand on sait qu'elle est habituée aux situations dans lesquelles il faut garder son sang-froid, dans son métier d'avocate. Mais bon, il ne faut pas oublier que maman est extrêmement sensible. 

 Mon Dieu, chuchote-t-elle. Ce garçon est horrible. Pourquoi est ce qu'il t'a fait ça ? 

Parce que j'ai dit à toute la cafétéria qu'il ne réussirait jamais à séduire Betty et Sophia ? 

Parce que Nadine lui a balancé son plateau dessus et l'a humilié ? 

Parce que c'est un psychopathe ? 

—  Il... il ne m'aime pas. 

—  Est-ce une raison ? Je n'arrive pas à le croire, bon sang ! s'emporte-t-elle. 

À ce moment précis, l'infirmière de tout à l'heure débarque dans la pièce. Il salue tout ce beau monde et s'approche de moi, armé de crème, de pansement et d'antalgique. 

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