56 | Altercation brûlante

2.8K 130 31
                                    

Carter et Betty en média

Je suis furieuse. 

Voici deux heures que le cours de mathématiques est terminé mais ma haine n'a pas diminuer d'un iota. Et ce n'est pas contre Noah que je nourris un aussi grand ressentiment mais contre moi-même d'avoir autant perdu mes moyens. J'aurais du l'ignorer ! 

Mais comment ignorer le bleu intense de son regard et le caractère narquois de son sourire ?  

Seule à la cafétéria, je m'empare d'un plateau et sélectionne ma nourriture. Évidemment, qui se trouve à côté de moi ? Carter, dans toute sa splendeur. 

Cela fait longtemps que lui et moi n'avons pas eu d'interaction. À vrai dire, cela fait un mois, depuis que Nadine et moi lui avons fait subir une humiliation prodigieuse devant une bonne partie du lycée. 

Nadine qui lui écrase son plateau sur son appareil génital, lui qui glisse sur la table... 

Je me doutais bien qu'il allait un jour revenir pour obtenir vengeance mais aujourd'hui n'est franchement pas le bon moment. Je prends la décision de ne pas lui accorder d'attention, ce qui ne l'empêche pas d'engager la conversation, un sourire vicieux au coin des lèvres. 

—  Kendall, ça faisait un bail.

Je remplis mon assiette de macaronis au fromage sans réagir. 

—  Pourquoi tu ne réponds pas ? Tu n'assumes plus ton petit show de la dernière fois, maintenant que tes copines ne sont plus là pour te défendre ? 

Son ressentiment à mon égard est tellement palpable que je tressaille en tendant la main pour prendre la carafe de thé. 

Rien de tel qu'une tasse de thé pour calmer ses nerfs

Il est certain que celui de la cafétéria ne vaut pas un bon thé marocain mais on fait avec. Comme il vient tout juste d'être préparé, j'en verse prudemment dans une tasse pour éviter toute catastrophe. 

Carter s'en empare à son tour. J'ai à peine le temps de m'étonner que ce mec boive du thé que, au lieu de se servir, il renverse une bonne partie de la carafe sur mes vêtements, avec un sourire vengeant.   

Mon plateau s'échappe aussitôt de mes mains et tombe sur le carrelage dans un fracas épouvantable. Toutes les têtes se tournent dans ma direction tandis que mon buste s'embrase sous l'effet de la chaleur du liquide. 

Je veux crier mais la douleur est si étouffante que c'est à peine si je peux respirer. Une série de gémissements rauques franchissent alors ma gorge. 

— Aïe ! Aïe, aïe, aïe !

Le breuvage brûlant transperce mon chemisier et dévale mon abdomen. De grosses larmes brouillent alors ma vue. C'est insoutenable, tout ce flou, toute cette sueur. 

Des personnes se ruent sur moi, notamment Nadine, armée de serviettes en papier. Je vacille et me tiens au comptoir pour éviter une éventuelle chute. Mon amie tente tant bien que mal d'éponger ce désastre, en vain. 

Je peux sentir mon coeur pomper dans mes oreilles. Je sens la douleur cuisante se diffuser sur mon ventre et anesthésier mon abdomen si bien que je ne sens plus que des picotements. C'est comme si je me liquéfiais. 

Des cris d'affolement montent et c'est à ce moment précis que je m'effondre dans les bras de Nadine.

* * *

À peine mes yeux s'ouvrent que je comprends que je suis à l'hôpital. Une analyse du décor n'est pas nécessaire : l'odeur qui flotte dans l'air et la blancheur des draps le prouvent. 

A DANGEROUS GAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant