12. Pestes

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Kendall en média 

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Je contemple le paysage sans le voir.Pour la deuxième fois de la journée, je suis assise sur le siège passager de la voiture de Noah. Je me sens rabaissé parce que, d'une certaine façon, je dépends de lui en ce moment. Je suis dans son véhicule, il me ramène chez moi, et c'est lui qui m'a secouru tout à l'heure.Nous sommes restés une heure de plus à l'hôpital pour qu'au bout du compte, les radios prouvent que je n'avais pas de lésions cérébrales, sinon un mal de tête phénoménale. Et une autre couche d'humiliation lorsque Noah a déclaré ne « jamais avoir passé autant de temps avec une fille sans avoir couché avec elle ».

Il est dingue. Complètement fracassé. Je plains ses parents

Et pourtant, il s'est montré gentil, d'une certaine façon. Je suis consciente que c'est disgracieux de ne pas lui témoigner de gratitude mais je n'y parviens pas. Certes, j'ai un ego légèrement surdimensionné, comme tout le monde, mais de là à ne pas réussir à le remercier de m'avoir empêché un viol ? Je ne me comprends pas. 

Un silence bienvenue plane. Depuis qu'on est sortis de la pharmacie, il n'a pas prononcé un mot. Lorsque nous arrivons dans mon quartier, il se contente d'arrêter la voiture sans même me regarder, attendant que je descende. J'ouvris alors la porte et, au moment de sortir, je parvins à articuler : 

— Merci... pour tout à l'heure. Et d'avoir attendu avec moi à l'hôpital.

Silence radio. Rien du tout. Me drapant de ma dignité, je claque la portière et marche d'un pas naturel jusqu'à l'entrée de mon immeuble. Dans l'ascenseur, je ne cesse de repenser au faciès blasé de Noah. Ce con aurait moins pu me répondre. 

Je tourne amèrement la clef de la serrure et sans surprise, mon appartement est vide. L'absence de ma mère est facilement remarquable : son habituel odeur de parfum manque à l'appel. Ça ne me dérange pas d'être seule, j'ai besoin d'être au calme pour me remémorer les événements d'aujourd'hui. 

Après m'être lavée les mains, je me rends compte qu'être seule, finalement, c'est pas terrible. Quand j'habitais encore à New York, j'avais pour habitude de traîner chez Judith après les cours. Ou alors elle venait chez moi. Nous avions toutes deux des mères célibataires donc nous étions souvent ensemble pour éviter la solitude.

Je ne sais pas qui l'emporte entre la rancœur et le chagrin quand je repense à mon ex meilleure-amie. Je la connaissais depuis l'âge de treize ans et il a suffit d'un stupide désir charnel pour que tout vole en éclats. Ou alors aime-t-elle réellement Peter ? Dans ce cas-là, elle aurait dû me le dire. C'est ce que font les vraies amies, en général. 

Le silence du salon m'étant insupportable, je me réfugie dans ma chambre. Pour une raison qui m'est inconnue, l'envie d'appeler Judith me dévore l'esprit. Peut-être aurait-elle une explication rationnelle à m'apporter ? 

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