Kendall se doutait-elle qu'en s'installant à Los Angeles, elle se jetterait tout droit dans la gueule du loup ?
Car être une fille au lycée Turnwood, c'est vivre sous la constante menace d'un jeu. Le genre de jeu malsain et addictif, le genre de je...
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Parmi tout les profs, je crois que ce vieux croulant est désormais mon préféré : me placer à côté de Kendall, c'est du pur génie. Je n'aurais pas pu espérer mieux. Je peux remercier le destin de jouer en ma faveur.
Lorsque je m'installe à ses côtés, sa bouche se tord en une moue si outrée que je dois détourner le regard pour ne pas qu'elle voit mon sourire. Elle se mure dans le silence tandis que le professeur continue son placement, puis le cours commence. Cinq minutes à peine sont passées que je m'ennuie déjà. Les mathématiques sont pourtant un de mes points forts mais je déteste devoir rester assis sans rien faire, cela relève de la torture. On devrait être autorisés à faire des trucs productifs en classe, comme regarder la télévision ou baiser.
Ma voisine est aussi inattentive que moi. Elle est penchée sur sa feuille et semble écrire — ou dessiner — quelque chose. Ses longs cheveux forment un rideau autour d'elle alors je les repousse avec aisance pour prendre connaissance de ce qu'elle dessine. Elle cache aussitôt la feuille et me terrasse du regard.
— Dégage, gronde-t-elle.
Je pousse un long soupir ennuyé.
— Tu es tellement rabat-joie.
— Mais c'est quoi ton problème ?
— Je préfère ne pas répondre, histoire de ne pas me ramasser une baffe.
Les coins de sa bouche peinte en rose tressaillent. Elle retient manifestement un sourire.
— Mon Dieu, tu sais sourire !
Mes railleries effacent aussitôt sa mine réjouie. De nouveau, elle m'ignore et se plonge dans le contemplation de sa feuille. Si elle croit que je vais la laisser tranquille, c'est mal me connaître.
Joueur, je me fraie une nouvelle fois un chemin parmi le rideau de cheveux et ai le temps de voir le contenu de son dessin avant qu'elle ne me l'arrache : un croquis de robe. Particulièrement réussi, qui plus est.
— Une robe ? me moqué-je. T'as huit ans ou quoi ?
— Peux-tu éviter de te mêler de mes affaires ? prononce-t-elle.
Manque de pot, elle a parlé bien trop fort. M. Hiltrer se stoppe dans son marathon de craie pour nous observer.
— Jeunes gens, avez-vous une raison valable pour provoquer un tel boucan ?
Les joues de mon futur pion s'enflamment.
— Non monsieur, rien du tout.
— Alors tâchez de suivre le cours, nous ordonne-t-il avant de retourner à son monologue.
Kendall expire bruyamment et chuchote :
— Tu es puéril.
Je hausse un sourcil. Les cours de maths, je sens que je vais les aimer, ce semestre...
