53 | La fin

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Pendant un cours laps de temps, qui parut une éternité à Helena, tous les souvenirs passés avec Aaron défilèrent devant ses yeux. De nouveau, elle l'aperçut au travers de ses longs cils se diriger furieusement vers elle. Il leva son épée pour l'abattre sur la jeune femme avec la ferme intention de la tuer, mais Helena para l'attaque d'une esquive latérale. Enchaînant les parades et les attaques, elle réussit à envoyer paître Aaron assez longtemps pour avoir l'occasion de décocher deux flèches à l'intention des soldats qui couraient vers elle. Ils tombèrent raides morts. De son côté, Roxanne s'était installée sur le trône afin d'admirer le spectacle dont elle était seule juge. Elle n'était pas encore au summum de sa cruauté. Sa robe blanche maculée de sang lui conférait la vision d'une magnifique femme terriblement cruelle.

Au même moment, Helena tentait de raisonner Aaron. Mais rien n'y faisait, il ne semblait pas percevoir ses mots ; elle finit donc par abandonner son projet de le ramener à la raison. Ses yeux étaient habités par une fureur incommensurable et l'un de ses coups frappés avec précision égratina légèrement sa joue. Elle essuya l'estafilade du revers de la main en songeant à changer de stratégie face à la force démesurée d'Aaron. Ne pouvant se résoudre à le blesser, elle conçu un plan pour subtiliser le collier maléfique autour son cou. Elle feignit alors de succomber à la puissance du roi. Il la propulsa comme prévu au sol et, lorsqu'il marcha sur elle, elle eut la sensation que la terre en tremblait presque.

Roxanne, également tombée dans la fourberie de la veuve, se laissa tenter par un raisin pour mieux savourer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Cette vision des deux anciens amants qui se battaient à mort constituait pour elle un spectacle de choix unique en son genre. Evidemment, elle craignait qu'Aaron ne soit blessé, mais elle souhaitait ardemment qu'il anéantisse cette femme qui représentait un obstacle de trop pour elle. Elle prêta plus d'attention à Helena, laissa son regard parcourir sa silhouette svelte permettant une souplesse et une rapidité dans ses gestes et sa longue tresse qui remuait au rythme des coups dans le bas de son dos. Helena l'impressionnait presque à réussir à tenir aussi longtemps sans faiblir, repoussant chaque assaut d'Aaron.

Son cousin l'avait entraînée, c'était certain, observa Roxanne. Elle n'eut aucun mal à déceler le style de combat qui était signé Cyrus. Les parades, les offensives, les feintes, tout émanait de lui. Pendant un bref instant, la pensée de son cousin décédé s'immisça dans son esprit, lui infligeant une peine jusqu'à présent inconnue. Depuis qu'ils étaient enfants, il avait été comme un grand frère pour elle, ce jusqu'à ce qu'elle assassine sa famille. Il était le seul à l'avoir comprise, épaulée et soutenue. Cette pensée se referma brutalement lorsqu'elle réalisa qu'elle avait elle-même commandité son assassinat. Il avait péri de sa propre main. Pourquoi son cœur se resserrait-il soudain si brusquement, si douloureusement ? Des sueurs froides la firent frissonner ; elle ferma les yeux pour tenter d'apaiser la brûlure qui réchauffait son ventre. Bon sang, qu'était-elle devenue pour avoir décimé son propre sang sans scrupule ni remords ? La soif de pouvoir et vengeance l'avait toujours animée jusqu'à lors et les étincelles qui en restait la plongèrent dans un profond sentiment de culpabilité. Sa robe et ses mains étaient imprégnées de sang séché. Le feu qui se nourrissait de ses blessures internes, ce brasier qui n'avait jamais été éteint, avait consumé son propre cousin, sa seule famille...

Le Roi de SparteWhere stories live. Discover now