Le Roi de Sparte

28 | Cruel spartiate.

S P A R T E

— Aaron, je t'en conjure. Ne fais pas quelque chose que tu risques de regretter.

Helena tentait de résonner le roi qui tenait le fouet d'une poigne ferme. Elle tirait sur ses chaînes sachant pertinemment qu'ils ne céderaient pas, elle le faisait dans le but d'interpeller Aaron.

La pénombre et le froid régnaient dans la pièce. La flamme d'une bougie postée sur une table dans un coin de la pièce éclairait faiblement l'habitacle. Étrangement, la captive trouva en cette bougie un réconfort qui rendait la salle légèrement moins angoissante.

Helena bascula sa tête et en arrière et nota que les chaînes qui emprisonnaient fermement ses poignets étaient fixées au plafond. Le sol de pierre lui gelait les pieds, ce qui aggravait la situation en plus qu'elle était à moitié nue. La température ambiante était si basse qu'elle avait l'impression que le froid lacérait les parties dénudées de sa peau. 

Elle avait peur, mais elle ne laisserait pas Aaron avoir satisfaction d'apercevoir sa crainte. Il avait beau être roi, pour Héléna il n'avait pas tous les pouvoirs. Et encore moins le pouvoir de la faire se soumettre. La jeune fille avait peut-être grandit avec lui, mais à ce moment précis il n'était plus l'homme qui avait bercé son enfance. C'était comme si les dieux l'avait échangé avec Hadès, depuis la mort de Jev.

Posté devant elle, le fouet qu'elle imaginait tranchant pendait dans sa main. Elle aperçut ses yeux bruns s'assombrir, et ses lèvres former un mauvais rictus.

— Acharnes toi à me tenir tête après ce que je vais t'infliger ma princesse, cingla-t-il le regard noir.

Elle inspira un bon coup et soutint son regard.

— Aucune torture ne me fera changer d'avis sur l'horrible personnage que tu es, dit-elle sans perdre son courage.

Le roi frotta son pouce contre la pointe de son nez puis souffla bruyamment, laissant échapper un rire bref. Il se mît alors derrière Héléna.

— Répètes donc cela femme, et je te jure par tous les dieux que tu vas le regretter, menaça le roi le dos tourne vers l'établi en bois.

Helena n'avait pas l'intention de se laisser intimider par le roi, même si la peur tordait son ventre. Elle voulait crier et hurler à l'aide, mais elle savait pertinemment qu'aucun secours ne lui serait accordé. Aaron était le roi, personne hormis les dieux ne peut s'opposer à lui. Les divinités ne semblaient pas enclins à lui apporter leur aide, au vu de la position humiliante dans laquelle elle se trouvait. Dans un dernier élan d'opposition, elle répéta les mots prononcés précédemment avec une diction très distincte.

**

— Zeus, implora faiblement Helena.

Aaron lui douterait le dos sans retenue, ni relâche. Aucune pitié ne lui était accordée. Elle sentait le liquide pourpre couler dans son dos et qui tachait très probablement le peu de vêtement qui lui restait. Les plaies ouvertes par le fouet lui brûlaient le dos au contact de la basse température qui prônait dans la pièce. Helena resserra les chaînes entre ses paumes pour tenter de canaliser sa douleur dans le but de ne pas hurler. Le roi n'en serait que trop satisfait alors elle se retint encore et encore.

— Implores ma pitié, lui exigea le spartiate.

— Plutôt mourir, rétorqua Helena qui ne tenait plus l'équilibre sur ses pieds.

Le roi détourna la tête, réprimant un sourire sadique teinté de colère. En voulant fouetter son ventre, le fouet trancha le visage de la jeune femme qui cette fois-ci hurla de douleur. Elle sentait l'abondance du sang qui ruisselait entre ses omoplates et son dos lacéré. Le froid rendait la douleur plus lancinante et Helena luttait pour rester consciente. La liquide pourpre ne cessait de se déverser sur le sol et tâchait ses pieds qui ne tenaient plus. Ses jambes se mirent à la lâcher, elle espérait s'écrouler au sol à la dérive, mais les chaînes l'en empêchèrent, la maintenant suspendue.

— Dis-le femme, répéta Aaron.

Elle lui cracha au visage en guise de réponse. Immédiatement, le roi la gifla d'une telle puissance, que son corps lâcha prise.

— Tu abîmes peut-être mon enveloppe corporelle mais pas ma dignité, déclara la prisonnière qui se redressa avec une force inhumaine.

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres, le regard impassible du roi la couvrait dans son entièreté. Il jeta  le fouet à l'autre bout de la pièce avec hargne, avant de sortir. Dès qu'il quitta la pièce, elle permit à ses muscles de se relâcher complètement et se laissa pendre par les chaînes. Ses yeux viraient au blanc, étant au bord de l'inconscience, elle titubait mais se faisait force pour rester debout.

— Helena, souffla une voix familière.

— Ugo, est-ce toi ?

Elle sortit de sa torpeur, le corps douloureux et endolori. La silhouette musclée et imposante du frère d'arme du roi s'immisça dans la pièce avec discrétion. Il s'approcha d'elle pour l'étreindre puis brisa de son épée d'un coup sec les chaînes qui la retenaient alors qu'elle s'écroulait déjà. Il la prit dans ses bras avant de quitter la pièce lugubre. La jeune fille sentit la froideur de la cuirasse d'Ugo contre sa peau.

— Je vais te sortir de là, ce n'est qu'une question de temps. Tâche de rester en vie. Lui demanda-t-il en guise de requête.

La voix d'Ugo était si rassurante à ce moment précis qu'elle se sentit partir. Pour rester consciente la jeune fille gardait ses poings serrés. Elle tentait de lui adresser quelques mots mais rien ne sortit de ses lèvres.

Ugo était en état d'alerte constant, à l'affût de la présence d'Aaron dans les couloirs. Il évolua dans le palais avec le corps d'Helena dont les bras pendaient. Enfin, lorsqu'il eut atteint la sortie du palais, il se précipita vers les escaliers qui menaient à la cité, plus bas. Helena ouvrit les yeux qui se perdirent dans le ciel qui était très étoilé ce soir là contrairement aux autres soirs.

— Tu vas vivre Helena. Lui adressa-t-il en resserrant son étreinte.