Le Roi de Sparte

17 | L'inavouable secret

— Je suis dans ton coeur depuis des années, lui dit Aaron dans le creux de l'oreille d'Helena dans le but de la convaincre alors qu'ils continuaient de danser à l'abri des regards indiscrets. 

Sous cette nuit étoilée, ils étaient tous deux isolés, et enfin seuls. Aaron avait du mal à rester calme face aux regards incessants des hommes sur Héléna. Il devait admettre qu'elle était magnifique, et qu'Aphrodite n'avait qu'à bien se tenir !

— Oui, depuis tellement d'années, admit-elle en reposant sa tête sur l'épaule d'Aaron. 

Ça y est, elle voyait la vie en rose. A présent, ils partageaient les mêmes sentiments, et dès à présent elle pouvait imaginer un avenir avec lui. Aucun mariage en vue, et elle ne voulait pas aller habiter en Perse avec ce prince. Quant à Aaron aucun mariage avait été annoncé, sinon il lui en aurait parlée, oui, c'est sûr.

— A quoi penses-tu ma perle ?  S'enquit Aaron en soulevant son menton de son index pour qu'elle le regarde dans les yeux.

— N-non, rien, répondit-elle un peu trop rapidement.

— Ne me mens pas, dit-il fermement.

Elle rougissait, et ressemblait à une tomate dès à présent ! Elle en était sûre ! Autant qu'elle se lance elle ne savait pas mentir !

— Je vais te dire ce que je pense moi. Ne pars pas en Perse avec cet homme, restes avec moi à Sparte, je t'en prie, lui conjura-t-il en attrapant ses doigts pour les porter à ses lèvres.

— J'ai envie de construire quelque chose avec toi. Commença-t-elle. Je ne veux pas me marier à ce Perse, parce-que je t'aime toi.

Pendant un bref instant, elle vit le regard d'Aaron s'éclairer, et elle sentit son coeur se soulever dans sa poitrine. Ses jambes menaçaient de fléchir alors qu'ils étaient plongés en pleine contemplation de l'autre.

— Héléna... murmura-t-il hypnotisé.

Aaron commençait sérieusement à se sentir mal à l'aise. Lui qui était un homme sans vergogne, se sentait très mal à ce moment même. Il avait envie de tout lui avouer. A l'intérieur, des Spartiates dans sa tête lançaient des lances sur son cerveau qui lui scandaient de dire la vérité. Mais extérieurement, il restait impassible ne pouvant se résoudre à lui avouer qu'il avait été promis à une autre et qu'il avait douloureusement accepter afin que lui et sa famille vivent en paix. En particulier Héléna.

Mais comprendrait-elle cela ? Il était persuadé qu'elle restera focalisée sur le fait qu'il allait se marier avec une autre femme. 

— Tu ne vas pas te marier, n'est-ce pas Aaron ? Demanda-t-elle le coeur lourd. Sa voix s'était légèrement cassée. Aaron ne pouvait se résoudre à le lui dire. Non, jamais. Rien de d'en parler, elle en avait mal... Alors si ce cauchemar lui était révélé...

Aaron s'en retrouva bouleversé. Il voulait tout lui avouer à ce moment précis mais quand il vit son expression qui s'assombrissait il ne put se résoudre à lui infliger une telle souffrance.

— Non, pas que je ne le saches, ma perle, la trompait-il. Tu es et restera la seule femme que je désirerai jusqu'à mon dernier souffle.

Il pensait ce qu'il disait, mais c'était aussi sa manière à lui de se rassurer. Ce secret était tellement lourd à porter... Mais qu'avait-il fait ?Il guetta sa réaction, et voyant qu'elle rougissait, cela le rassura. Il la prit alors dans ses bras, priant pour que ce secret ne puisse jamais les séparer. 

Héléna dormait déjà depuis plus de deux heures. Aaron lui préférait la regarder dormir. Allongée dans ce lit, elle était merveilleuse lorsqu'elle sommeillait. Un peu plus tôt dans la soirée Héléna avait montré des signes de fatigue, mais têtue comme elle était elle affirmait se sentir capable de faire la route jusqu'à Sparte. Après les supplications d'Aaron elle s'était finalement résignée à rester à Hélos avec lui.

Un peu plus tard dans la soirée, appuyé contre le balcon Aaron regardait le jardin de son oncle. Il était torse nu et portait un pantalon de lin ample, ses pieds nus reposaient contre la pierre froide. En contemplant les étoiles, il ressentit son coeur se serrer douloureusement car ce secret devenait de plus en plus pesant, surtout que les cauchemars d'Helena l'inquiétait. A son propos, il s'assura qu'elle ne s'était pas réveillée entre temps. Ce soir il faisait un peu froid, le vent soufflait légèrement. Il s'approcha d'elle, et la couvrit pour plus de sécurité.

Il caressa ses cheveux puis ses joues, elle ouvrit les yeux.

— Mon but n'était pas de te réveiller, dit-il doucement.

— Ce n'est pas grave, assura-t-elle d'une voix endormie, viens près de moi.

Il chercha l'approbation dans son regard dans le but de savoir si elle était sérieuse. La dernière fois qu'ils avait dormi ensemble, c'était lorsqu'Héléna était encore petite. Chaque fois qu'il y avait l'orage. Subitement, il se souvint qu'un soir les dieux se déchaînaient sur Sparte mais elle n'était pas venue. Quand il se rappela ce qu'il faisait ce soir là, il comprit instantanément qu'Héléna avait dût tomber sur lui et Victorine et que dégoûtée de lui, elle l'avait esquivé les jours suivants. Il avait été stupide maintenant que cela paraissait logique à présent pour lui. Puisque Héléna l'avait aimé pendant toutes ces années. Il s'allongea derrière elle l'entourant de son bras puis il l'attira contre son torse. Elle s'était déjà rendormie. Il ne tarda pas à s'endormir lui aussi.