Le Roi de Sparte

33 | La promesse.

Cette même nuit où Cyrus la laissa disposer, elle s'allongea entre les beaux draps luxueux et ne tarda pas à rejoindre les bras de Morphée. Ce fût dans les bras de l'empereur qu'elle se retrouva à danser, tournoyer avec une légèreté infinie. Parée dans une magnifique robe en mousseline délicate, sa main était entremêlée avec celle de Cyrus, et ses yeux ancrés dans les siens. Il arborait comme à son habitude son sourire en coin et ses yeux emplis de malice. L'empereur dansait à la perfection, et elle, se sentait peu à peu baisser les armes entre ses bras, comme s'il s'emparait d'elle tout en entier. Elle sentit dans sa poitrine son coeur s'emballer, et ses joues s'empourprer.

Autour d'eux, quelques ombres qui défilaient, semblaient danser elles aussi. La pièce était éclairée par des bougies, qui maintenant s'étaient éteintes inopinément. La main de Cyrus tenait toujours fermement la sienne, mais l'obscurité soudain l'empêcha de le voir. En une fraction de seconde, la jeune fille prit légèrement peur et sentit son pouls s'accélérer. Lorsque les bougies éclairèrent la pièce à nouveau, elle se heurta au regard d'Aaron. Elle tenta de se dégager, mais à peine cligna-t-elle des yeux qu'elle se retrouva à nouveau enchaînée. Horrifiée, elle se mit à crier, implorer mais rien n'y faisait, Aaron continuait à avancer vers elle, dans la pénombre, les yeux animés par le feu ardent d'Hadès...

- Héléna ! La secoua Cyrus.

Elle ouvrit les yeux, et constata que non seulement elle était en sueur, et qu'en plus de cela, Cyrus se tenait au bord de son lit les yeux inquiets. La jeune fille à présent consciente, respira un bon coup et affronta le regard de l'empereur qui la fixait toujours.

- Je crois que nous devrions avoir une discussion, déclara-t-il sérieux.

- A quel propos ? Demanda-t-elle en faisant mine de ne rien comprendre.

- Héléna, cela suffit. Dit-il fermement, comme s'il était las de faire l'ignorant. Il y a de ça plusieurs lunes, j'ai découvert que vous aviez un sommeil plus qu'agité. Ne me mentez pas, je ne suis point dupe. Ce spartiate...que vous a-t-il fait ?

Les larmes lui montèrent rapidement au yeux et Cyrus se sentit légèrement coupable d'obliger la jeune fille à se confier sur les éventuelles horreurs qu'Aaron lui avait fait subir, mais il devait savoir.

- Je l'aimais, j'imagine que cet amour était sûrement réciproque, puisque par jalousie il assassina son propre frère d'arme publiquement, se souvint-elle douloureusement. Je ne sais point par la suite ce que les dieux lui firent, mais il changea radicalement. Depuis l'arrivée de cette femme, son comportement devint celui d'un tortionnaire, et je devins ensuite sa deuxième victime, continua-t-elle à présent de manière calme.

Cyrus voyait que la jeune fille luttait contre les larmes sûrement pour ne montrer aucune faiblesse devant lui, mais lui tout ce qu'il désirait était que sa tête repose sur son épaule remplaçant par la même occasion le démon de gauche. C'est alors que de manière délicate, il prit la main d'Héléna avant de l'attirer vers lui, tenant le corps de la jeune fille entre ses bras. Face à ce sentiment nouveau, elle se sentit troublée que le contact et l'odeur de Cyrus puissent lui faire un tel effet de bien-être et de sérénité. Dans ses bras elle s'abandonna et se mit à pleurer, et ses sanglots déchirèrent le coeur de l'empereur qui l'enlaçait toujours.

- Je fais semblant d'avoir trouvé la force, alors qu'en réalité les dieux m'ont abandonnée, murmura-t-elle contre la tunique de Cyrus.

Héléna sentit qu'il ne bougeait plus, et se redressa. C'est avec difficulté qu'elle affronta son regard embué de larmes à celui de l'empereur, qui avait rétréci un peu plus la distance entre leurs corps. Il planta ses prunelles noisettes dans ses yeux, avant d'attraper le menton de la jeune filles entre ses deux doigts.

- Je ne vous abandonnerai pas, promit-il de façon solennelle.

La lueur que créait les bougies, donnait à la chambre d'Héléna une ambiance intime et rendait les prunelles de Cyrus dangereuses. A ce moment précis une mèche noire tomba devant les yeux de l'empereur, une mèche qu'elle remit en place sous les yeux attentifs et sombres de Cyrus. Il suivit de ses doigts la courbe des lèvres de la jeune fille, et continua l'exploration vers sa clavicule. Au contact de ses doigts sur sa peau, elle préférait fermer ses yeux avant qu'ils ne la trahissent.

Cyrus n'en démordait pas, et cette fois-ci il ne savait pas s'il était capable de s'arrêter. Sous le contact lent de ses doigts il sentait la jeune femme se tendre, commençant légèrement à s'abandonner. Mais il savait pertinnement qu'elle ne veut en aucun cas baisser sa garde.

- Depuis la première fois que je vous ai vu, j'ai su, murmura t-il en encrant ses prunelles dans les siennes.

Héléna ne répondit pas, occupée a rassembler le peu de défense qu'il lui restait.

- Les dieux vous ont créée pour moi, finit-il par dire.

Il rétrécit la distance entre leurs deux corps, se penchant au dessus d'elle. Dans l'ambiance tamisée où se trouvait la chambre de la jeune femme, l'atmosphère était a son comble. A présent elle ressentait le sentiment de vouloir que ce moment ne s'arrête jamais et reste figé dans le temps, car son coeur menaçait de lâcher face aux caresses de l'empereur.

- C'est évident, susurra-t-il avant de fondre doucement sur elle.

Elle se retrouva prisonnière entre les bras du jeune homme, qui restait au-dessus d'elle a la contempler avec un regard empli de douceur. Il semblait vouloir apprendre chaque traits du visage de celle dont il est sûr d'être sa dulcinée. Ses yeux d'un bleu azur tel l'océan qui borde la méditerranée, ses lèvres roses et charnues, et cet air infiniment angélique qu'elle possédait.

Il se sentait a ce moment précis serein et apaisé, comme il ne l'avait jamais été depuis des siècles. Cette impression de toujours l'avoir connue, et puis ce lien profond qui se créait entre eux devenait indéniable pour lui, et il savait pertinnement que pour elle c'était le cas aussi, et qu'elle luttait contre cela ; ce sentiment destructeur que sont l'amour et les sentiments.

Elle passa ses mains dans les cheveux bouclés et doux de l'empereur, avant de l'enlacer douloureusement comme si son coeur craquait de nouveau. Sa poitrine se compressait car a nouveau, son coeur s'emballait. Il l'enlaça dans ses bras saillants et basanés par le soleil méditerranéen. La jeune femme fermait les yeux, se délectant du sentiment de sécurité que provoquait Cyrus en elle, tout en logeant sa tête dans son cou inhalant son odeur.

- Cyrus nous ne devrions pas... dit-elle en reprenant ses esprits.

Il se redressa a ses côtés, avant de se pencher vers elle.

- Je veux simplement vous offrir le destin que vous méritez, devenir reine de cet empire, à mes côtés, déclara l'empereur plus que sérieux.

- Cyrus je vous en prie, je n'ai rien a vous offrir en guise de contrat de mariage. Je ne sais même point d'où je viens...

Il déposa son index sur le côté gauche de sa poitrine, avant d'y déposer complètement la paume de sa main.

- C'est ce qu'il y a là-dedans que je désire, dit-il fermement, rien d'autre. Peu importe que vous soyez thrace, perse ou grecque, je vous veux pour moi seul.

A bout d'arguments, elle esquissa un sourire malgré elle : Cyrus avait réponse a tout et souriait lui aussi l'air victorieux. Cependant elle se sentait toujours fatiguée, et s'endormit quelques minutes plus tard dans les bras de l'empereur qui veillait sur elle toutes les nuits secrètement depuis qu'elle était arrivée...