ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙𝟙

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Personne ne s'est jamais permis de cogner quelqu'un pour me défendre. Qu'Alexandre soit la première personne à le faire me surprend. D'autant plus qu'il vient de frapper Christophe.

— T'en as pas marre de pourrir leurs vies ? s'emporte Alex. Ton frère, et maintenant Armand ! Quand est-ce que tu vas arrêter ?

Christophe tente de réduire l'afflux de sang en posant sa main sous son nez, sans se soucier davantage de mon ami.

— Putain... Il frappe fort, ce con...

— Je peux recommencer si t'en as pas eu assez, s'amuse Alexandre.

— T'as besoin d'un pitbull pour te défendre ? s'adresse-t-il à moi. T'es tombé bien bas...

La femme de Christophe nous rejoint dehors, probablement inquiète de ne pas voir son mari revenir. Elle blêmit en voyant l'état de son visage et se précipite vers lui pour constater ses blessures.

— Mon Dieu, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Une bêtise. Ne t'inquiète pas, je vais bien, la rassure Christophe.

Je sens Alexandre se tendre à mes côtés. Il semble bien plus en colère contre cette famille que moi.

Mes doigts se perdent sur sa main, le retenant de donner un autre coup. Tous me détestent bien assez comme ça. Mon ami ne semble pas heureux de me voir l'arrêter. Il ne les avait jamais rencontrées jusqu'à aujourd'hui, alors l'opinion qu'il a sur eux ne peut être faite que par ce que nous lui disions. Et je n'ai jamais été tendre dans mes propos. Mais pour le moment je ne vais pas chercher à leur donner une raison supplémentaire de me détester.

— Tu vas pas le laisser te traiter comme ça ! s'indigne mon ami.

— Pour aujourd'hui, je saurai faire preuve d'un minimum de respect envers eux, lui chuchoté-je.

Je n'arrive plus à savoir qui de nous deux souffre le plus. Son expression et son regard le trahissent. Alexandre ne doit pas ressentir autant de colère aujourd'hui. Surtout pas.

Je lui demande de reculer un peu plus loin et me rapproche du couple.

— Je... Je suis désolé Christophe. Je crois qu'on va y aller...

Alexandre essaie de rajouter quelque chose, mais je l'en empêche. Nous n'allons pas faire une scène devant cette église. Grégoire n'aurait pas voulu ça et je ne peux pas lui faire honte. Je retourne vers sa voiture avec Alex, sans que la famille ne tente de me retenir. Plus je suis loin d'eux mieux c'est. Il déverrouille la voiture et je rentre m'asseoir à la place passager.

— Pardon, je... J'aurai jamais dû le frapper.

— Tu peux démarrer s'il te plait ?

Il acquiesce et se place derrière le volant, mais attend avant de repartir. Je sais qu'il veut me dire quelque chose alors je le laisse parler.

— Je comprends pas pourquoi tu te laisses marcher dessus.

— Parce que c'est sa famille. Je ne veux pas qu'il ait honte de moi...

Alexandre se mord la lèvre, fixant un point dehors et démarre. Nous roulons quelques minutes en direction de l'hôtel et je remarque à plusieurs reprises qu'il essaie de me parler, sans y parvenir. Je finis par le regarder pour attirer son attention et l'obliger à m'avouer ce qui l'affecte.

— Qu'est-ce que tu as à dire qui te semble si perturbant pour te retenir de m'en parler ?

Il jette quelques coups d'œil dans ma direction puis finis par abdiquer.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant