ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟝𝟛

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J'ai du sable plein les pieds et les vagues trempent le bas de mon jean. La lumière du soleil est étrange. Réconfortante. Je n'ai ni froid ni chaud. Tout est simplement calme.

Je tourne le visage vers quelqu'un à l'autre bout de la plage. Cette personne me fait de grands signes et je lève le bras. L'inconnu m'appelle de toutes ses forces et sa voix me parvient. Il se rapproche en courant et j'ai l'impression de reconnaître cette personne. Mon cœur le sait bien avant moi.

Je cours jusqu'à lui et je le vois ce foutu sourire. Celui que je voulais depuis presque deux ans. On se saute dans les bras et je le serre contre moi de toutes mes forces. On s'embrasse et je le soulève dans mes bras. Ma main s'égare dans ses cheveux et il me tient plus fort. Il est dans mes bras, tout contre moi. On se détache l'un de l'autre, sans pour autant s'éloigner. Son front se repose contre le mien et je lui souris.

— Mon cœur... soupire-t-il contre moi.

— Tu n'imagines pas combien de temps, j'ai attendu de pouvoir enfin te revoir...

Sa main s'égare sur mon visage, soulevant quelques mèches de mes cheveux.

— T'as l'air fatigué... épuisé, même.

— Ne t'en fais pas.

J'attrape sa main et la serre fort entre mes doigts.

— Je vais bien. Je ne me suis jamais aussi bien porté.

— Tu es un terrible menteur. Alex te fait encore des misères ?

— Pas vraiment, mais ne t'inquiète pas, on peut passer à autre chose. Je peux passer à autre chose. Avec toi.

Il s'éloigne un peu plus, sans que sa main ne quitte la mienne.

— Armand, tu sais que tu as encore énormément de choses à faire.

— Non. Je suis avec toi et ça me suffit. Le reste, je m'en fiche.

Il prend ma main et la dépose sur sa poitrine.

— Tu le sens ?

— Hum...

— Rien. Il n'y a plus rien.

Il déplace ma paume sur ma poitrine, là où mon cœur bat encore.

— Tu es encore en vie, Armand. Pas moi...

— Greg...

— Tu n'imagines pas combien je voudrais que tu restes ici, avec moi, mais je ne peux pas faire ça. Tu as encore une vie à vivre. Avec des gens qui t'aiment.

— Non... Je m'en fous des autres. C'est avec toi que je veux être.

Il me sourit et pince un peu ma joue en grimaçant.

— Tu es vraiment un idiot quand tu t'y mets... J'ai beau t'avoir aimé de toutes mes forces, ma route s'est arrêtée. Notre vie ensemble s'est arrêtée. Pas la tienne. Ni les leurs.

Les larmes me montent aux yeux.

Une chaleur se propage sur mes bras. Ce n'est pas Grégoire qui en est à l'origine.

— Des gens t'aiment là-bas. Des gens avec qui tu peux faire ta vie.

— J'y arriverai pas sans toi...

Il prend mon visage entre ses mains et embrasse chacune de mes joues, où glissent de nombreuses larmes.

— Mon cœur... Bien sûr que si. Tu es un vrai roc.

— Je peux pas... J'ai besoin de toi.

— Armand, je t'aime. Je t'aimerai chaque seconde de l'éternité. Mais toi... Continue. Continue de vivre. Pour de vrai. Aime-les de toutes tes forces et de tout ton cœur.

AubadeWhere stories live. Discover now