ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟘

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J'attrape mon téléphone, ma veste et enfile mes chaussures. Je ne peux pas me résoudre à abandonner Thomas. Il se relève du canapé, déboussolé en me voyant m'agiter.

— Tu vas où ?

— On va voir la police.

Il secoue la tête et observe Sébastien.

— On pourrait pas juste attendre ? demande-t-il. Je ne me sens pas d'aller les voir maintenant...

Je me rapproche de lui et il presse ses bras contre lui, le regard fuyant. Je tente de me montrer le plus doux possible. Ce serait terrible s'il finissait par avoir peur de moi.

— Thomas, regarde moi.

Sa tête se baisse un peu plus.

— Thomas, si tu ne veux pas y aller, je ne te forcerai pas. Mais c'est important de le faire. Ce que ton père te fait subir est interdit et tu peux te protéger de lui en le dénonçant.

— J'y arriverai pas...

— Je suis certain que tu pourras le faire. Tu as déjà eu le courage de venir me voir et de m'en parler, alors je sais que tu pourras continuer en le signalant.

Il me sourit timidement et retourne vers l'entrée pour mettre ses chaussures. Je sais qu'il y arrivera. Sébastien me sourit timidement.

— Tu veux que je vous dépose ? propose-t-il.

— Ça serait super si tu pouvais faire ça.

Mon ami acquiesce et sort ses clefs de voiture de sa poche.

— Je vais finir par te faire payer les trajets !

Je le remercie avec un sourire. Ça serait bien plus compliqué sans lui. Il fait maladroitement tomber ses clefs et les récupère avec un rire nerveux. Il part en premier dehors et je me retrouve seul avec Thomas.

— Non mais vous deux, c'est limite si ça ne pleut pas des paillettes, se moque-t-il.

Je le pousse un peu dehors avant qu'il ne fasse une autre remarque. Sébastien se couvre la joue d'une main et pars vers sa voiture. L'adolescent s'amuse de la situation.

— Faudrait lui dire un jour qu'il te plaît, confie Thomas. À moins que lui ne le fasse en premier.

— De quoi je me mêle...

Il hausse les épaules, un sourire en coin et part vers la voiture du vétérinaire. J'en profite pour rassurer mon chien de mon prochain retour et verrouille la porte d'entrée. Heureusement, Shepard ne se met pas à aboyer pour réveiller tout le quartier.

Sébastien s'assure que tout le monde soit bien attaché avant de démarrer. Je jette un rapide coup d'œil vers Thomas assis sur la banquette arrière, qui observe simplement par la vitre.

— C'est ce qu'il faut faire, assure Sébastien.

Je le regarde, concentré sur la route. Je sais que c'est ce qu'il faut faire pour le protéger, mais j'aimerais faire autrement. Qui sait où il pourrait être envoyé ? Ou ce que l'on pourrait bien lui demander de raconter. Il a vécu des choses bien trop terribles pour son âge.

Sébastien finit par se garer sur le parking du commissariat, avec encore quelques voitures civiles placées ici et là. Thomas fixe l'entrée sans oser ouvrir la portière. J'ai l'impression de le pousser bien plus qu'il n'est réellement capable de faire. C'est mon boulot de les forcer à persévérer et de les pousser à faire de leur mieux, mais là, il en va de sa vie qui pourrait changer du tout au tout.

Je décide de sortir du véhicule et l'ouvre pour lui. Si je suis capable de l'aider et de le protéger, alors je le ferai.

— Tu n'as plus qu'à faire quelque pas...

AubadeWhere stories live. Discover now