ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙𝟠

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La semaine que j'avais donnée aux garçons pour qu'ils puissent s'excuser vient de s'écouler. Ulrick et Thomas n'ont pas pris la peine de venir. Ce qui a affecté Antonin durant toute la séance. Il n'était plus aussi concentré qu'avant. Voir plus du tout. Après que les autres se soient changés, j'en profite pour le prendre à part dans la salle du personnel. Il s'assoit sur une chaise en plastique face à moi, de l'autre côté de la table. Il soupire et baisse le regard vers ses mains. Je me lève et ouvre le frigo pour en sortir une canette de coca que je donne à l'adolescent. Je n'ai aucune envie qu'il se sente oppressé ou obligé de tout me dire. Il me remercie avec un léger sourire. Antonin passe nerveusement sa main dans ses boucles noires avant de décapsuler la canette.

— Tu sais que si ça ne va pas, tu peux m'en parler, commencé-je.

— À quoi bon ? Personne ne comprend rien.

— Tu m'imagines si vieux que ça ?

Il souffle du nez, un peu amusé.

— Non. Mais ça va au-delà de vos compétences de coach.

— Explique toujours. Parce que je vois bien que l'absence d'Ulrick et Thomas t'affecte bien plus que s'ils s'agissaient des autres de l'équipe.

— Ça se voit tant que ça ?

— Un peu.

Il boit quelques gorgées de soda et croise les mains sur la table.

— En fait, c'est à cause de moi. Je me retrouve dans une situation compliquée et ils m'en veulent tous les deux.

Je lui laisse le temps de continuer, ça ne servirait à rien de le brusquer au risque de le voir se renfermer.

— Depuis quelques mois, je passe de plus en plus de temps avec Ulrick et je crois que Thomas s'en rend malade. Ça l'énerve que je sois proche de quelqu'un qu'il ne peut même pas voir en peinture.

— Ce qui explique la bagarre de la semaine dernière.

— En quelques sortes... Je me retrouve entre les deux et je n'ai aucune envie de choisir.

— Tu n'as pas forcément besoin de choisir.

— Ce n'est pas ce que pense Thomas.

— Si ton amitié avec lui t'oblige à faire des choses qui ne plaisent pas, tu devrais lui en parler.

Il se mord nerveusement la lèvre, boit une gorgée de soda et hoche la tête.

— C'est pas aussi simple que ça, mais je pense que oui. Je devrais lui en parler.

Il finit sa boisson fraîche et me remercie de l'avoir écouté. Mais avant de quitter la pièce, il se retourne vers moi.

— Il y a autre chose que tu voulais me dire ?

— Je peux te demander quelque chose d'ordre de la vie privée ?

— Tout dépend de la question.

— Tu as des enfants ?

— Non. Je n'ai pas la chance d'en avoir.

— C'est dommage. Tu ferais un meilleur père que certains.

Il me salue avec un signe de main et quitte la piscine, son sac de sport sur l'épaule. J'espère qu'il n'a pas des problèmes d'ordre familial. Je détesterais devoir mettre mon nez dans cette histoire et je détesterais davantage qu'il puisse se sentir en danger chez lui. Je range mes affaires et ferme la salle de repos, me dirigeant vers la ligne de bus.

Au milieu du parking, je remarque deux nageurs de l'équipe. En l'occurrence, Antonin, qui n'est pas parti chez lui après notre discussion, puisqu'il se dispute avec Thomas qui n'hésite pas à hausser le ton. Je ne comprends pas tout le sens de la conversation, mais elle semble animée.

AubadeWhere stories live. Discover now