ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟚

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Je ne peux pas me permettre de faire comme si je m'en fichais. Je dois lui montrer que je tiens à lui, que c'est avec lui que je veux être. Et s'il ne veut plus de moi, alors j'aurai au moins tout tenté.

Je toque à sa porte, toujours anxieux. C'est Armand qui m'a proposé de venir chez lui et j'espère que c'est pour renouer et non mettre fin à ce que nous sommes.

Ce n'est pas lui qui m'ouvre la porte, mais son ami, Alexandre. Le regard noir qu'il me lance ne trompe pas. Il sait déjà ce que j'ai fait. Ça m'aurait même étonné qu'Armand ne lui dise rien.

— Qu'est-ce que tu fous là ? s'agace-t-il en retenant la porte. Tu crois pas que tu lui as déjà fait assez de mal ?

— C'est lui qui m'a demandé de venir, assuré-je. Alors j'aimerais que tu me laisses entrer.

Il regarde derrière lui et s'écarte, me laissant pénétrer dans le petit appartement. Je retrouve Armand dans le salon, remplissant un gros sac de voyage avec des vêtements. Il ne me remarque même pas. C'est Alexandre qui lui fait part de mon arrivée. Mon beau blond se redresse et me contemple. J'ai l'impression de ne pas l'avoir vu depuis une décennie.

— On se voit lundi, s'adresse-t-il à son ami.

Ce dernier ramasse son sac et lui souhaite un bon week-end en passant le pas de la porte. Je me retrouve seul avec Armand et cette profonde culpabilité.

— Tu... Tu vas quelque part ? me risqué-je à demander.

Il hoche la tête et s'en va dans la salle de bain. Je suis obligé de le suivre pour ne pas le perdre de vue. Il est accroupi devant son meuble sous l'évier, ramassant une serviette et un gant de toilette.

— Et, hum... Tu vas où ?

— Loin d'ici.

Il attrape son shampoing et son gel douche dans la baignoire. S'il part si loin pourquoi avoir dit à son ami qu'ils se verraient lundi ? À moins que ce n'était que pour le rassurer. Peut-être qu'il n'est pas au courant.

Je me place dans l'encadrement pour l'empêcher de passer. Il marmonne un peu, serrant ses affaires dans ses mains.

— Pourquoi tu m'as demandé de venir, si tu comptes partir ?

— Pour que tu viennes avec moi, idiot.

Un peu perdu, je le laisse ranger ses affaires avec ses vêtements. Je le rejoins et laisse tomber sur le sol, le sac que j'avais encore sur le dos.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Là, je te le dis.

— Armand, j'ai cru que nous deux, c'était... c'était du passé. Pourquoi tu m'invites en week-end ?

— Parce que j'ai besoin qu'on parle sérieusement et qu'on ne peut pas le faire, n'importe où.

Il ferme son sac et se retourne vers moi.

— Parce que je veux passer du temps avec toi, loin d'ici et de ta famille.

J'acquiesce et ramasse mes affaires. Qu'il m'emmène à l'autre bout du monde, je m'en fiche bien. Tant que je suis avec lui et qu'il me laisse une seconde chance, c'est tout ce qui compte pour moi.

Nous nous rendons jusqu'à sa voiture et je prends la place passagère.

— Tu ne veux toujours pas me dire où l'on va ? redemandé-je.

— T'es impatient, c'est fou.

Je souris et m'enfonce au fond de mon siège. Je sais que l'on devra parler de ce qu'il s'est passé ce soir-là. Je sais que je vais devoir être confronté à ma faute. Alors pour le moment, je profite de ce qu'il m'offre. Ce sera probablement notre dernier voyage ensemble.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant