ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟟

288 45 78
                                    

Je cogne mon front contre le volant. L'adjectif qui me qualifie le mieux en ce moment est pathétique. Je blesse constamment les gens qui tiennent à moi. Alexandre et Sébastien sont les premiers à en pâtir.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je souris au message de mon frère.

« C'est officiel. Violette et moi, on s'installe ensemble :) »

Je le félicite pour ça. Il est amoureux de cette fille et ne rate pas l'occasion de pouvoir faire sa vie avec elle. Tout ce que je souhaite, c'est que ça continue de durer entre eux et qu'ils soient heureux.

J'observe la clinique vétérinaire en face de moi, d'où sort une femme avec un petit chien en laisse. Aujourd'hui, nous sommes mardi, le jour où il a le moins de clients. Je n'aurai pas d'autre occasion avant un long moment. Je prends une grande inspiration et quitte ma voiture pour entrer dans le bâtiment. Une jeune femme m'accueille avec le sourire.

— Bonjour ! Je peux faire quelque chose pour vous ?

— Je voudrais voir le docteur Lambert.

— Vous aviez rendez-vous ?

— Non, mais nous avions discuté au téléphone et il m'a dit que je pouvais passer, mens-je.

Elle vérifie quelque chose sur son ordinateur et me demande de la suivre dans le couloir.

— Votre nom ?

— Armand Choimont.

Elle toque à une porte et entre dans le bureau, refermant la porte derrière elle. J'ai le temps de lire les noms de toutes les races de chats sur le poster du couloir pour que la jeune femme ressorte du bureau et laisse la porte ouverte.

Elle retourne vers l'accueil et j'entre dans la petite pièce. Sébastien est habillé d'une tenue de médecin bleu marine et range des boîtes de comprimés dans un placard sans s'intéresser à moi. Je referme la porte, au cas où des oreilles indiscrètes pourraient nous écouter. Il fait comme si je n'étais pas là et raye des noms de produit sur une liste, tout en comptant. Il a raison de me traiter ainsi.

— Je te demande pardon, commencé-je. Je n'ai pas été correct avec toi.

— Pas correct ? C'est certain.

Son ton est froid et je m'y attendais un peu. Je m'adosse contre la porte. J'ai été un imbécile de le repousser comme je l'ai fait et de ne lui donner aucune raison de mon dernier silence. Une semaine sans lui parler, c'était trop. Pour lui comme pour moi.

— Sébastien...

Il repose le petit carton sur la table d'examen et se retourne vers moi en croisant les bras. Ses yeux plongent dans les miens. Je sais que je l'ai blessé, pourtant, je ne peux pas me défaire de l'attention qu'il me donne.

— Écoute... Je ne sais pas ce que tu cherches avec moi, mais je ne peux pas continuer à faire semblant. J'ai envie de partager une vraie relation avec quelqu'un. Pas juste une histoire sans lendemain.

— Moi aussi, tenté-je de le rassurer.

— Alors pourquoi tu me repousses ? Je ne te plais pas ? Parce que si c'est ça, t'as qu'à me le dire et j'arrêterai d'espérer quelque chose qui ne viendra pas.

— C'est pas ça... Tu me plais. Vraiment.

— Il y a un mais. Il y a toujours un mais...

Il reprend une autre boite et entrepose des sachets dans un tiroir. J'abandonne le bois contre lequel j'étais appuyé et me rapproche de lui.

— Je ne peux pas sortir avec toi, Sébastien.

— Pourquoi ? me demande-t-il en refermant le tiroir. C'est à cause d'Ulrick ?

AubadeWhere stories live. Discover now