ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙𝟝

334 46 89
                                    

Je n'arrive pas à me défaire de cette impression de vide dans la poitrine. Je n'arrête pas de pleurer. Je pleure le départ d'Alexandre qui est entièrement de ma faute. C'est à cause de moi et de mon idée stupide qu'il a décidé de partir. Je resserre les draps en sanglotant. Comment j'ai pu croire un seul instant que je pouvais le faire changer d'avis. Je n'ai fait qu'enfoncer le clou en passant cette nuit dans ses bras. Il savait parfaitement que ce ne serait rien de plus qu'un instant. Une nuit à s'échanger des regards et des baisers fiévreux. J'ai rêvé qu'il m'arrache le cœur pour ne plus souffrir. J'aurais aimé le lui donner. J'aurais souhaité lui rendre tous les sentiments qu'il a éprouvés. Sans en être capable.

Je presse mes bras contre moi, les larmes glissant encore sur mes joues. Je ressens encore la chaleur de ses étreintes, la douceur de ses gestes, la tendresse des mots qu'il m'a chuchotés. Je suis un monstre. Je lui ai fait du mal, plus qu'à n'importe qui.

Je sursaute quand la porte de la chambre s'ouvre sur Estelle, Robin derrière elle. Je ne les avais pas entendus avec mes pleurs incontrôlables. Mon amie me couvre d'un regard triste et je pleure de plus belle.

— Armand...

Elle s'assoit avec moi sur le lit et Robin reste debout, se pinçant les lèvres sans rien dire de plus.

— Alex... débuté-je.

Je n'arrive même plus à prononcer son nom sans que celui-ci ne me brûle la gorge. Je renifle plus fort et elle me prend dans ses bras. Rien ne pourra apaiser ce que je ressens maintenant, je le sais. Tout ce que je voudrais, c'est que lui me prenne dans ses bras en me jurant qu'il est encore là pour moi.

Estelle se contente de me calmer avec des gestes doux et des chuchotements. Je me laisse aller contre elle, me fichant bien que je sois encore nu et que mes larmes trempent son pull. Je n'ai rien besoin de lui dire. Elle le sait déjà.

Au bout d'un moment, elle me redresse un peu et essuie mes joues.

— Tu devrais prendre une petite douche et t'habiller.

Je sanglote encore et elle me tend mes affaires, Robin décide de retourner dans le salon en précisant qu'il prépare des cafés. J'attrape de quoi me changer et Estelle récupère le sachet de viennoiseries sur le meuble avec le verre de jus.

— Retrouve-nous quand tu seras prêt.

Elle me laisse un peu d'intimité pour que je puisse me changer. De nouveau seul, je ressens de nouveau son absence. Lui qui m'avait juré de rester avec moi, il est désormais à des milliers de kilomètres.

En observant mon reflet dans le miroir au-dessus de l'évier, je constate des taches violacées dans ma nuque et mes épaules. Mes amis ne m'ont fait aucune remarque et je leur en suis reconnaissant. J'ai déjà bien assez honte comme ça.

Je tente d'effacer ce qu'il reste de cette nuit sous le jet. Mais quand mes doigts rencontrent ma peau, les images de cette nuit remontent à la surface. Je me souviens de chacun de ses gestes et de mes frissons. De la façon dont je me suis accroché à lui. Du plaisir que j'ai eu. J'ai aimé qu'il me fasse l'amour. Cette chaleur m'étreint encore. Il a dit mon nom et j'ai osé soupiré le sien, alors qu'un mois auparavant, je disais celui d'un autre que j'ai bien plus aimé. Grégoire doit me haïr et à juste titre. Je ne m'aime pas plus.

Propre, mais toujours au bord du gouffre, je rejoins mes deux amis dans la petite salle à manger. Ils sont attablés autour des petits gâteaux, chacun avec une tasse dans les mains.

— Tiens. Je te l'ai fait comme tu aimes, ajoute Estelle en me tendant un mug.

Je la remercie et m'enfonce au fond du siège, le ventre noué.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant