ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟜𝟜

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Huit mois plus tard.

J'ai fait un grand pas en avant. Je ne peux plus reculer maintenant. Pas après tout ce temps. Des personnes comptent sur moi.

Je continue d'avancer dans les allées du cimetière et le retrouve.

— Bonjour mon cœur... Tu m'as manqué.

Je serre le bouquet de fleurs dans ma main et tente de sourire.

— C'est vraiment compliqué sans toi, mais je crois que je m'y fais de plus en plus à l'idée que tu ne feras plus partie de mon quotidien. Crois-moi que c'était vraiment loin d'être simple au début, mais ça semble devenir évident.

Je remplace le bouquet fané par le nouveau.

— Je t'aimerai le reste de ma vie, c'est une évidence. Mais moins. Parce que tu ne seras plus là. Pas comme avant. Et que c'est un autre homme que je veux dans ma vie. Un homme que je peux et veux aimer.

Je me frotte la joue, gêné. J'ai du mal à croire que je lui parle d'un autre homme de cette manière. Mais selon les conseils de mon psy, c'est une bonne façon de continuer à faire avancer les choses.

— Ouais... Je suis amoureux d'un autre. Et j'ai foutu la merde entre nous. Parce que tu faisais encore partie de ma vie. C'était trop tôt pour moi et je n'ai pas eu le courage de lui dire. Tu me manquais tellement que je voulais juste un peu d'attention de la part de quelqu'un. Et c'est tombé sur lui. J'ai fini par avoir peur de retomber amoureux et j'ai fui comme un lâche. Il en a souffert. Je n'ai aucune idée de savoir s'il me pardonnera un jour, mais c'est tout ce que je veux de sa part. Qu'importe s'il me dégage de sa vie après, je l'aurai mérité...

Je touche du bout des doigts la pierre froide. Dans une autre existence, nous sommes encore heureux ensemble. Malheureusement, cette réalité n'est pas la mienne. Ici, c'est un au revoir que je fais à Grégoire. Le cœur moins lourd que seize mois auparavant.

Je quitte le cimetière, resserrant mon manteau contre moi. De la buée s'échappe d'entre mes lèvres. Je suis bien heureux de me retrouver au chaud dans ma voiture. J'attrape mon portable, sans me résoudre à appeler qui que ce soit. Sur ce coup-là, mon médecin se trompe. On n'efface pas huit mois de silence en un claquement de doigts.

Je n'ai pas pu me résoudre à dire au revoir à qui que ce soit, si ce n'est un simple message à Guillaume pour lui signaler mon départ. Les derniers messages et appels de leur part remontent à plusieurs mois. J'étais devenu l'épine de leur existence et ils ont dû s'en sortir bien mieux sans moi.

Mais aujourd'hui, je me sens prêt à les retrouver. Cependant, je ne suis pas naïf. Je sais qu'aucun d'eux ne me pardonnera facilement. Ou même s'ils le feront un jour.

Je retourne à mon hôtel, là où j'ai laissé Shepard le temps d'une petite heure. J'ai eu de la chance d'en trouver un qui acceptait les animaux. Il est heureux de me retrouver et de me voir faire ma valise. Il a aussi envie de rentrer chez lui. Je marmonne en voyant l'état d'une de mes paires de baskets.

— Sérieusement ?

Je sais que Shepard ne s'est jamais attaqué à mes chaussures. Le coupable pour moi est tout trouvé, bien qu'il soit caché. Je me baisse et cherche sous le lit pour finalement le retrouver. Il me regarde avec des yeux tristes et remue la queue.

— Tu abuses un peu...

Je me redresse et l'appelle. Simbad sort de sa cachette et essaie de grimper sur mes cuisses. Je lui montre mes chaussures et il part se cacher derrière Shepard qui se charge de le gronder.

— Aller, on rentre à la maison.

J'attache Shepard et prends le petit chiot dans mon autre bras, attrapant mon sac sur l'épaule. Je suis heureux de ne pas avoir pris beaucoup d'affaires et d'avoir préféré beaucoup voyagé durant ces derniers mois.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant