13 - ( Carlos )

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Sabrina

Au fond de moi je suis vide, vidé de vie, de joie, d'amour, vide comme un trou sans fin qui ne pourra jamais être rempli. Je recroqueville encore plus mon corps qu'il ne l'est déjà, l'entourant dans les couvertures moelleuses et chaudes.

Ça fait deux semaines que je suis ainsi et ça fait exactement deux semaines que Lorenzo ne dit rien sur mon état, il m'évite presque. Je suis revenu au point de départ, lui qui me hait et m'évite, moi qui se retrouve sans rien, agonisant chez un horrible mafieux monstrueux.

Je pleure, toutes les nuits, sans arrêt et bruyamment, je le sais, mais Lorenzo ne dit rien, même si, quelque soirs, je pousse d'horribles cris pour évacuer un peu de ma peine, un peu de ma folie même.

Mais le pire reste mes nuits, quand je dors, que suis faible et vulnérable, car mes peines et mes peurs me hantent dans ces moments-là. Quelques fois ce sont les cadavres de ceux que j'ai tué qui me hante, d'autres fois ce sont les mains d'hommes répugnants, même celles de Lorenzo, et les pires fois sont celles où je n'ai besoin de personne d'autre que moi-même pour me tourmenter. Je me hante, me voyant les tuer un par un, encore et encore. Mes mains sont aussi sanglantes que celles de Lorenzo ou Enzo, car si quelqu'un les touche, il est enterré peu de temps plus tard.

Ce soir, je pleure encore, car je n'arrive pas à m'arrêter, je n'arrive pas à les retenir, elles coulent simplement une à une sans ne jamais s'arrêter. J'ai tellement à pleurer et pourtant je crois que bientôt je ne pourrai plus tellement je l'ai fait. Je rêve de ce jour, car je suis épuisé de pleurer, s'en est presque rendu douloureux, mais une partie de moi me répète que je l'ai mérité.

Je suis une mauvaise personne, aussi pire que tous les hommes que j'ai tué. Je le suis justement devenu en faisant exactement comme eux. J'ai fait tant de mal à tant de personnes et la mort de beaucoup repose sur moi, généralement des innocents. Je le savais en plus, depuis longtemps même, mais je n'ai jamais voulu me l'avouer, car c'est pitoyable de s'avouer être quelqu'un d'horrible et tout de même ne pas changer.

Lorenzo avait finalement raison. Je suis comme lui et rien ne pourra jamais changer cela.

- Sabrina, murmure un écho lointain et qui semble faux, comme un rêve éveillé.

- Sabrina, Sabrina, Sabrina, répètent cette voie sans cesse.

Je pose mes mains sur mes oreilles, car je suis habitué et je sais pertinemment à qui appartient cette voix, elle me hante depuis quelques jours. Mes sanglots redoublent, dans l'espoir de faire taire la douce voix de mon amie d'enfance, mais cela ne fonctionne pas, comme toujours.

- Dégage, je murmure, épuisé de vivre ainsi, d'entendre sa voix, de pleuré jour et nuit et de perdre tout ce que j'aime.

Un rire résonne dans la pièce et vient faire écho dans mes oreilles. Ils rient de moi, d'être devenu aussi folle. C'est leur vengeance pour les avoir tué. J'enroule les couvertes autour de moi et je me cache sous elles dans le bref espoir de me protéger d'eux. Leurs rires résonnent désormais mille fois plus fort, plus bruyamment et plus méchamment qu'avant et ils me rendent fou, c'est comme si je les avait emprisonné avec moi au lieu de les laisser à l'extérieur.

Après tout, il n'y a que moi qui les entends, alors comment pourraient-ils partir quand ce n'est que moi qui me tourmente pour ce que j'ai fait, ce qui s'est produit? Je suis la seule à pouvoir les faire taire, mais je ne sais pas comment et je ne me sens pas prête à avouer pleinement ma folie et mes douleurs, mes traumatismes.

Je veux simplement vivre un peu plus longtemps dans le déni, car aussi longtemps que tout cela restera avec moi, dans ma tête, à me détruire de l'intérieur, rien ne sera réel, absolument rien.

Captive du grand Lorenzo LiziriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant