22| Douleur

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Adalynn

L'après-midi de notre altercation, Logan m'a envoyé une robe et des chaussures.

Je n'avais pas initialement l'intention de l'enfiler pour ne pas lui donner raison et lui laisser croire qu'il peut m'habiller comme bon lui semble, mais j'ai changé d'avis quand je l'ai essayé. Cette robe est à couper le souffle.

Elle est en satin blanc, fendu sur mon côté gauche jusqu'en haut de ma cuisse, un dos nu et des chaussures classiques qui vont avec. Je laisse mes cheveux détacher et met un peu de maquillage, rien d'extravagant surtout avec cette chaleur. Alors que je me promenais dans les couloirs à la fin de l'après-midi, essayant de me calmer et de ne pas descendre les escaliers pour tuer Logan, je suis tombé sur une pièce que j'avais aperçue lors de ma visite avec Elisabeth. Un piano à queux blanc trône au fond faisant face à la vue sur la forêt.

J'hésite quelque seconde avant d'entrer, laissant la porte ouverte au cas où une personne arriverait. Je m'assois sur le banc et observe l'instrument majestueux.

Cela fait plus de cinq ans que je n'aie plus joué. J'ai commencé à apprendre le piano avant même de savoir former une phrase correctement. Les débuts n'étaient pas fameux, mais dès que je pouvais m'entrainer, je sautais sur l'occasion. Maman adorait m'entendre jouer, elle a même fait installer un piano semblable en plein milieu de notre salon pour que je puisse faire profiter tout le monde. Même après mon départ, elle ne l'a pas retiré.

Je laisse mes doigts caresser les touches quelques secondes me souvenant de la sensation que ça me procurait. Lorsque je jouais, plus rien ne semblait avoir d'importance, seule la musique qui émanait de l'instrument, les notes remplissant l'air et parfois même ma voix qui accompagnait le tout.

Je regarde en arrière et attendant quelques instants pour être sûre que personne ne soit là. Je me place correctement avant de poser le pied devant les pédales. Mes mains tremblent alors que je me lance pour tester le son.

Magnifique.

Un frisson me parcourt et fait dresser les poils de mes bras tandis que je commence à presser les touches, laissant mes doigts prendre le dessus et jouer le morceau préféré de ma mère.

À la première note, je sens ma gorge se serrer. Je la revois encore allongée sur le canapé, les yeux fermés, un sourire aux lèvres alors que ses pieds bougeaient au rythme de la mélodie. Elle avait cette passion et ce talent pour la musique. Elle ressentait toutes les notes, elle se laissait envahir par la musique tandis que mon regard allait et venait entre elle et les partitions devant moi pour m'assurer que je ne me trompais pas et ne la sorte pas de cet instant de paix et de pur bonheur que nous partagions.

Rebecca m'a toujours soutenu dans tout ce que j'entreprenais, quand j'ai voulu danser, jouer du piano, aller à des cours de dessins et prendre des cours de natation, elle était toujours excitée à l'idée que j'essaie de nouvelles choses. Lorsque j'abandonnai des activités, car elles ne me plaisaient plus, elle ne disait rien et me répétait constamment que rien n'est une perte de temps, que j'avais au moins essayé et que je ne pouvais pas le regretter maintenant. Les images et les souvenirs de ma mère défilent dans ma tête en même temps que les notes.

C'était une excellente mère, toujours nous encourageant à nous surpasser, jamais nous juger, toujours présente quand nous avions besoin d'elle. Elle ne prenait pas à la légère notre santé mentale et nous défendait avec acharnement.

À la fin de la musique, je m'aperçois que mes joues sont mouillées de larmes, je relève la tête et soupire avant de les essuyer.

Elle me manque tellement. J'aimerais tellement la prendre une dernière fois dans mes bras, lui dire que je l'aime et que je l'aimerai toujours, que je regrette de ne pas m'être arrêtée pour lui venir en aide.

The Devil's Disciples : Adalynn #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant