Chapitre 3

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Le train s'immobilisa dans un sifflement et je me réveillai en sursaut.

- Mesdames et messieurs, nous sommes arrivés en gare d'Austerlitz, lança la voix enregistrée, achevant de me réveiller. Il est sept heures.

Je récupérai ma valise et me laissai porter par le courant humain pour sortir de la gare. Le lycée était à quelques centaines de mètres à peine.

La chose qui me réconforta le plus fut la vue des centaines d'autres étudiants qui traînaient leur valise derrière eux comme moi, l'air perdu et hésitant. Ils traînaient devant les deux entrées ou dans le campus, et certains osaient même s'aventurer dans le bâtiment.

Sept heures quinze. J'envoyai un message à Raphaël et à mes parents - je suis arrivée. Puis je franchis l'entrée la plus proche.

Dans un mail que j'avais reçu une semaine auparavant, j'avais lu que je dormirais dans le dortoir 75, que je partagerais avec une fille nommée Sophia Martinet. Je décidai de m'y rendre tout de suite.

- Mlle Sane, c'est ça ? fit une voix derrière moi alors que je m'engageais dans l'ascenseur.

Je me retournai et me retrouvai face au principal et à sa moustache poivre-et-sel.

- Bonjour. Oui, c'est moi.

- Pas trop stressée ?

Il se rapprocha.

- Un peu.

- C'est normal. Vous verrez, il n'y a aucune raison de s'en faire.

- Je n'en doute pas... monsieur.

Quelque chose dans son regard me mettait mal à l'aise. Je me pris à espérer qu'il s'en aille.

Il hocha la tête.

- Vous vous plairez ici. Ce qu'il se passe au sein de cet établissement est fait pour vous.

- Vous voulez parler des cours ?

Il recula.

- Evidemment.

Un silence.

- Excusez-moi, je vais...

- Bien sûr, allez-y.

Il tourna les talons et s'éloigna. Je montai dans l'ascenseur, un peu troublée.

Quand j'ouvris la porte du dortoir 75, la première chose que je vis fut une fille brune aux cheveux bouclés coupés au carré, assise sur le lit de gauche, les pieds posés sur une valise ouverte et à moitié vidée. Elle leva la tête à mon arrivée.

- Tu es Cassandra Sane ? demanda-t-elle.

- Oui. Salut.

- Salut. Moi, c'est Sophia, mais tu dois le savoir...

Elle se leva et je me rendis compte qu'elle était plus petite que moi, alors que je n'étais pas si grande que ça. Elle m'arrivait au menton. Un trait d'eye-liner mettait en valeur ses yeux verts, mais elle n'en avait pas besoin pour être jolie.

- J'ai pris ce lit, mais on peut échanger, si tu veux ?

- Non, c'est bon. Merci.

Hormis les lits, la chambre était meublée de deux bureaux et d'une grande armoire séparée en deux. Une unique fenêtre sur le mur du fond laissait passer des rayons de soleil. Je regardai ma montre - sept heures vingt-cinq - et décidai de descendre tout de suite. Je n'avais pas le temps de ranger mes vêtements. Je pris seulement mes affaires de cours en priant pour ne rien oublier. Sophia, après deux-trois phrases de politesse, était aussi descendue.

La sonnerie résonna dans les couloirs au moment où je posais mon pied au rez-de-chaussée. J'eus une brusque montée de stress que je parvins à dominer. J'inspirai pour me donner du courage.

C'est parti.


Nahui Ollin - Le Cinquième SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant