Chapitre 43

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Mes yeux sont clos.

Enfermée dans l'obscurité de mes paupières, la notion du temps est une chose abstraite. Suis-je immobile depuis une seconde ou bien déjà plusieurs minutes ? Je suis incapable de le dire. Les battements de mon cœur résonnent en moi comme le tic-tac d'une horloge figée dans le temps. Mes oreilles sifflent comme si des centaines de personnes s'étaient mises à hurler à la mort dans mes tympans. Peut-être est-ce le cas. Peut-être suis-je morte, moi aussi.

Je suis enfermée dans une bulle protectrice dont j'aimerais ne jamais sortir. Le sifflement dans mes oreilles me protège de tout bruit extérieur, mes paupières fermées me dissimulent l'horreur de la scène. Je voudrais seulement disparaître. Remonter le temps, de quelques secondes, de quelques jours, de quelques vies.

Mais je ne suis qu'une simple mortelle.

Alors que je me perds dans la sécurité de ma bulle, repoussant toujours plus le retour à la réalité, une voix me parvient de loin. Une voix déformée par la distance et les émotions. Une voix que je ne reconnais qu'une fois prononcé un mot bien précis :

- Putain, Sane, je t'en supplie, ouvre les yeux !


Nahui Ollin - Le Cinquième SoleilWhere stories live. Discover now