Chapitre 11

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J'eus l'impression d'entrer dans une église ou dans une chapelle. Le sol carrelé était d'un blanc pur et immaculé. Le toit formait un dôme orné d'une fresque multicolore. Les fenêtres sur les murs étaient faites de vitraux tout aussi colorés, et laissaient passer des rayons de soleil qui illuminaient la pièce. C'était immense, et cette impression de grandeur était renforcée par l'absence de meubles. La salle était vide, ornée uniquement des fresques présentes sur les murs et sur le toit.

Alexander sourit de ma surprise.

- Je viens dans cette pièce depuis mon enfance et je suis toujours figé par tant de grandeur, dit-il. Regarde.

Il me fit pivoter pour que je regarde le mur juste à droite de la porte.

- La Salle est une histoire, expliqua-t-il. Chacune des fresques raconte l'histoire de notre famille. C'est mon arrière-arrière-arrière-grand-père qui a fait faire cette pièce.

- C'était aussi mon arrière-arrière-arrière-grand-père, fit remarquer Darius.

Alexander l'ignora.

- Seules les premières images sont intéressantes pour toi, annonça-t-il en me désignant une image au milieu des autres.

Elle représentait une masse confuse de gens à la peau noire, formant un cercle autour de deux hommes. L'un levait un couteau et une torche au-dessus de l'autre, qui s'était allongé sur une grande pierre.

- Les sacrifices, comme tu le sais, commença Alexander, sont une part intégrante de la culture Aztèque. Voici celui qu'ils appelaient La Cérémonie du Feu Nouveau, le plus important de tous.

- Important à quel point ? demandai-je.

- Le sort du monde en dépendait, dit Darius.

Je me retournai pour le dévisager. Il me rendit mon regard, totalement sérieux.

- Jusque-là ? fis-je.

- Oui, confirma Alexander. Durant cette cérémonie, qui avait lieu tous les cinquante-deux ans, un cycle qu'ils appelaient en langue nahuatl xiuhmolpilli...

- Ne l'embrouille pas avec tous ces noms, dit Darius.

- On avait commencé à voir ça en cours, dis-je en fusillant Darius du regard. Un cycle de cinquante-deux ans se nomme xiuhmolpilli. Les préparatifs de cette cérémonie commençaient cinq jours avant, lors des nemontemi, qui sont les cinq derniers jours du calendrier solaire. Les Aztèques jeûnaient lors de cette période et avaient l'interdiction de travailler.

Si Alexander fut surpris de ma maîtrise du sujet, il n'en laissa rien paraître. Darius, en revanche, me renvoya un regard agacé et croisa les bras.

- C'est ça, acquiesça Alexander. Donc, tous les cinquante-deux ans, les Aztèques pratiquaient cette cérémonie. Ils sacrifiaient un homme et devaient allumer un feu dans sa poitrine. Si le feu prenait, un nouveau cycle prospère débutait, mais si le feu ne prenait pas...

- La fin du monde, acheva Darius. Enfin, du Cinquième. Il y en a quatre autres avant celui dans lequel nous vivons aujourd'hui.

Alexander me montra quatre images à gauche de celle que je venais de voir - si j'avais bien compris comment fonctionnait cette pièce, cela s'était passé avant.

- Le Premier Soleil était patronné par le dieu Tezcatlipoca, expliqua-t-il en désignant l'illustration la plus à gauche. Le nom de cette ère était Nahui Ocelotl. Ce monde était peuplé de géants, mais Tezcatlipoca se transforma en jaguar et les dévora tous.

Nahui Ollin - Le Cinquième SoleilWhere stories live. Discover now