rantbook du personnage secondaire | nomin

prologue

journal de Jaemin ; 14 septembre

     Après que ma psychologue m'aie conseillé d'écrire un journal pour me libérer de toutes mes émotions, j'ai décidé d'acheter un journal, bien que ça fasse deux semaines que madame Park m'aie conseillé ça.

     Je me présente, pour moi et aux personnes qui vont sûrement lire ce journal. Je m'appelle Na Jaemin, j'ai 18 ans. Je suis en dernière année de lycée, mon meilleur ami s'appelle Mark et je suis une psychologue maintenant depuis un an et demi, soit un peu après le décès de mon père.

      Je ne sais pas vraiment quoi écrire dans ce journal. Madame Park dit que je devrais plus me concentrer sur moi-même. Elle pense que je ne fais pas attention à moi, que Lee Jeno prend trop de place dans ma vie. Elle n'a pas tout à fait tort en réalité. Elle dit que je passe mon existence à trop me soucier des autres, au point de m'oublier. Elle dit que je suis le personnage secondaire de ma propre vie, d'où l'intérêt d'écrire un journal en racontant ma vie « pour me concentrer sur moi-même ». Je pense qu'elle en était surtout à bout d'entendre parler de Jeno tous les jours.

      C'est là que je suis censé dire qui est Jeno. C'est un garçon que je connais depuis que je suis tout petit. A vrai dire, la première fois que je l'ai vu j'avais six ans alors que je mesurais un peu moins d'un mètre dix. J'étais à l'écart et il est venu vers moi pour me donner un petit bout de papier sur lequel il était écrit "tu pues", de la part de Donghyuck et Jisung qui rigolaient plus loin. Moi, je m'étais contenté de pleurer et d'aller les balancer à notre professeur. Depuis, Jeno ne m'a plus jamais adressé la parole. Malgré ça, j'avais envie de lui parler, d'aller vers lui. J'étais persuadé qu'il n'était pas comme Donghyuck et Jisung, qu'il était différent d'eux. Il m'attirait.

     En même temps, Donghyuck avait commencé à me racketter. Quand mes parents me faisaient un goûter, il m'obligeait à lui passer. Puis ça a été les stylos, mes vêtements de rechange. Puis après plusieurs mois comme ça, il a finit par me rendre toutes mes affaires en s'excusant un jour. J'en ai parlé plusieurs jours après à mon père et Donghyuck a été convoqué chez la directrice. Il a été puni durant une semaine à devoir écrire je respecterai et n'embêterai plus Jaemin.

     On a fréquenté le même collège et je l'ai vu grandir petit à petit, en même temps que moi surtout. Il était constamment au centre de l'attention, et ça depuis la première année de collège. Toutes les filles l'aimaient et tous les garçons voulaient être son ami. Malheureusement pour eux, Jeno avait déjà ses mêmes amis depuis la primaire : Donghyuck et Jisung. Depuis toutes ces années, je n'en ai approché aucun. Je me contentais de l'observer de loin en fumant par moment. A vrai dire, plus de la moitié de mes paquets de clopes partait chez les autres élèves qui étaient en manque de tabac. Heureusement business is business, je les faisais payer 670 wons la cigarette. Passons.

     Au collège, j'ai rencontré Mark Lee. Ce gamin perdu qui parlait peu coréen est vite devenu mon meilleur ami, celui que je supportais et inversement. Bien sûr, il savait que je passais mes journées à observer le même garçon et il insistait absolument pour que j'aille le voir, au moins lui parler. Porte tes couilles, me disait-il si souvent.

     Au lycée, Jeno n'avait jamais été aussi beau. La puberté l'avait bien réussi. Mon rêve c'est de toucher ses bras. Ils ont l'air musclé, sans oublier les veines qui les rendaient encore plus attirants. Il avait laissé pousser ses cheveux aussi ; ils tombaient sur ses yeux bruns clairs et à chaque fois qu'il passait sa main dedans, je sentais mon ventre se tordre bizarrement. Mais j'aimais ça, car il n'y avait que lui qui arrivait à me faire sentir dans cet état.

      Tous les soirs avant d'aller me coucher, je faisais un tour sur son compte instagram pour regarder ses stories et, potentiellement, les photos qu'il avait posté. C'était comme ça tous les jours depuis qu'il s'était enfin créé un compte. Mais un soir, c'était la dégringolade.

      J'étais resté plusieurs minutes, peut-être même une heure à regarder la même photo qu'il avait postée un peu plus tôt. Juste, Jeno avec un autre garçon, en train de s'embrasser. Avec une enquête plus approfondie, j'ai découvert que ça faisait un an que l'homme envers qui j'avais des sentiments depuis mon plus jeune âge était en couple avec un certain Renjun. ça veut dire qu'il était attiré par les hommes.

     Moins d'une semaine plus tard, mon père est décédé. Je me rappelle encore de comment ça s'était passé. Il était en train de se disputer avec ma mère dans la voiture par rapport à mes notes : il était en train de prendre ma défense. Mais soudainement, il avait arrêté de parler et avait posé sa main sur sa poitrine : arrêt cardiaque. On a fait un accident de voiture en rentrant en collision avec une autre voiture sur la voix d'à côté. C'était une famille dans l'autre voiture : deux parents et deux enfants.

     Je n'ai jamais su si ma mère s'en voulait de s'être disputé avec mon père ce soir là ou même si elle était au courant que la famille avec laquelle on est entré en collision n'avait pas survécu sur le coup. A vrai dire, je ne l'ai pas énormément vu pleurer, elle gardait toujours ses larmes devant moi. Elle ne m'en parlait pas. Elle me disait simplement que lorsque je serai prêt à retourner en cours, elle m'emmènerait. J'y suis retourné quelques mois plus tard, avec certaines semaines que je passais à la maison à suivre des cours à distance alors que Mark me les apportait dans la soirée avant de rentrer chez lui. Une fois, Jeno était passé avec mon meilleur ami pour me souhaiter ses condoléances et que d'autres personnes de notre classe passaient le message.

ça faisait désormais deux ans que Jeno et Renjun étaient en couple pendant que je ruminais dans mon coin, à me remettre du décès de mon père, à les regarder en m'imaginant à la place de Renjun.

Mais cette année allait être différente. Tout simplement parce que je me suis décidé à passer à autre chose. Jeno : c'était terminé. Il y a plein d'autres hommes dans ce monde, j'allais pouvoir en aimer un autre.

Cette année, c'est la mienne.

Pour papa : tu me manques

28.08.2022