24.

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Le silence planait dans la pièce depuis un moment déjà. Yunnie était nue dans mes bras et j'étais à peu près sûr qu'elle dormait. Mon esprit était loin d'être vide, mais j'avais fini par admettre que je ne pourrais rien faire contre ça. Je ne savais pas quelle heure il était, ni depuis combien de temps j'étais allongé ici, mais il allait sans doute falloir que je m'en aille bientôt.

"Je peux te poser une question ? La voix douce et basse de Yunnie me surprit, et brisa le silence pourtant si reposant.

- Oui, vas-y.

- Est-ce que tu crois en Dieu ?

- Non.

- Alors tu ne crois en rien ?

- Si. Je crois au destin, et à l'univers. Je crois que tout ce qui se produit a une raison d'être. Je crois que certaines choses doivent se produire et qu'on ne peut rien faire contre ça. Tu sais, il y a ces choses qui doivent se faire et celles qui ne se feront jamais. Je ne pense pas que toute notre vie soit tracée ou écrite je ne sais où, mais je pense que nous sommes attendus quelque part, et que quels que soient les chemins que l'on prend, on arrivera à cet endroit, expliquai-je d'une voix calme, et je crois que c'est l'univers qui régit tout ça, qu'il a le pouvoir de changer ce contre quoi on ne peut rien, et c'est pour ça que je le déteste.

- C'est intéressant comme raisonnement, mais comment tu fais pour savoir ce qui doit se produire et ce qui ne doit pas se produire ?

- Si, quand tu essaies de faire quelque chose, tout t'empêche de le faire, même des broutilles, c'est que ça ne doit pas se produire. Ou alors que si ça se produit, ça se terminera mal. Je pense que c'est le destin qui t'envoie des signes pour que tu n'y ailles pas, tout en te laissant libre de les ignorer.

- Et pour la mort, tu crois à quoi ?

- Je pense pas qu'il y ait de vie après la mort, si c'est ta question. Je pense que quand on est morts, il y a juste rien. Je pense que l'humain crée un paradis, un enfer ou que sais-je encore pour se persuader que ça se termine jamais, mais je pense que si. On est pas éternels. Par contre, je crois dur comme fer à quelque chose : je pense pas que notre mort soit écrite non plus quelque part, mais je pense qu'il y un jour où l'on mourra, que c'est décidé, et ce jour-là, quoi que tu fasses, tu vas mourir. Ce jour-là ça peut être demain, ou même aujourd'hui, j'en sais rien, ce que je sais c'est que je pourrais rien y faire. Donc je pense aussi que, si c'est pas le jour où tu dois mourir, tu peux traverser toutes les épreuves possibles et imaginables, tu mourras pas, parce que c'est pas écrit comme ça.

- Mais ça te laisse la liberté de faire tout et n'importe quoi alors, ce raisonnement, répliqua-t-elle en levant les yeux vers moi.

- Oui, et alors ? Quoi qu'il arrive, quelles que soient mes croyances, un jour ou l'autre je vais mourir, et je pourrais rien y faire, autant me laisser croire que je suis immortel tous les jours sauf le jour de ma mort.

- C'est pour ça que t'es tueur à gage ?

- Non, ça n'a rien à voir.

- Alors, pourquoi ?

- Je te l'ai dit, je déteste l'univers, et tout ce qui le compose. J'ai aucun scrupule à détruire tout ce que je trouve.

- Et pourquoi tu le détestes ?

- Parce que."

Je tournai la tête vers son réveil et vis qu'il était presque quatre heures du matin. Je me dégageai alors de son étreinte, et sortis du lit pour renfiler mes vêtements.

Dark Side : MurkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant