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Alima, Maman de Ndeye Absa

Des questions, des questions je me pose.
Je ne cesse de penser et repenser à tout.
Ma vie, je la remet en question.
Je culpabilise.
J'ai mal.

Aujourd'hui, je me rend compte que ma vie m'appartient pas. Je suis soumise et prisonnière. Je vie pour mon mari, depuis des années tout ce qu'il dit je réponds par « oui » sans broncher. J'accepte tout et par ma faute aujourd'hui, ma fille aînée est morte.

J'ai échoué en tant que mère.
J'ai tué ma fille qui avait tant de rêves et projets.
J'ai tout gâché à force de vouloir satisfaire mon mari et jouer le rôle d'une épouse exemplaire.

Ma fille en a payé le prix.

Pourtant, quand j'y pense, elle ne le méritait pas. Comme moi, elle était victime mais je devais la protéger en tant que sa mère.

Je ne l'ai pas fait.
Je n'ai rien fait.
Je regardais.
Spectatrice tout se passait devant moi.
Je l'interdisais de parler.
Elle faisait tout ce que je voulais. Ndeye Absa m'aimait tellement et pourtant lâche que je suis je ne faisais que de la tourner le dos.

Je suis complice. J'ai tué ma fille. Elle méritait pas d'avoir une mère comme moi.

Ce qui me pousse, aujourd'hui à aller à la poste de police c'est mon monstrueux de mari. Il bat sa fille jusqu'à la mort, il nous l'annonce fièrement et dit qu'il y'aura pas de deuil. Inutile de vous raconter les insultes et propos méchants qu'il disait sur notre défunte aînée.

Je n'arrive plus à supporter sa. Il faut que je sors ce que j'ai dans le coeur. A l'intérieur de moi, je suis morte. Et lui, monstre qu'il est il vit comme si de rien n'était. J'en peux plus.

Avant d'entrée, je reste debout à fixer, la porte. J'hésite après tout. Je me demande ce qui va se passer après, il va sûrement me tuer c'est sûr mais la voix dans ma tête me dit de le faire pour ma fille Coumba avant qu'elle ne finisse elle aussi comme sa grande sœur.

En face du commissaire, je raconte tout, sans sauter une virgule. Du début à la fin. Je me dénonce et dénonce mon mari. Toutes personnes impliquées je cite son nom.

Commissaire : C'est très grave ce que vous dîtes là. Vous savez vous devez venir nous voir depuis longtemps. Là c'est critique franchement.

Je me met à pleurer, pensant que tout ce qu'il dit est vrai. Si je l'avais fait avant ma fille ne serait pas morte actuellement.

Après, je rentre tranquillement. Je me sentais libre. Et j'avais aucun regret. Comme me l'a dit le commissaire, je vais rester tranquillement chez moi, en attendant qu'ils viennent.

_Alimaa

Moi: Oui ?

A peine posé les pieds dans la maison, mon mari me convoque. Je vais dans sa chambre et le trouve allongé. J'en suis sûr il va me questionner sur le lieu où j'étais.

_T'étais où ?

_J'étais au marché

_Marché ? Tu n'y étais pas allée le matin ?

_Si j'y suis retournée j'avais oublié quelques choses

_C'est bon.

Je ne suis pas bonne menteuse et jamais je n'ai osé mentir à mon mari par peur de finir battue. Mais aujourd'hui, je l'ai fait et je sais qu'il ne me crois pas.

Coumba, préparait le repas. Personne n'a idée de ce que je viens de faire. Dans ma chambre, je prépare mes bagages les plus nécessaires. Façon c'est pas beaucoup. Je vais voir Coumba dans la cuisine, en y réfléchissant faut que je me sauve avant l'arrivée des policiers, je refuse de mourir à cette heure et de laisser ma fille seule avec ces monstres.

Moi: Coumba laisse je continue le repas, va emballer quelques de tes bagages.

Coumba: Mère pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Moi: Fais simplement ce que je te dis je t'expliquerais après.

Coumba: On va partir ?

Moi: Oui

Coumba: Où mère ?

Moi: Tu parles beaucoup dépêches toi avant qu'on ne nous tue et t'as intérêt à ce que personne ne te voit.

Elle s'en va dans sa chambre et fait comme je l'ai dit. Je me demandais quand est ce que les policiers allaient venir. Après le repas, avec Coumba on sort doucement de la maison. Personne nous a vu. C'est ce qu'on pensait, mais on croise Demba.

Demba: Mère où allez vous ?

Avec Coumba on se regarde.

Moi: J'amène ta petite soeur chez le marabout du quartier.

Demba: Ah bon ? Qu'est-ce qu'elle a ?

Moi: Elle fait des cauchemars et se réveille en pleurant ces jours ci

Demba: Papa est au courant ?

Moi: Oui

Il dit rien. Copie coller de son père. Moi même j'ai peur de lui. Il entre et on se dépêche à disparaître. Je le connais, il va tout raconter à son père.

Des minutes de marche. On sort du village et attende devant la route nationale une voiture qui pourrait nous amener à Dakar ? peut-être. Tout ce que je souhaite, c'est partir loin d'ici.

Une belle voiture s'arrête devant nous. En voyant les gens dedans, je peux conclure qu'ils sont riches. Coumba me chuchote qu'elle les reconnaissait et que les deux jeunes hommes connaissaient sûrement Ndeye Absa.

La dame qui conduisait, nous autorise à monter. Ils vont dans le village d'à côté et retournent à Dakar dans deux semaines.

Un des jeunes hommes, discutait avec ma fille, l'autre était plus tôt réservé. Moi j'échangeais avec la dame qui est très ouverte. Je l'ai expliqué en gros ce que j'ai fais et elle m'a félicité et m'a promis de m'aider.

Leur maison était la plus jolie dans le village. Deux étages avec des fleurs à l'entrée. L'intérieur était plus belle et propre. Elle m'a installé, ma fille et moi chacune dans une chambre à la première étage. Je ne cessais de la remercier.

Pendant qu'Alima et sa fille Coumba découvrent et commencent une nouvelle vie. La police débarque et amène Alpha, le père de famille et son fils aîné Demba. Les policiers leur explique en gros. Et ils comprennent tous. Le reste de la famille se mette à chercher Alima et sa fille.

CHRONIQUE SÉNÉGALAISE: Ndeye Absa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant