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Suite du chapitre 3

Tu ouvres la bouche mais seul un lent cri strident en sort. Un magnifique hurlement qui ferait pâlir de jalousie le plus doué des castrats. Le quinquagénaire se contente d'observer ses ongles pendant que tu t'égosilles sans pouvoir t'arrêter. Il finit tout de même par perdre patience et tu observes avec horreur l'homme, nu comme un ver, s'approcher de toi sans arrêter un instant de crier et incapable d'effectuer le moindre mouvement.

Une claque magistrale te permet enfin de te ressaisir et tu t'éloignes le plus possible du pervers tout en te massant la joue où une plaque rouge en forme de main est apparue.

— Vous êtes qui, putain ?! lances-tu d'une voix tellement aiguë que le verre vide sur la table de chevet tremble, menaçant de se briser.

—Moi ? Ça me semble évident pourtant, je suis Cupidon.

Tu observes le quinquagénaire, peu convaincu. Il n'a rien d'un chérubin et ne porte aucun arc.

— Ouais, c'est ça, ironises-tu. Et moi je suis le roi d'Angleterre !

— Enchanté, Votre Majesté. Ça ne change rien au fait que tu vas devoir te débrouiller pour séduire quelqu'un et l'embrasser de la façon la plus démonstrative possible devant toute l'école.

Cupidon croise les jambes ce qui cache enfin son intimité, soulageant tes yeux de ce spectacle horrible. Tu pinces l'arête de ton nez en prenant une grande inspiration. Mais comment t'es-tu débrouillé pour te retrouver dans cette situation ?

— Ok, imaginons que je vous crois. Pourquoi moi ? En quoi le fait de demander à un lycéen d'embrasser quelqu'un devant une bande d'ados va permettre de sauver l'amour ?

— De faire perdurer l'Amour, corrige-t-il en insistant sur le A majuscule.

— Ouais, ouais, faire perdurer... l'amour et tout ça ?

— Eh bien, ces dernières décennies on s'est concentrés sur le grandiose. Ça n'a pas très bien fonctionné... D'abord Lady Di et maintenant Meghan et Harry... Ça ne s'est pas déroulé exactement comme on l'imaginait...

Tu hausses un sourcil. Mais de quoi il parle ?

— Bref, on a décidé qu'il était temps de revoir notre stratégie et de viser plus petit. Et c'est là que tu interviens.

Le quinquagénaire pointe l'index dans ta direction d'un air théâtral. Il attend un instant dans cette position que tu poses une question, mais lorsqu'il comprend que tu te contentes d'attendre la suite des explications en silence, il reprend la parole.

— Tu es parfait pour une opération de petite envergure comme dans cette école ! L'étudiant pauvre qui travaille dur pour conserver sa bourse et pouvoir rester au château rencontre la princesse, ou le prince, de ses rêves et l'embrasse à minuit au bal du lycée. Un vrai conte de fée !

— Y a juste un petit problème dans votre plan, ô combien génialissime, lances-tu.

— Ah oui, et lequel ?

— Je m'en bat les steaks de l'amour. Ça n'existe pas.

— Ça, je m'en contre-fiche, mon garçon, déclare Cupidon en se levant. On te demande juste d'embrasser quelqu'un au bal et de finir la nuit avec. Dès le lendemain tu peux lui briser le cœur si ça te chante.

— Et si je refuse ?

— Je te l'ai dit : tu meurs instantanément et finis en enfer. Le grand barbu aime pas quand on lui désobéi, il est un peu rancunier parfois. Je te raconte pas la fois où cette humaine lui a volé une pomme...

Tu restes bouche-bée. Du chantage ! Cupidon est en train de te faire chanter ! Et il s'en contre-fiche que tu trouves réellement l'amour ou non !

— Bref, j'ai pas que ça à faire. Faut que j'aille annoncer à un patron de multinational qu'il doit épouser sa secrétaire. Tu vois ? Tu t'en sors pas si mal, toi t'as juste besoin de faire un bisou à quelqu'un.

Avant que tu ne puisses ajouter quoique ce soit, Cupidon claque des doigts et disparaît. Tu ouvres lentement la porte de ta chambre, une peur viscérale te torturant de l'intérieur, mais cette fois-ci elle donne sur le couloir du dortoir.

Tu te laisses glisser au sol, mais quel pétrin ! Cet enfoiré aurait pu te prévenir plus tôt, comment tu vas te débrouiller pour inviter quelqu'un au bal en moins de deux semaines ? L'amour n'a jamais été ton truc, résultat tu n'as jamais dragué quelqu'un. Autant demander à un nouveau-né de courir un marathon.

En tout cas, ce n'est pas en restant dans ta chambre que tu vas trouver quelqu'un. Tu te relèves, la peur paralysant tes intestins et sors du dortoir. Une fois sous le soleil rassurant de ce début de printemps, tu te mets à réfléchir aux différentes possibilités.

À cette heure-ci les étudiants les plus studieux sont en train de réviser à la bibliothèque. Les sportifs, quant à eux, s'entraînent sur les terrains de sport. Certains élèves, plus timides, préfèrent se détendre dans la salle commune du dortoir. Il y a également la forêt qui borde l'école et où certains aiment se promener pour se rapprocher de la nature.

Où est-ce que tu as le plus de chance de rencontrer « l'amour de ta vie » ?

La bibliothèque => Chapitre 15

Les terrains de sports => Disponible prochainement

La salle commune => Disponible prochainement

La forêt => Disponible prochainement 

Cupid's Threat : La Bibliothèque Tome 1 - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant