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Suite des chapitres : 167 ; 169

Tu ne tiens pas vraiment à arborer un œil au beurre noir ces prochains jours, plus vite tu leur donnera ce qu'ils veulent, plus vite ils te laisseront tranquille. Avec réticence tu fais glisser ton sac de tes épaules et la grosse brute te lâche pour que tu puisses en sortir ton portefeuille.

La brute se craque les phalanges pendant que tu en extirpes billets et pièces de monnaie. Il n'attend pas que tu lui tendes ton argent, il s'en empare avidement en te les arrachant des doigts. Tu les observes, lui et ses amis, partir en s'esclaffant, amer. Comme la plupart des élèves de ce lycée, leurs parents sont riches. Ils n'ont donc pas besoin de ton argent, ils aiment juste la sensation de pouvoir que leur procure le fait de t'arracher le peu que tu possèdes.

Désemparé, tu restes un moment dans le couloir à ravaler les larmes de colère et de hontes qui menacent de noyer tes yeux. Il faut que tu te calmes avant de rejoindre Haruto, sinon il risque de se rendre compte que tu es bouleversé. Tu viens à peine de te ressaisir lorsqu'il apparaît dans ton champ de vision.

— Tout va bien ? demande-t-il. Tu as les yeux rouges.

— Oui, oui ça va. C'est juste la poussière.

Heureusement, Haruto te croit et vous vous dirigez ensemble vers la cafétéria. Une fois assis, il sort deux tupperwares de son sac et t'en tend un.

— J'ai essayé de refaire des makis hier soir et j'en ai préparé aussi pour toi. Malheureusement, ils sont loin d'être aussi bon que la dernière fois.

— Merci beaucoup !

Tu goûtes à un des sushis et, en effet, le riz est trop dur et les ingrédient auraient été plus agréables à mâcher s'il avaient été découpés plus finement. Mais mis à part ça, il est excellent.

— C'est très bon, assures-tu. Il faudrait juste que tu laisses le riz cuire un peu plus longtemps la prochaine fois.

Pendant que vous mangez, il se lance dans un nouveau cours magistral sur la culture japonaise. Encore. Tu commences à regretter d'avoir utilisé cette excuse pour te rapprocher de lui, mais au moins il semble heureux de partager ses connaissances avec quelqu'un.

Soudain, le déclic se fait dans ta tête et tu comprends pourquoi Haruto est si désireux de partager sa culture avec toi. Tu doutes qu'il ait eu beaucoup d'occasions de rentrer chez lui depuis le début du lycée.

— Le Japon te manque énormément, n'est-ce pas ?

— Eh bien oui, répond-t-il surpris par ta question. La dernière fois que j'y suis retourné c'était pour noël et je n'ai pu rester qu'une semaine.

— Qu'est-ce qui te manque le plus ?

— De parler en japonais, rigole-t-il. Je me débrouille pas mal en français, mais les phrases sont loin de me venir aussi naturellement que dans ma langue maternelle. Et j'ai parfois de la peine quand les gens parlent trop vite, surtout certains professeurs. Et puis, je suis beaucoup plus drôle en japonais qu'en français.

Tu le regardes avec des yeux ronds. S'il y a bien un mot que tu n'utiliserais pas pour décrire Haruto, c'est « drôle ». Mais s'il commence à plaisanter avec toi, c'est bon signe. C'est la preuve qu'il est plus détendu en ta présence.

— Et ce qui me manque le plus après la langue, c'est ma famille. Je leur parle au téléphone, mais ce n'est pas pareil que d'être avec eux.

Le silence retombe entre vous tandis qu'Haruto se plonge dans ses souvenirs. Il est évident que, s'il avait vraiment eu le choix, il n'aurait pas quitté son Japon adoré, mais ses parents ont probablement dû insister voir l'y obliger.

— Je ne peux pas remplacer ta famille, mais tu peux m'apprendre quelque mots de japonais. Comme ça, à défaut de vraiment pouvoir le parler, tu pourras quand même entendre des sonorités familières.

L'idée lui plait et il passe le reste du repas à t'apprendre les mots et les phrases les plus courants en japonais. L'exercice le met de tellement bonne humeur que tu t'appliques pour mémoriser et prononcer correctement ce qu'il t'enseigne. Lorsqu'il est temps de vous séparer, il semble déçu de devoir mettre fin à la leçon.

Le reste de la journée file à une telle vitesse que tu as à peine le temps de penser à Haruto ou à la menace de mort qui plane au-dessus de ta tête. Cependant lorsque tu te couches dans ton lit le soir, tu es incapable de trouver le sommeil. Il ne reste plus que trois jours avant le bal, et tu n'as toujours pas invité Haruto. Par miracle, il n'a toujours pas de cavalier pour l'accompagner, mais cela risque de ne pas durer. Il est grand temps de te jeter à l'eau, mais reste à savoir comment tu vas t'y prendre.

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Un simple message par téléphone devrait suffire => Chapitre 196 (tome 2)

L'inviter dans un endroit discret => Chapitre 197 (tome 2)

L'inviter devant un public => Chapitre 198 (tome 2)

Cupid's Threat : La Bibliothèque Tome 1 - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant