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Suite du chapitre 71

Inutile de céder à la paranoïa, tu doutes que Cupidon pousse le vice jusqu'à t'espionner. Il a probablement mieux à faire, comme gâcher la vie d'autres innocents. En plus, vu la réaction de Virginie lorsque tu as légèrement bougé la tête, mieux vaut ne pas quitter ta position inconfortable.

Telle une statue humaine, tu fais donc de ton mieux pour ne pas bouger d'un poil tandis que Virginie te peint en silence. Tu as de la peine à cacher ta déception : jouer au modèle, c'est bien moins romantique que dans Titanic. Quant à ta sensation d'être observé, elle est toujours aussi présente qu'avant, mais tu décides de l'ignorer.

Au bout d'un moment, tu entends la porte s'ouvrir et tourne légèrement la tête pour apercevoir le nouveau venu.

— Pas bouger, j'ai dit !

À contrecœur, tu repositionne ta tête tandis que Virginie se tourne en direction de la porte.

— Julie ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

— J'ai oublié mes pinceaux ici, je suis venue les récupérer. Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

— J'étais en train de le peindre.

Tu peux entendre des bruits de pas, puis plus rien. La porte ne s'est pas rouverte, l'inconnue est donc encore là.

— C'est très beau, assure la dénommée Julie. Je suis sûre que le résultat final sera excellent.

— Je peux voir aussi ? demandes-tu.

— Hors de question ! refuse Virginie. Je t'interdits de regarder le tableau avant qu'il soit fini, ça gâcherait l'effet de surprise.

Virginie recommence à te peindre et tu peux apercevoir du coin de l'œil Julie sortir son matériel et l'imiter. Elle aurait quand même pu te demander la permission avant ! De mauvaise humeur, tu continues à fixer le vide devant toi en priant pour que ton calvaire prenne vite fin.

Au total, tu auras passé près de deux heures à jouer les statues avant que Virginie ne décide enfin de mettre fin à ta torture. Tu te laisses tomber sur une chaise, épuisé. Tu ne veux plus jamais revivre ça de toute ta vie. Tu peux enfin observer de plus près Julie, qui, grande et élancée, ne te quitte pas des yeux. Décidément, ces étudiants en art sont vraiment sans gêne.

Tandis que vous retournez tous les trois aux dortoirs, tu les laisses papoter entre elles, incapable de penser à autre chose qu'à ton estomac vide et ton lit douillet. Tu n'as pas le courage de faire l'aller-retour jusqu'à la cafétaria, tu devras donc te contenter d'un bol de nouilles instantanées ce soir.

— Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ? interroge Julie. Je crois bien que je t'ai jamais vu avant.

— On s'est fait capturés par un dragon dans la bibliothèque. Après ça il m'a stalké jusqu'à ma chambre.

— Je ne t'ai pas stalkée ! protestes-tu. Je te ramenais juste les affaires que tu avais oublié à la bibliothèque.

Voici donc comment elle te considère, comme un stalker, ça commence mal. Julie t'observe d'un air méfiant, hésitant manifestement à appeler la police pour protéger Virginie. Tu ravales la floppée de de jurons qui te viennent à l'esprit et tu te retiens également de nier à nouveau que tu la harcèles. Plus tu essaieras de te défendre et plus tu auras l'air louche. Au moment de vous quitter, Julie s'arrête soudain devant toi et t'observe de haut en bas d'un œil critique.

— Tu ne trouves pas qu'il ferait un excellent remplaçant pour David ? demande-t-elle à Virginie. En plus il n'était pas mauvais aujourd'hui, il arrive étonnamment bien à se tenir immobile pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de poser.

— Oh oui, quelle bonne idée !

— Euh... c'est qui David ?

— C'est le modèle de notre groupe de peinture, mais il ne peut pas venir poser demain soir parce qu'il est à l'hôpital à cause d'une appendicite. Tu veux bien le remplacer, s'il-te-plait ?

Virginie te supplie du regard avec ses immenses yeux bleus pleins d'innocence. Comment pourrais-tu lui dire non ? Tu es certain que Julie est bien consciente du pouvoir de persuasion de son amie et qu'elle vient de l'utiliser pour t'obliger à poser pour eux.

— C'est d'accord, soupires-tu.

Tu as le droit à l'étreinte d'ours de Virginie et tu sens l'air être expulsé contre ton gré de ta cage thoracique. Tes côtes restent douloureuses même plusieurs minutes après qu'elle t'ait relâchée. Comment est-ce qu'un corps aussi frêle peut avoir autant de force ?

Le lendemain soir, tu traînes des pieds jusqu'à la salle de dessin. Tu n'as aucune envie de poser pour une bande d'inconnus, mais au moins cela te permettra de passer un peu plus de temps avec Virginie.

— Ah te voilà, te salue Julie lorsque tu rejoins la salle de classe. Tu es du genre ponctuel.

La jeune femme te fait signe de la suivre jusqu'à la pièce adjacente qui sert apparemment de réserve au club de théâtre à en juger par tous les costumes qui traînent, pêle-mêle, dans tous les coins. Julie fouille parmi les rares habits qui sont suspendus à un ceintre et te tend une toge de la Grèce antique ainsi qu'un peignoir.

— Je dois mettre les deux ?

— Évidemment que non. Je te laisse choisir entre les deux. Si tu es du genre pudique, mets la toge sinon... ça fait très longtemps qu'aucun modèle n'a osé poser nu.

— Tu veux que je pose nu ?!

— C'est toi qui vois, on ne t'oblige à rien.

Julie passe la tête dans le couloir pour s'assurer que personne ne l'écoute, puis elle continue à voix basse.

— Mais si tu veux impressionner Virginie, je te conseille vivement de poser nu. Résultat garantie.

Puis, sur ces mots, elle quitte la pièce pour te laisser te changer. Tu observes, indécis, la toge et le peignoir. Tu n'as aucune envie de te retrouver nu devant des inconnus, encore moins quand ces inconnus font partis de ton lycée, mais tu as désespérément besoin de plaire à Virginie.

+ 1 point

Porter la toge => Chapitre 137

Se mettre nu => Chapitre 139

Cupid's Threat : La Bibliothèque Tome 1 - Histoire interactiveDonde viven las historias. Descúbrelo ahora