17. où Namjoon...

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Namjoon conduisait la voiture du maire.

Il était – il consulta sa montre à gousset – 18 heures 18.

Le spectacle commençait à vingt heures, il leur fallait une heure et dix minutes pour arriver jusqu'à la préfecture, jusqu'au quartier général des forces occupantes où avait lieu le spectacle. Ils seraient donc à l'heure, à moins d'une crevaison, d'une panne, d'une lubie subite du maire, assis à côté de lui et qui déblatérait sur ses problèmes conjugaux. A moins d'une attaque aérienne alliée, de...

Namjoon força ses pensées à reprendre un cours plus positif.

Il avait déjà réussi la première étape : convaincre, du haut de son poste de directeur de la mairie de leur petite ville, le responsable culturel régional des forces ennemies que Kitty était sans conteste le meilleur chanteur actuel et qu'il se ferait une joie de faire un spectacle à moindre coût pour leur grande rencontre annuelle car, avait-il ajouté pour faire bonne mesure, « Kitty était un grand admirateur des actions militaires occupantes, à la fois fermes mais bienveillantes envers la population, et qu'il n'espérait qu'une chose, c'était de pouvoir les aider de son côté. »

Jimin avait hurlé quand il lui avait expliqué le rôle qu'il allait devoir endosser.

Car Park Jimin était tout sauf un collaborateur. Il n'était déjà pas très motivé pour chanter devant ce parterre d'officiers ennemis alors devoir montrer une fausse admiration lui restait en travers de la gorge. Finalement, à force d'explications, Namjoon avait réussi à lui montrer l'intérêt de ce sacrifice pour le réseau, pour la Résistance, pour le pays tout entier, et Jimin avait accepté.

Deuxième étape réussie.

Mais il craignait tout de même un peu que le chanteur, régulièrement sujet à des sautes d'humeur, ne décide au dernier moment que ses valeurs étaient finalement incompatibles avec la mission supplémentaire qu'il lui avait attribuée. Son seul espoir était Yoongi, il lui avait assuré qu'il ne quitterait pas Jimin d'une semelle avant le début du spectacle.

En tant que directeur de la mairie, Namjoon accompagnait Monsieur le Maire, convié à cet étalage de puissance et de luxe qu'était la soirée annuelle des officiers. Le maire était, lui, un collaborateur zélé, et Namjoon pouvait ainsi obtenir des informations de la plus haute importance qu'il s'empressait d'utiliser lorsqu'il endossait le rôle de RM pour le réseau Bora.

Contrairement à Jimin, lui était habitué à jouer double jeu, à la nécessaire hypocrisie, aux mensonges, même si ce n'était pas toujours simple. Les cauchemars qu'il faisait la nuit étaient là pour le lui rappeler. Le danger décuplé de travailler avec l'armée occupante au quotidien, le doute moral, la responsabilité de la réussite des actions du réseau et surtout de la vie des autres...

L'échec, aussi. Encore trop souvent.

Namjoon avait parfois besoin d'oublier, de s'oublier ne serait-ce qu'un instant, pour pouvoir tenir.

Il sourit à la pensée qu'il serait là lui aussi ce soir.

Ils ne pourraient pas beaucoup se parler, encore moins se toucher, mais le simple fait de le voir lui faisait du bien. Il était son réconfort intime.

Ça, et la bonne humeur de Jungkook. L'arrivée de ce garçon, le fait que Namjoon doive l'héberger et donc le côtoyer au quotidien, avait amené une véritable bouffée d'air dans sa vie.

Lorsque Titan, chef du réseau Alpha et surtout ancien camarade d'université de Namjoon, l'avait contacté pour lui demander d'accueillir Arès, Namjoon avait été surpris. Après des années sans nouvelles, suivies d'une hostilité muette mais bien palpable depuis le début de la Résistance et la création de leurs réseaux respectifs, la soudaine cordialité de Titan au téléphone était douteuse. Namjoon avait pourtant accepté, en se promettant de rester sur ses gardes. C'était le genre de services qu'on ne refusait pas entre camarades de Résistance.

Résistances [yoonminkook]Onde histórias criam vida. Descubra agora