Epilogue. Et ils vécurent...

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Un an plus tard

Jimin était seul pour un petit moment encore.

Seul avant les lumières, la foule, cette tension indescriptible.

Seul avant la danse et les notes.

Cela lui avait tant manqué.

Il avait accueilli le retour de Kitty comme une grande bouffée d'air après une apnée douloureuse.

C'était son père qui, une fois l'ennemi vaincu, une fois Jimin rentré au Château, une fois les larmes taries, avait demandé si Kitty reviendrait. Jimin avait été surpris, jamais son père n'avait paru s'intéresser à cet aspect de sa vie. A quelque aspect que ce soit de sa vie, pour dire vrai. Mais il avait insisté, dit que ça lui ferait du bien pour tourner la page « des horreurs qu'il avait dû vivre ». Ses yeux avaient tant exprimé, à ce moment-là. Ses yeux, et la main posée un instant sur la tête de Jimin.

Jimin ne se souvenait pas avoir jamais eu de contact physique avec son père.

Il avait dit qu'il allait réfléchir. Avait réfléchi et, oui, c'était une bonne idée. Il était retourné dans la petite pièce, avait retrouvé les accessoires, les costumes. Le rose. Avait recommencé à danser, timidement d'abord, puis avec un besoin grandissant. A danser et à chanter. Puis son père avait réussi à trouver des opportunités de concert, et tout s'était enchaîné.

Aujourd'hui il était là, pour ce concert tant attendu. Celui de la capitale. Ses mains trituraient la perruque rose, ne se décidaient pas à la mettre, encore.

Les mois avaient été difficiles.

L'absence de Jungkook, comme un membre arraché.

L'incertitude de la fin de la guerre, malgré les alliés. La peur des dernières cruautés. Le départ des troupes ennemies, finalement, une débandade qui laissait euphorique mais un peu perdu, un peu vide.

Sans la Résistance, de quoi était faite la vie ?

Heureusement Yoongi était là, était toujours là.

Yoongi et son amour, Yoongi et sa passion tranquille. Yoongi et ses versants imprévisibles, aussi. Dieu, qu'il aimait cet homme, se disait-il quotidiennement. Et cela les faisait rire, d'être parvenus à survivre à l'Occupation, et à la Libération, aussi. En tant que couple. Après tout, lui et cet ours mal léché n'étaient pas prévus pour s'entendre. La fin de la Résistance aurait pu signifier la fin de leur entente. La fin de leur amour.

Il n'en était rien.

Ils avaient décidé de ne pas habiter ensemble, mais les visites de Jimin au petit appartement de la pharmacie se faisaient aussi régulières qu'avant, même plus maintenant que Yoongi était plus disponible. Ils se manquaient quand ils ne se voyaient pas, se disputaient, du moins Jimin se disputait, se réconciliaient, s'aimaient.

Le bonheur, oui. Malgré cette absence et ce manque qu'ils ressentaient tous les deux.

Le bonheur, un bonheur quotidien, sécurisé. On n'aimait plus dans l'urgence, on savourait l'amour.

C'était nouveau, et c'était bien.

Le réseau Bora n'existait plus mais la famille qui s'était créée tout autour, elle, continuait d'exister.

Namjoon avait été élu maire de la ville un peu malgré lui, une fois que la purge des dirigeants collaborateurs avait eu lieu.

Hoseok avait refusé des offres, insisté pour garder son boulot de facteur. Jimin savait que c'était beaucoup grâce à lui que Namjoon avait été élu.

Taehyung avait fait sa première exposition. Des œuvres qui criaient la guerre, l'Occupation, la mort. Mais aussi l'espoir. Il signait Vante, pour ne jamais oublier. Son talent avait été salué par le milieu spécialisé.

Malgré la fin de l'Occupation et sa réhabilitation, il continuait à habiter chez Hoseok. Jimin s'amusait à lui rappeler combien c'était étrange, rien que pour le voir se troubler et rougir. Il n'avait pas encore parlé mais Jimin se doutait bien. Il en était heureux.

Il était heureux aussi pour Namjoon. Car ce dernier n'était pas seulement devenu le personnage le plus important de la ville, il avait aussi imposé Seokjin.

Seokjin, qui avait eu le courage de rester, à la fin de la guerre. Qui avait depuis bien longtemps remplacé sa patrie par les valeurs de justice et d'amour.

C'était dangereux en ces temps de Libération, les gens se vengeaient, aveuglément parfois. Combien de meurtres, combien de tontes injustifiées. Mais on ne pouvait pas tout contrôler.

Namjoon veillait, protégeait Seokjin. Ne le lâchait pas d'une semelle. Et Seokjin s'était peu à peu fait une place sûre dans la ville, parmi eux.

Vraiment, tout était bien maintenant.

Presque parfait.


Jimin soupira. C'était toujours plus dur avant une représentation.

Il se rappelait leur dernier spectacle, avant le départ pour le maquis.

Leurs duos sur scène.

Le baiser.

Yoongi et lui n'avaient eu que peu de nouvelles de Jungkook. Trois lettres à peine, en un an. Pas d'appel. Il semblait aller bien, le réseau Alpha avait participé à la libération de la capitale. Jungkook habitait avec Gaïa maintenant. Jimin en était affreusement jaloux, malgré les mots de Yoongi, l'assurance que la relation entre les deux était presque filiale.

On ne se refait pas, la jalousie naissait vite, chez lui.

La sonnerie stridente qui marquait l'imminence du début du spectacle retentit, Jimin fut bien obligé de se secouer.

Il se retourna vers le miroir pour mettre sa perruque rose, pour devenir Kitty.

Pour apaiser un peu son cœur insatisfait, le temps d'une soirée.

Dans le miroir il vit la poignée de la porte s'abaisser, reconnu le costume marron de Yoongi. Le sourire, radieux.

Instantanément il se sentit mieux.

Il lui rendit son sourire dans la glace, allait se retourner pour le prendre dans ses bras quand son attention fut attirée par un mouvement derrière Yoongi.

Yoongi qui se décalait un peu, laissait la place.

Une silhouette, sombre.

Habillée tout en noir, bien sûr, comme toujours.

Légèrement différente d'avant, les cheveux plus longs, les traits plus matures.

Mais toujours ces yeux noirs.

Ce sourire.

C'était tellement lui.

— Tu es venu, fit simplement Jimin.

Incapable de se retourner, de bouger même. Peur que l'illusion ne s'échappe.

Il hocha la tête, s'approcha.

Jimin sentit des bras l'entourer, des doigts se frayer un chemin jusqu'à sa nuque.

Ce n'était pas une illusion.

Il vit Yoongi, derrière, qui lui souriait, qui leur souriait.

— Vous m'avez manqué, souffla Jungkook.

Et, finalement, tout prit un goût de perfection.


FIN

Un immense merci à toutes et à tous d'avoir lu Résistances! J'espère que vous avez aimé suivre Jimin, Yoongi et Jungkook dans leurs aventures. 
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.

Avec un peu de chance, ils reviendront pour une autre époque, une autre histoire...


Résistances [yoonminkook]Where stories live. Discover now