Résistances [yoonminkook]

33. où Yoongi obéit

Yoongi attendait depuis des heures.

Figé près du chemin d'accès au camp, tantôt perdant espoir, tantôt le rattrapant. Mais ne quittant jamais la colère qui l'habitait, depuis le message de RM.

La colère, la haine même.

Il avait osé les trahir. Il avait osé faire semblant de les aimer, de s'être attaché à eux, pour mieux endormir leur vigilance.

Et eux avaient plongé dans ce piège trop brillant.

Surtout lui.

Yoongi s'en voulait, se rendait responsable de tout ce qui arrivait.

C'était lui le premier qui avait fait confiance à Jungkook.

C'était lui qui avait constamment montré à Jimin combien il s'ouvrait à lui, combien il l'acceptait. L'acceptait avec eux, même.

Jimin n'avait fait que suivre, n'avait fait que lui faire confiance.

Et il était peut-être mort à l'heure qu'il était.

Yoongi sentit à nouveau cette douleur violente, insupportable, qui prenait tout son être dès qu'il pensait à cette possibilité.

Il avait pourtant tenté de la refouler. Tenté de garder espoir.

De se dire que Jimin était fort, malin, et surtout, qu'il avait tant douté de Jungkook que le moindre indice le remettrait sur ses gardes.

Il avait tenté de se dire que cet ennemi, cet amant de Namjoon s'était peut-être trompé, les avait peut-être trompés.

Que Jungkook était innocent et ne projetait pas de tuer Jimin.

Ou, simplement, qu'il ne le ferait pas ce jour-là, pas pendant cette mission-là.

Yoongi aurait le temps de prévenir Jimin, alors, et ils pourraient trouver un moyen de contrecarrer JK.

Mais Yoongi savait. Il savait que cette occasion était trop belle, cette demande soudaine de Jungkook trop évidente. Proposer d'accompagner Jimin à la frontière... Eux deux, seuls.

A moins que Jungkook ne soit pas du tout impliqué...

Sans cesse, ses pensées revenaient vers cet espoir fou, contraire à toute logique, contraire à toutes les preuves que son esprit méthodique était allé débusquer rétrospectivement.

Les gestes, les sourires, les actes. Les paroles bien sûr, celles qu'il laissait échapper. Tout Jungkook avait été passé au crible par Yoongi pendant ces longues heures d'attente, ces longues heures d'impuissance.

Yoongi crevait de ne pouvoir rien faire, crevait d'être seul face à cette angoisse.

Il n'avait pas informé Chris ni Martin, encore. RM avait demandé d'être discret, de peur que son amant soit soupçonné. Et Yoongi avait encore cet infime espoir que tout ne soit qu'un malentendu, un rêve.

Un cauchemar plutôt.

La peur de perdre Jimin. Cette peur régulière, à laquelle pourtant il ne s'habituerait jamais.

Qui prenait ce jour-là un goût particulier, une intensité monstre.

Yoongi savait que, si tout était vrai, Baby avait peu de chances de résister à JK. A Arès. Il était condamné, malgré sa force, malgré ses qualités au combat, malgré son intelligence. Jungkook était supérieur.

Si c'était vrai...

Yoongi ne comprenait pas pourquoi il s'entêtait à utiliser cette phrase, « si c'était vrai... ».