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 Florence fut réveillée par des cris et des exclamations de surprise. Elle ouvrit les yeux au moment où une bombe de peinture vint s'écraser contre la vitre du bus sur laquelle sa tête reposait l'instant d'avant. Elle poussa un petit cri qui fut heureusement couvert par le brouhaha du reste du bus.

Ce dernier roulait à vitesse réduite. Les étudiants étaient surexcités. Certains affichaient des sourires confiants là où d'autres étaient partagés entre la curiosité et l'appréhension. Comme tous les première année, elle appartenait à la seconde catégorie. Son voisin semblait dans la même situation qu'elle. Assez grand, fin, le crâne rasé, il avait l'air d'avoir son âge. Cela la rassurait un peu. Du haut de ses vingt ans, elle avait peur que ses deux années dans le système scolaire plus « conventionnel » ne fassent d'elle l'aînée des première année.

« Excuse-moi, il se passe quoi en fait ? demanda-t-elle à l'inconnu.

— Je crois que c'est leur manière de nous dire bonjour... »

Il avait l'air aussi perdu qu'elle, mais tenta tout de même un sourire rassurant. Florence décida qu'elle aimait bien son futur camarade.

« J'espère qu'ils seront à court de munitions quand on devra sortir » ajouta-t-il.

Au même moment une nouvelle vague de couleur vint personnaliser le bus. Il était à présent difficile de distinguer ce qu'il se passait à l'extérieur. Toutes les vitres étaient rendues opaques par les attaques de bienvenue. Le conducteur roulait au pas et mobilisait toute la puissance de ses essuie-glace.

« Je crois que c'est un peu optimiste... »

Son voisin acquiesça avec un sourire contrit.

« Trop chiant, je vais devoir me laver les cheveux. »

Florence ne put s'empêcher de rire à la remarque.

« Enchantée, moi c'est Florence !

— Oh là ! Qu'est-ce que j'entends ? »

Florence mit un instant à comprendre que la personne qui venait de crier s'adressait à elle. C'était une jeune femme brune aux yeux clairs qui s'était retournée sur son siège. Florence s'arrêta un moment sur le tatouage qui recouvrait son bras gauche et sur ses divers piercings, en se disant qu'elle avait définitivement la classe.

« Les prénoms c'est pour les autres. Ici, on utilise les pseudos !

— Les pseudos ? répondit le voisin de Florence. J'ai un peu honte du mien, disons que j'avais 13 ans et...

— T'inquiète, le nouveau, le coupa la jeune femme. Les anciens s'occuperont de vous nommer. En attendant, débrouillez-vous sans prénoms. »

Florence se dit qu'elle n'était plus une gamine et qu'elle n'avait pas vraiment envie qu'un parfait inconnu décide de la nommer. Pourtant, elle n'osa pas protester. Peut-être était-ce le sourire ravageur de son interlocutrice qui lui faisait perdre ses moyens. Peut-être était-ce la peur de ne pas trouver sa place si elle s'opposait dès maintenant au fonctionnement de cet étrange établissement. Ou peut-être était-elle tout simplement trop timide pour ça.

« Allez, descendez avant qu'ils viennent tout ravager. » grogna le conducteur dans son micro.

Le bus était enfin à l'arrêt. L'ancienne élève sourit.

« Moi, c'est Maghla, se présenta-t-elle. Et laissez vos sacs à dos ici, conseil d'ancienne ! »

Elle se leva et rejoignit la file d'élèves qui s'entassaient déjà dans le couloir pour sortir. Majoritairement des anciens à en juger par leur démarche assurée et par les vives discussions qu'ils entretenaient. Quelques première année tentaient aussi de faire bonne figure et de s'intégrer.

Florence se tourna vers son voisin qui haussa les épaules.

« Du coup... enchantée chère euh... voisine de bus ? Vivement les pseudos... »

Florence se contenta d'un sourire alors qu'elle suivait l'inconnu dans l'allée de bus. Elle avait légèrement peur de ce qu'elle allait trouver en sortant.

Rien n'aurait pu la préparer au spectacle qui s'offrait à elle. Les montagnes s'étendaient à perte de vue. Seule la route que le bus avait dû emprunter pour arriver jusqu'ici brisait les arabesques naturelles. Elle se retourna pour découvrir un imposant bâtiment. Il ressemblait à peine à la photo de mauvaise qualité qui se trouvait sur la brochure qu'elle avait reçue. On aurait dit la devanture d'une gare avec cette énorme horloge et ce clocher qui surplombait une bonne vingtaine de mètres de briques et de baies vitrées. Autour d'elle, les élèves se séparaient en deux groupes, les anciens dirigeant les nouveaux à grands cris. Bientôt, les première année furent cloisonnés dans un cercle approximatif entouré d'anciens couverts de peinture verte, bleue et rouge.

Florence se rendit compte que les attaques de peinture avaient effectivement cessées à leur sortie du bus et elle remercia le ciel pour ça.

De nouveaux cris plus ordonnés se firent entendre dans les rangs des anciens. Manifestement des élèves un peu spéciaux faisaient leur entrée. Ils se hissèrent chacun sur l'un des bus garés autour des étudiants.

L'un était affublé de lunettes de soleil vertes et portait un mégaphone. Un Z vert barrait son t-shirt. Ce fut lui qui prit la parole en premier.

« Ravi de voir que vous êtes tous arrivés à T.W.I.T.C.H.. Bienvenue à tous ! » hurla-t-il.

Aussitôt, les anciens se mirent à applaudir et pousser des cris d'encouragement, rapidement rejoints par les nouvelles recrues.

L'un des autres escaladeurs de bus, affublé d'un t-shirt bleu marqué d'un K prit la parole :

« vous verrez que T.W.I.T.C.H. donne sa chance à tout le monde. En échange, vous devez aussi vous ouvrir à elle et être reconnaissants ! »

De nouveaux cris et de nouveaux applaudissements se firent entendre. La dernière silhouette prit la parole. C'était une femme aux cheveux bruns et au rouge à lèvres carmin. Elle ne portait pas de lettre sur son t-shirt comme les deux autres, en revanche elle tenait un cocktail à la main. Sa voix porta presque plus que celle du premier interlocuteur sans qu'elle n'ait besoin de mégaphone.

« Ce soir, vous serez tous baptisés et vous rejoindrez l'un ou l'une de nous pour commencer votre aventure au sein de la T.W.I.T.C.H.. Alors, laissez-vous guider. Et... »

Elle fit une petite pause volontairement dramatique pendant laquelle les anciens se mirent à taper du pied.

Les trois chefs de bus, comme Florence se décida à les appeler, conclurent alors d'une même voix.

« Que le live commence ! »

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