34.

385 30 21
                                    

 « T'es sûr que tout va bien ?

— Mais oui, si je te le dis ! »

ZeratoR adressa un sourire rassurant à MoMaN, qui sembla perplexe. Il haussa les épaules et continua à manger son petit-déjeuner. Le vampire savait qu'il serait trop fatigué pour insister. Lui fixait la table à laquelle Étoiles prenait normalement place le matin. Certains de ses amis étaient là, mais lui manquait à l'appel et ZeratoR avait un mauvais pressentiment.

Il fourra machinalement la cuillère de céréales dans sa bouche.

« C'est à cause du nouveau, c'est ça ? »

ZeratoR se retourna vers MoMaN. Manifestement, il était plus alerte que ce qu'il pensait. Il tenta de lui faire comprendre qu'il ferait mieux de ne pas s'aventurer sur ce terrain. C'était inutile, MoMaN était bien le seul qui pouvait lui résister sans ciller. Il était là depuis le début et il l'avait vu dans ses pires moments.

« Je t'ai dit que ça allait, tenta-t-il néanmoins.

— Ouais, bien sûr. Je t'avais prévenu Zera, t'as trop déconné. Forcément, ça allait arriver.

— De quoi tu parles ?

— Bah, tu t'es attaché.

— Je me suis attaché à rien du tout.

— Ouais. Allez, je vais me coucher. Essaye d'éviter d'aggraver la situation d'ici tout à l'heure.

— Y a pas de situation. »

MoMaN se leva après avoir reniflé audiblement. ZeratoR détestait quand il faisait ça. Et il détestait aussi quand quelqu'un lisait en lui aussi facilement. Mais surtout, il détestait l'état dans lequel il se trouvait. Ça faisait des années qu'il se servait parmi les nouveaux pour assouvir sa faim.

Il n'y avait pas de contrat, rien d'officiel. Même à l'oral. Certains restaient, d'autres partaient. Ça faisait partie du jeu. Étoiles faisait partie du jeu. Et il avait senti dès le début que le petit nouveau s'était un peu trop attaché à lui. Peut-être qu'il aurait dû agir différemment...

Mais pourquoi ? Pourquoi changer des règles qui marchaient très bien jusqu'à présent ? Et qu'est-ce qu'il avait de si différent pour mériter un traitement de faveur ?

ZeratoR sentait que quelque chose lui échappait sans qu'il arrive à mettre le doigt dessus. Et en plus, il commençait sérieusement à avoir faim, vu que son en-cas prévu pour la nuit dernière avait décidé de lui fausser compagnie. Il jeta un dernier coup d'œil à la table à laquelle Étoiles manquait encore avant de quitter le réfectoire.

Il avait fait le tour de ses nourrisseurs habituels et s'il se servait à nouveau ils risquaient d'être à sec. Il allait devoir se rabattre sur le troupeau sauvage, une perspective qui ne le mettait pas particulièrement en joie. Le sang animal avait ses limites.

Alors qu'il passait la porte, il sentit, avant de le voir, Étoiles qui marchait dans l'autre sens. Capuche sur la tête, visage baissé, il ne lui adressa pas la parole. Pas même un bonjour. ZeratoR le fixa en silence. Il sentait quelque chose qui l'enrageait. Ou plutôt quelqu'un : Ponce. C'était donc chez lui qu'il était allé chercher du réconfort ? S'il s'écoutait, il crierait à Étoiles qu'il avait choisi la pire personne du campus. Mais il se contrôla. Se faire remplacer, il l'admettait. Se faire remplacer par Ponce, il devait avouer que ça avait un goût amer.

Il inspira une bouffée d'air et prit la direction de la sortie. Il fallait qu'il se calme. Qu'il relativise. Cette situation n'avait rien d'anormale. Il avait joué et il avait perdu. Voilà tout. C'était sa faute.

Il se dépêcha de chercher l'ombre de la forêt. Le soleil matinal n'était pas bien puissant, mais il n'avait pas mangé depuis longtemps et il le sentait attaquer sa peau. Au top de sa forme, il pouvait se tenir au soleil sans trop de souci, même s'il avait l'habitude des brûlures qui suivaient ses expositions un peu trop prolongées.

Nos Étoiles MystèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant