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 Étoiles entra dans la salle de musique sans hésitation. Il s'y sentait de plus en plus à l'aise et s'était rendu compte qu'elle était souvent vide aux heures très matinales où il s'y aventurait. Il n'avait jamais eu un rythme de vie très sain, en termes de sommeil du moins. Et le fonctionnement de l'université ne l'avait pas encouragé à se réguler.

« Ah, salut, fit Mezzanine en le voyant entrer. Je me demandais si t'allais passer aujourd'hui.

— Ouah... ça va ? »

La question du première année arracha un sourire au musicien, qui se redressa sur sa chaise. Il avait des cernes encore plus marqués que d'habitude et avant ce sourire, il semblait prêt à se jeter sous un bus.

« Bah ça va nickel, mec. Je pense que ça se voit.

— Ouais... t'as l'air au top. Il se passe quelque chose ?

— Rien de particulier. Les morts, ça dort pas et apparemment ils veulent pas trop me laisser dormir non plus. Donc bon... voila quoi, on fait avec.

— Ah ouais, pas fun.

— Je vais pas te mentir que j'ai connu de meilleurs moments dans ma vie. Enfin bref, on est pas venu là pour m'écouter me plaindre, même si tu sais très bien que je pourrais faire ça pendant des heures.

— Ah, tu m'attendais pas pour ça ?

— Eh non, j'espère que t'es pas trop déçu.

— Ça devrait aller.

— J'ai toujours su que mon bien être t'importait peu. Enfin bref, je voulais te demander si tu voulais faire le concert de fin novembre avec moi.

— Attends, quoi ? »

La question d'Étoiles résonna un moment dans l'air. Nicotine avait bien compris qu'elle était rhétorique et lui laissait le temps de se reconcentrer. Le première année savait qu'il y avait un assez gros concert qui était présenté à la fin de chaque mois comme événement central du week-end. C'était sans aucun doute les soirées qui rassemblaient le plus d'élèves.

Il avait commencé à s'intéresser à la musique à peine quelques semaines plus tôt. L'idée de se produire devant tant de monde était assez impressionnante. Est-ce qu'il était vraiment légitime ?

D'un autre côté, il avait toujours été adepte de défis. Voir des centaines de personnes s'ambiancer sur une musique qu'il choisirait, c'était une occasion de découvrir quelque chose de nouveau, de se dépasser une fois encore.

« T'es pas obligé de donner une réponse tout de suite, hein, je veux pas t'obliger à te mettre la pression ou quoi que ce soit, c'est juste une propal comme ça. L'occasion de s'amuser un peu quoi.

— Non, mais en fait il faut que je le fasse, répondit Étoiles d'un ton décidé.

— Ah ouais, carrément. C'est devenu une mission divine ?

— Non, mais en fait, si je le fais pas, je vais m'en vouloir toute ma vie. Et la seule chose qui m'en empêche c'est que je veux pas faire de la merde. Mais si je commence à réfléchir comme ça c'est perdu. Donc si je le fais pas, je suis un connard.

— Ah ouais, carrément. Après, c'est toi qui vois, hein. Mais bon, il y a pas tellement de raison que ça se passe mal, on a toute une semaine pour répéter et comme on a une passion commune pour les nuits blanches, je pense qu'on sera nickel pour vendredi.

— Ah bah mec, crois-moi que savoir que je dois préparer ça, ça va pas m'aider à trouver le sommeil.

— Je sais pas vraiment si c'est une bonne chose. Mais on va dire que oui, je suppose. »

Nicotine s'était relevé pour s'étirer. Il avait repris un peu de couleurs. Étoiles se demanda si c'était parce qu'il avait accepté de jouer avec lui ou si ça n'avait rien à voir. En vérité, il ne savait pas trop à quoi s'en tenir avec Nicotine. Il l'avait emmené au musée et Étoiles avait pris ça pour un date. Il avait l'impression que ça s'était plutôt bien passé. Mais ça faisait déjà un petit moment et il n'y avait rien eu d'autre.

Étoiles se disait qu'il s'était peut-être fait des films, après tout, c'était bien ce qu'il avait fait avec ZeratoR. Mais comparer Nicotine et le vampire était impossible. ZeratoR avait cette aura à laquelle il avait succombé dès les premiers instants. Un charisme qui avait déclenché dans son cerveau un cocktail chimique terriblement addictif et dangereux.

Nicotine projetait quelque chose de plus ambigu. Il n'était pas aussi sûr de lui. Au contraire, quelque chose en lui appelait perpétuellement à l'aide sans que jamais il ne lui fasse directement part de quoi que ce soit. Malgré ça, il avait une force rassurante. L'impression qu'il pouvait tout supporter. Une force tranquille et posée qui serait toujours là s'il en éprouvait le besoin.

Étoiles cessa d'émettre des hypothèses sur une éventuelle relation avec le musicien lorsqu'il eut un casque sur les oreilles et que la perspective du concert le remit sur le droit chemin. De toute façon, il savait qu'il n'oserait sûrement pas faire le premier pas pour initier quoi que ce soit entre eux. Du moins, pas tout de suite. Il s'en inquiéterait plus tard.

Il sortit de la salle de répétition un certain temps plus tard, il avait abandonné depuis longtemps l'idée de mesurer avec précision le passage du temps. Il prit la direction de sa chambre en espérant être assez discret pour ne pas réveiller sa cothurne. Elle n'avait pas à subir ses insomnies.

« Étoiles ? Je peux te parler deux minutes ? »

Étoiles manqua de pousser un cri. Il se retourna vers ZeratoR dont il avait évidemment reconnu la voix. Le vampire portait un sweat à capuche, nouveauté notable dans sa garde-robe que le mage pensait uniquement composée de t-shirts. Il se tenait à une distance raisonnable de lui, ses lunettes bien en place.

Est-ce qu'il pouvait lui parler ? Étoiles avait envie de lui répondre que ça dépendait de s'il voulait encore profiter de lui ou non.

« Euh... oui, bien sûr, se contenta-t-il de bafouiller.

— Merci, j'aurais compris si tu m'avais envoyé balader, sourit-il piteusement. J'en ai pas pour longtemps, t'en fais pas. C'est juste que voilà... avec ce qui s'est passé récemment... tout ça. J'ai pris un peu le temps de réfléchir et de me remettre en question. C'était pas trop dans mes habitudes, je pense que tu t'en es très bien rendu compte. Mais fin, bref. La manière dont je me suis comporté avec toi, c'était pas correct. Pas qu'avec toi, d'ailleurs. Avec plein d'autres gens. J'ai eu un peu trop tendance à oublier que les gens avaient aussi des sentiments, ouais c'est niais. Mais bon, les excuses c'est difficile à faire sans être niais, alors... hein. Fin bref. Je voulais juste te présenter mes excuses. Je m'attends pas particulièrement à ce que tu me sautes au cou en me disant que tout est pardonné. Tu remarqueras d'ailleurs que je maintiens une distance de sécurité qui devrait m'éviter de me prendre une claque, même si elle aurait été méritée. Tu peux m'envoyer chier, ou pas, d'ailleurs, mais je voulais au moins te le dire. Voilà. Je pense que c'est tout, je vais te laisser tranquille et te laisser te reposer surtout. Bonne nuit. »

Étoiles eut à peine le temps de lancer un au revoir que le vampire avait disparu dans l'ombre du couloir. Il ne savait pas s'il aurait préféré avoir le temps de lui répondre. Et puis lui répondre quoi ? Son cœur avait battu beaucoup trop vite pendant la tirade du vampire et il s'en voulait. Il pensait être passé à autre chose. Pourquoi est-ce qu'il fallait que ce connard se trouve soudain une conscience après s'être payé sa tête et son cul pendant des semaines ?

Et puis, Nicotine dans tout ça ? Étoiles ne pouvait pas dire qu'il ne ressentait rien pour lui. Il avait terriblement envie de rentrer dans sa chambre en claquant la porte pour avoir une excuse valable de réveiller Angle et de lui raconter ce qui lui était arrivé. Mais il se connaissait. Encore une fois, il garderait tout pour lui.

« Ils font tous chier. »

Grogna-t-il en reprenant le chemin de sa chambre. Comment est-ce qu'il allait dormir avec tout ça en tête ? Université de merde...

Nos Étoiles MystèresOnde histórias criam vida. Descubra agora