01-Bonne fin de soirée

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ADRIANA

Mon Dieu.

Je me relève toute transpirante et passe ma main tremblante et moite sur mon front brûlant. Ce n'était qu'un cauchemar. Tu es vivante. Je ne sais pas comment, mais j'ai survécu. Alors respire. Je prends une grande inspiration et expire lentement, comme mon ancienne psychologue me l'a apprise.

J'enlève de mon corps la couette trempée de sueur et me lève doucement pour aller prendre une deuxième douche. Je suis épuisée de ne pas réussir à dormir. Quand était-ce la dernière nuit où j'ai réellement bien dormi ? Ça remonte à si longtemps en réalité, mais pour moi, non. J'ai encore la sensation que c'était hier que j'ai tout perdu en un seul coup d'œil.

Je marche lentement vers ma salle de bain, en repensant à ce jour qui m'a tout arraché des mains, comme une enfant privée de cadeau le soir de Noël. Je ne le mérite pas.

Tu n'aurais pas dû survivre.

Je n'arrête pas de me dire que je n'ai pas le droit d'être heureuse, ça m'est interdit. Les gens autour de moi ont le droit d'être éligible d'un bonheur sans limite, mais pas moi. Ça serait être égoïste.

J'arrive devant le lavabo et je n'ose pas regarder mon horrible reflet, mais je le fais. Je dois assumer la vie que m'a offert le diable en personne.

J'écarquille les yeux et je recule de quelques pas en voyant mon visage maudit. Mes joues creusées, mes cernes visibles à des milliers de kilomètres, mes cheveux bruns mouillés plaqués sur mes épaules, mes yeux bleus sans émotion et ma peau pâle, font littéralement peur aux personnes dans la rue. Et je les comprends.

Je ne m'attarde pas sur cela et retire mon pyjama avant de le mettre dans mon panier de linge sale. Mes yeux se perdent sur mes jambes fines et une remontée acide me provient, je l'avale, puis entre dans la douche. J'allume l'eau et laisse couler sur mon corps cette fraîcheur qui me réveille. Je tremble légèrement mais je le contrôle tout en me lavant rapidement.

Après être restée peu de temps dans la salle de bain, car je déteste ça, je m'approche de ma fenêtre pour observer la nuit étoilée. Je m'assois sur le bord et pose le côté de ma tête sur la vitre en fixant les étoiles scintillant de mille feux. Cela me calme de savoir que nous sommes si petits comparé à l'univers, c'est impressionnant. Je soupire avant de fermer les yeux et admire ensuite le silence. Une larme coule sur ma joue et je ne l'essuie pas, car elle représente le vide qu'ils provoquent.

Je ne devrais pas être ici.

« Vous me manquez tellement. »
****


Ma porte claque et je descends le peu d'escaliers qu'il y a devant moi, avant de tourner au coin de la rue pour rejoindre le bar du centre-ville.

Oh non, je ne me comble pas dans l'alcool même si je le voudrais pour en finir mais, quelqu'un doit bien travailler pour avoir de l'argent.

« Salut Adriana, tu vas bien ? »

Ma collègue arrive à mes côtés et ses cheveux blonds sont attachés en une longue queue de cheval. Ses yeux d'une couleur noisette sont mis en valeur par un trait d'eye-liner.

Tu pourrais être un minimum apprêté.

Je la regarde de haut en bas et sa tenue constituée d'un tee-shirt moulant accompagné d'une veste, avec un jean, me rend jalouse. Mes vêtements larges me regardent d'un mauvais œil, que j'écarte vite.
Pour une jeune femme de vingt-deux ans, elle est splendide. Elle dégage un charme qu'on ne peut esquiver avec sa beauté naturelle.

« Bonjour Luna, oui et toi ?
— Oui ça va merci, elle me jette un coup d'œil avant de reprendre sa marche, tu as dormi cette nuit ? »

Ce que j'aime chez elle c'est qu'elle s'inquiète beaucoup pour les personnes qui l'entourent, dont moi, la plupart du temps. Cependant, elle peut être vraiment insupportable à certains moments, à trop demander. Mais ça va, je ne lui en veut pas. Je sais que ça part d'une bonne intention.

DARK IN DEATHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant