22- Dream

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KAY

« Tends bien ton bras pour que tu puisses avoir du recul. »

Posé dans le coin de la pièce, j'observe Victor apprendre à Adriana à tirer silencieusement. Elle ne m'a pas encore vu et j'en profite. Les moments du début de journée restent ancrés dans la tête et malgré avoir fumé une dizaine de clopes, l'image ne veut pas partir. Celle où Adriana me voit tuer ce foutu Naïg de sang froid.

Je l'avais pourtant prévenu de qui j'étais réellement. Qu'au fond je n'étais qu'un monstre face à tout le monde. Oui j'aime tuer, parvenir à mes fins sans scrupule et sans gêne. Je ne regrette pas toutes les personnes que j'ai buté, ils méritent tous leurs morts. Chacun d'eux.

« Ne plie jamais ton bras. »

Je croise les bras en continuant de la regarder. Ses yeux bleus me hantent et encore plus quand ils sont devenus aussi clairs que le fond de l'océan des îles. Aizen est venu me voir une heure après, m'aider à transporter le corps de l'autre con et m'a annoncé à quel point ça avait choqué Adriana. Je m'en doutais un peu, j'étais moi-même surpris que depuis le début qu'elle soit là, elle n'est aucune réaction. Il ne m'a pas dit de détail, ce qui a failli lui coûter la vie, soit disant passant.

Une partie de moi est enragée contre elle, car si elle ne serait pas venue je ne l'aurais pas tuée tout de suite. Je connais Naïg et il adore tout annoncer d'une façon théâtrale et foutre la merde. C'est un fouteur de merde. On aurait pu avoir les informations qui nous fallait, mais elle a tout niqué en voulant faire l'héroïne. Mais une autre partie de moi est rassurée de voir qu'elle sait où mettre les pieds, qu'elle a cet air dominante qui me fait vomir. Elle gère et ça m'énerve.

Argh. Je souffle de désespoir et de nerfs.

Mes pensées se perdent sur tout et n'importe quoi à la fois.

A elle qui me semblait être mon reflet dans le miroir quand elle est entrée dans la salle. Nos cœur qui battaient à l'union sans comprendre comment et son souffle mélangé au mien. Elle m'a perturbé et je ne sais pas l'interpréter. Je la hais au point de l'étrangler de mes propres mains, mais je ressens autre chose qui fait que j'ai besoin d'avoir le contrôle sur elle jusqu'à l'étouffer de mon souffle. De la posséder tout en dominant. J'ai bien cru que j'allais l'embrasser au point de la blesser, pour lui faire perdre la tête et l'en dissuader de rentrer une nouvelle fois. Mais je me suis auto-insulté et maudit d'avoir y penser un instant. Ça m'a écœuré d'y avoir imaginé.

C'est contradictoire, je le sais bien au fond.

Noir, blanc.

Démon tombé du ciel. Ange perdu.

« Tu peux dire à Kay de dégager ? Il me dérange avec sa présence.
— Je viens voir si tu arrivais à manier une arme puisque tu paniques dès qu'on l'utilise. »

C'est bas. Très bas Kay.

Son corps se tend et la satisfaction remplit mes membres. Je souris plein d'arrogance et la vois se retourner face à moi, à deux doigts de m'abattre à travers ses yeux électriques. Je remarque seulement maintenant des fossettes se marquer au creux de son front, quand elle fronce les sourcils.
Stop.

Victor se place derrière elle, pour avoir une vue sur la guerre que j'ai déclenchée volontairement. Il s'appuie sur le bois où sont disposées toutes sortes d'armes. Il hausse les épaules puis me désigne sur menton Adriana pour me faire comprendre "Tu veux jouer ? Joue donc face à ton niveau." Je tourne le regard vers la brune qui tient fermement son arme vers moi.

Je ne l'avais pas vu venir celle-là. Une sensation de déjà vu me brûle dans la poitrine et descend doucement sur mes bras, jusqu'à arriver sur mes mains. Je la dévisage tel un chiwawa et attend.

DARK IN DEATHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant