Chapitre 1: Tu n'as pas des devoirs à faire après les cours toi?

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La sonnerie retentit et tous les élèves se précipitèrent vers la sortie, presque en courant. C'était la fin de la journée et, résultat, tous les lycéens étaient contents (en toute logique).

Les adolescents étaient heureux car ils n'avaient plus à supporter les profs et allaient pouvoir retrouver leurs ordinateurs portables pour naviguer tranquillement sur leurs réseaux sociaux.

Mes occupations à moi étaient plutôt différentes. J'étais hyper contente à l'idée de rejoindre ma mère à son travail, le bureau de direction du Silver House, un hôpital psychiatrique. Ça pouvait paraitre bizarre mais c'était comme ça. D'ailleurs, je l'étais sûrement aussi, bizarre...

J'avais plutôt l'habitude que l'on me qualifie comme quelqu'un d'étrange, mais je m'en foutais royalement. En fait, je m'en foutais de beaucoup de choses, comme le fait de ne pas avoir beaucoup d'amis. C'est la qualité qui compte et non la quantité! Je m'en foutais aussi de passer la plupart de mon temps dans un hôpital psychiatrique remplit de malades mentaux.

C'est vrai que normalement à mon âge, je devrais être de sortie en ville avec mon petit ami pour manger des glaces à la pistache et rougir aux mots doux qu'il me susurrerait au creux de l'oreille. Mais voilà, je n'aimais pas les glaces à la pistache et je n'avais pas de petit ami non plus.

Je traversai les couloirs de mon lycée, bondés de monde. Les élèves couraient partout et dans tous les sens. Je serrai la bretelle de mon sac à dos plus fort entre mes mains et continuai à avancer, essayant, en vain, d'éviter de me faire bousculer. Arrivée à l'extérieur, j'inspirai un grand coup d'air frais. Enfin dehors ! Dieu que le temps passait lentement quand j'étais enfermée dans ce bloc de béton qui me paraissait être une véritable prison. Même le Silver House était mieux.

Je me mis à marcher jusqu'à l'arrêt de bus et sortis mes écouteurs de mon sac avant de les brancher à mon portable et de les mettre dans mes oreilles. Le bus arriva et je m'engouffrai à l'intérieur, suivie d'une bonne dizaine d'adolescents.

Le siège libre du fond m'appelait déjà. J'accourus jusqu'à lui avant que quelqu'un ne me le prenne. La tête collée contre la vitre, mon regard dériva sur le paysage de la ville tandis que la musique passait en boucle dans mes oreilles. Alors que le temps n'avait plus aucun effet sur moi, le regard dans le vide, mes pensées dérivèrent au Silver House ou plutôt à ses patients.

Un patient en particulier. Ce bel interné qui m'obsédait depuis de nombreuses années. Il était si... Bizarre. Je savais bien qu'on me qualifiait moi aussi comme cela mais lui ce n'était pas pareil. Lui, il était fou... Dans tous les sens du terme.

Et pourtant, ça ne m'empêchait pas de vouloir à tout prix savoir qui il était réellement. J'avais envie de le voir, lui parler, le regarder manger à la cantine, l'observer prendre ses cachets dans la grande salle, sous l'œil vigilant des infirmières. J'aimais étudier la façon dont il roulait des épaules quand il marchait dans les couloirs ou encore sa manière de passer sa main dans ses cheveux. Ce mec m'obsédait totalement... J'aimais l'observer et enregistrer chacun de ses faits et gestes.

Le bus s'arrêta d'un coup net et mon corps fut propulsé en avant. Je me rattrapai de peu au siège d'en face et me redressai sans un mot en arrachant mes écouteurs de mes oreilles, stoppant la musique qui m'enfermait dans mon monde.

J'étais arrivée. Je sortis de ce tas de ferrailles et ce dernier s'en alla, laissant derrière lui un nuage de fumée qui me fit toussoter. Je secouai une main devant mon visage en fermant les yeux. Toute cette pollution était vraiment répugnante. Quand je les rouvris, un grand bâtiment me fit face. Son entrée était clôturée par de grands grillages de fers, doublés de fils barbelés, et ses murs de béton paraissaient dater d'une autre époque. Le Silver House... J'y étais enfin. J'avançai jusqu'à l'entrée et appuyai sur la sonnette. Je fixai la caméra au dessus de ma tête avec un grand sourire, faisant apparaître toutes mes dents.

My Demon. [DOB]Where stories live. Discover now