Chapitre 5: Elle me connait oui.

13.4K 1K 82
                                    

«Zoé? Tu m'écoutes?»

Je sortis de mes pensées les plus profondes pour relever une nouvelle fois mon regard vers ma mère, qui me fixait d'un air inquiet.

«Euh...oui.» bafouillai-je.

«Tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas?» insista t-elle.

«Mais tout va bien!» mentis-je, en souriant faussement.

Elle fit la moue. Je ne savais pas si elle avait comprit que je mentais, mais elle arrêta son interrogatoire, à mon plus grand bonheur. Son regard quitta le mien et elle fouilla dans ses papiers, qui se trouvaient sur son bureau.

«Bon, et bien si tu n'as rien à me dire, moi j'ai du travail à faire!» soupira t-elle, tout en ne décrochant pas ses yeux de ses tonnes de papiers.

Bon, en gros, elle venait de me dire "dégage" mais en langage plus courtois...

Je me levai en silence, et passai la porte avant de la claquer doucement derrière moi. Arrivée dans le couloir, je soufflai un bon coup. L'air frais et ambiant des couloirs sombres me faisait du bien, qu'est ce que j'avais chaud dans son bureau! Fallait dire que je n'aimais pas du tout quand on me prenait en privé comme ça, surtout pour une leçon de morale.

Qu'est-ce que je m'en foutais de sa lettre du lycée, moi. J'avais d'autres trucs plus importants à penser. Comme Dylan, par exemple. Et ça pour y penser, j'y pensais... Un peu trop d'ailleurs. Voir beaucoup trop car j'y pensais tout le temps. Du moment ou j'ouvrais les yeux au réveil jusqu'au soir ou je les fermais, je pensais à lui.

Mais maintenant, rien que de penser que j'étais dans le Silver House et que je risquais de le croiser, ça me mettait la boule au ventre. Ce qui s'était passé la semaine dernière m'avait tellement troublée que je regrettais même d'être entrée dans sa chambre.

Je soupirai tellement mon désespoir était grand. Puis je me mis à marcher à travers les couloirs, histoire de ne pas rester droite comme un piquet comme une idiote face à la porte du bureau de la direction. Je ne regardais même pas où j'allais.

Quelques secondes plus tard, j'atterrissais à la réception. Mon cœur se mit à battre à la chamade dans ma poitrine, il tapait si fort que je crus bien qu'il allait s'échapper à tout moment.

Je fouillai la salle du regard. Beaucoup d'internés étaient présents, ce qui était plutôt logique. Ils étaient tous regroupés ici, sous médocs et surveillés par une bonnes dizaines d'infirmiers. D'ailleurs parmi eux, il y avait Rosie. Pour ceux qui ne se rappelleraient pas, elle était une jeune infirmière avec qui je m'entendais plutôt bien.

Elle était entrain de distribuer les cachets aux patients qui faisaient la queue, à contrecœur. J'avançai d'un pas lent vers elle et vins me placer de son côté.

«Salut Rosie.» dis-je.

Sur le coup, elle sursauta. Puis elle tourna son regard vers moi. En me voyant, un sourire arriva sur ses petites lèvres roses.

«Ah tient Zoé, tu m'as fait peur ! Ça va ma grande?» me dit-elle d'un ton enjoué.

Je m'étais toujours demandée comment cette jeune femme faisait pour garder son sourire tout le temps. C'est vrai quoi, elle était infirmière dans un hôpital psychiatrique, elle passait six jours par semaine ici, elle côtoyait des fous furieux qui donnaient, pour la plupart, une migraine atroce à force de parler pour rien dire, en bref, ce n'était pas le boulot des plus joyeux qui soit. Mais elle, elle restait souriante.

My Demon. [DOB]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ