Chapitre 1

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En s'rrant les fesses ça devrait passer

Dans l'aéroport Charles de Gaulle, de la capitale française, une foule monstre se bousculait de toutes parts. En ce premier samedi des vacances d'été, à six heures du matin, la population parisienne semblait vouloir échapper à l'air lourd et étouffant de la métropole. Les gens s'envolaient déjà pour l'Irlande, l'Argentine, le Laos, le Japon, le Canada, l'Australie et même pour le Texas !


Voixoff – Les passagers du vol 118, en direction d'Austin, sont priés de se rendre porte B3 pour l'embarquement.


Non loin de cette porte d'embarquement une jeune fille se leva de son siège en fer, saisit son sac à dos et s'avança pour présenter son billet de vol et ses papiers d'identité. Mais avant de s'engager dans le couloir métallique qui la mènerait à l'avion, elle se retourna, espérant apercevoir ses parents. Peut-être avaient-ils eu un problème avec la voiture... Ils avaient dit la suivre quand le taxi était venu la chercher ce matin, mais il était bien plus probable qu'ils s'engueulaient déjà, l'ayant oubliée depuis peu.

Elle observa une dernière fois cette marée humaine de visages inconnus puis avança à grands pas vers l'appareil de ligne.


Quelques minutes plus tard, l'avion décollait pour onze heures et demi de vol. A son bord, la jeune parisienne regardait mélancoliquement la France s'éloigner par le hublot. Une larme perla au coin de son œil mais elle cligna vite des paupières pour l'empêcher de rouler sur sa joue.

Puis elle s'enfonça dans son siège inconfortable de classe économique pour s'endormir en se laissant bercer par la musique que diffusaient ses écouteurs.


Vers dix-huit heures, l'appareil atterrit sur le sol du western américain.La française s'étira sur son siège, descendit de l'avion et récupéra ses deux lourdes valises avant de scruter le hall de l'aéroport d'Austin.

Soudain une femme légèrement corpulente, bronzée et assez âgée s'approcha d'elle. Elle portait un jean resserré à la taille par une grosse ceinture en cuir rouge, des bottes de cow-boy, une chemise à franges et un chapeau de western recouvrait ses cheveux éclaircis parle soleil américain.

La jeune fille lui sauta dans les bras.


Noémie– Tu n'as pas changé grande tante Maggie !


Maggie– Par contre toi t'es d'venue une très jolie jeune fille ! Et s'il te plaît Noémie, appelle moi s'lement Maggie. D'ailleurs ton accent s'est amélioré... Nous avons pleins d'choses à nous raconter !


Et les deux femmes sortirent de l'aéroport, bras dessus bras dessous,chacune traînant une valise. Puis elles montèrent dans un pick-up maculé de boue et quittèrent la capitale de l'État.


Maggie– Ils attendent tous ton arr'vée avec impatience au ranch !


Noémie– Tous ?


Maggie– Eh ben oui ! Fred, Tyson, les bêtes et bien ent'du Fox !


Noémie ne put s'empêcher de rire à l'entente de ces noms. Fred était l'éleveur de chevaux le plus réputé de la région. C'était un vieil homme qui ne faisait pas du tout son âge et qui vivait dans le ranch voisin de celui de la grande tante de Noémie. Cette dernière avait toujours pensé que Maggie et lui avaient eu une relation qui dépassait les limites du voisin-voisine. Tyson était le palefrenier noir-américain d'une vingtaine d'années qui travaillait au ranch depuis huit ans et Fox était l'adorable border collie de neuf ans de Maggie.


Maggie– Au fait, faut que j't'avertisse. Il y a quelques temps j'ai fait construire une maison sur l'domaine que j'loue en saison pour récolter quelques fonds. Les résidents d'cet été vont arriver demain et ils sont assez nombreux.


Noémie– Ah oui ? Combien sont-ils ?


Maggie– Onze.


Noémie– Onze ? Wow... Et ils rentrent tous dans une seule maison ?!


Maggie– En s'rrant les fesses ça devrait passer ! Mais il faudra leur demander, en plus j'crois avoir comprit qu'ils avaient environ ton âge...


Elle lui fit un clin d'œil puis augmenta le volume de la radio en entendant le son d'une musique countrie, tout en tapant ses doigts en rythme sur le volant.

Noémie en profita pour observer la lande américaine défiler. Ça faisait si longtemps qu'elle n'était pas venue... La dernière fois qu'elle y avait mis les pieds ici elle devait avoir douze ans. Et elle voulait bien avouer que ces étendues sauvage, ces troupeaux en liberté et ces fermes isolées lui avaient manqué...


Les tribulations d'une carotte râpée [Terminée]Where stories live. Discover now