Chapitre 5

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Parce qu'il a de gros doigts


Noémie- Je suis trop bête... Quelle idiote...

Elle se jeta sur son lit et s'enroula dans la couverture.

Noémie- Plus conne que moi ça n'existe pas... Espèce d'abrutie ! Mon dieu, mais qu'est ce que j'ai fait ?

Toujours habillée de sa couverture, elle s'approcha de la fenêtre de sa chambre. Derrière les écuries, le chalet surplombait la vallée, à sa gauche on voyait le début de la propriété de la famille de Mia, à l'opposé se trouvaient celle de Fred, perdue derrière quelques collines, et tout le reste, tout, était à sa tante. Les grandes plaines délimitées par des barrières blanches, ces forêts sans début ni fin qui semblaient caresser le ciel de leurs branches feuillues, toutes ces centaines d'hectares de terres étaient à sa tante, qui en avait hérités. La famille Henning possédait cette propriété depuis des générations.

Maggie coupa le moment de béatitude de sa nièce en entrant dans sa chambre.

Maggie- Ma chérie ? Tu veux bien m'expliquer ce qui t'es arrivée ?

Noémie- J'étais juste... Perdue dans mon monde. Je ne pensais plus à Papa, ni à Maman, ni à rien du tout...

Maggie- Allez, viens là !

Elle lui ouvrit ses bras et sa nièce s'y glissa, laissant tomber la couverture.

Noémie- Ils vont divorcer.

Maggie- Je sais, je sais... Ça t'fait peur ?

Noémie- Pas trop... Mais un peu quand même... Non, en fait je ne sais pas. Je m'étais déjà dis que ça devait arriver, alors je suis juste triste et déçue.

Maggie- C'est bien, tu n'es pas en colère, c'est l'principal.

Noémie- Je n'y arrive pas, je ne peux pas être en colère contre eux...Je n'y arrive tout simplement pas...

Sa tante lui embrassa le front et la regarda dans les yeux.

Maggie- Mais promet moi d't'excuser ce soir, on fait un barbecue pour leur arrivée.

Noémie- Promis, je m'excuserai tantinette.

Elle la sera encore une dernière fois dans ses bras, lui murmurant de ne jamais reprononcer ce surnom, puis quitta la chambre en regardant sa montre. Il fallait encore qu'elle nourrice les chevaux à l'écurie, qu'elle prépare le repas, qu'elle donne un coup de main à Tyson avec le nouveau pur-sang, qu'elle parle à Fred... Elle n'était pas prête de poser ses fesses sur une chaise pour déguster de bonnes saucisses !

Dans sa chambre, Noémie enfila un pull noir et gris, beaucoup trop large,qu'elle avait piqué à son père, par dessus son débardeur et garda son short et ses bottes western. Elle avait envie d'écrire... Elle attrapa un carnet en cuir, un stylo et se faufila hors de sa chambre.

Une fois dehors, elle vérifia que personne ne l'avait vue et couru jusque dans la grange. Un petit sourire éclaira ses lèvres en entrant. En grimpant à l'étage, elle se rappela tous ces souvenirs merveilleux qu'elle avait eu entre ces meules de foin.

A dix ans, elle avait eu son premier baiser ici... C'était le cousin de Mia, un petit brun plus âgé d'un an ou deux, qui l'avait embrassé tendrement alors qu'ils jouaient dans le foin, puis il était devenu tout rouge et était parti en courant.

Noémie s'essaya sur une meule, se fit un chignon négligé, dégaina son stylo, ouvrit son carnet à une page vierge et commença à coucher l'encre sur les lignes. Elle écrivait encore et encore, jusqu'à ce qu'un museau humide vienne se frotter à son bras.

Les tribulations d'une carotte râpée [Terminée]Where stories live. Discover now