Chapitre 1: Partie I:

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Chapitre 1: Songes épineux et liens rêveurs.

          Les pierres des cachots suintaient. Il n'y avait aucune fenêtre, aucune porte menant à l'extérieur. Aucune ouverture ne laissait entrevoir le paysage alentour. L'air était saturé. L'humidité croissante embaumait les étroites cellules. Les moisissures et champignons étaient nombreux à proliférer dans cet espace clos. Seul quelques corps se retranchaient sur eux-même dans l'obscurité ambiante de leur cellule, fuyant l'odeur nauséabonde des lieux, le cliquetis proche et pourtant insaisissable de la pluie et les cris qui déchiraient cette obscurité. Les cris broyés auxquels aucun des occupants infortunés ne pouvaient échapper. Une jeune femme hurlait à l'agonie. Certains entendaient ses muscles se déchirer, le gargouillis atroce du sang giclant de son corps et les râles que ses poumons expiraient. Cela faisait des jours déjà qu'ils la battaient. Des jours qui l'emmenait et la ramenait toujours plus meurtris, toujours plus méconnaissable. Les prisonniers ne pouvaient que tressaillir sous ses hurlements. Aucun d'eux ne pouvaient si opposer même pas le plus brave. Ainsi, se contentaient-ils de se perdre en eux-même, priant pour que la pauvre trépasse rapidement.

La lueur lointaine d'une torche éclaira la pierre d'un des couloirs. Un homme encapuchonné attentait près de son maitre. La torche renvoyait de multiples ombres sur leurs visages alors qu'aucun d'eux ne pipait mot. Aucun n'eut pitié du traitement de la pauvre jeune femme. Aucun n'avaient d'état d'âme devant la situation. Brusquement, il n'y eu plus que le silence. Le vent déchainé de l'extérieur ébranla à peine la demeure. Le serviteur observa son maitre impassible. Un souffle de vent infime vint attiser la flamme de la torche, balayant lentement les sous-terrains. Il n'y eu pas un souffle de plus. Le serviteur hocha gravement la tête alors que la porte massive en bois basculait sur ses gonds.

-Elle est morte.

Cette phrase, ils l'avaient tous déjà entendu à de multiples reprises. Ce n'était pas la bonne. Ils avaient encore perdu du temps. L'espoir de trouver rapidement celle qu'ils cherchaient avait déjà disparu depuis deux siècles. Pourtant, la chasse qu'ils menaient n'avait pas perdu en brutalité ni en intensité. Ils la retrouveraient. Ils l'avaient tous juré et ne vivaient plus que pour ça. Le maître de la demeure échangea un regard grave avec le bourreau.

-Alors passons à la suivante.

Les deux hommes tournèrent les talons.

-Ce n'était pas la bonne, je crains que ce n'était à prévoir mon Maître. Mais ils nous restent encore bien des opportunités de la capturer.

Des toussotements les retinrent dans les couloirs humides. Le bourreau se tenait toujours immobile dans l'encadrement de la geôle. Un rouge désastreux monta aux joues du maître.

-Qu'est ce que tu attends pour y aller?! Je ne vais quand même pas te montrer comment faire ton boulot!

Le bourreau le fixa le regard lourd. Il semblait étonnement mal à l'aise pour quelqu'un de son acabit.

-C'est que Sir...

Des braillements éclatèrent dans la salle ouverte, se répandant comme une trainée de poudre, les faisant tous sursauter. Les deux hommes n'en croyaient pas leurs oreilles. Le pas lourds, ils revinrent tous les deux vers la petite pièce. L'odeur du sang et de la sueur empreignait l'air saturé. Repoussant le bourreau penaud, ils se figèrent à leur tours près de la porte.

-C'est d'ça que j'allais vous parler.

Ils tournèrent leurs visages blêmes et sérieux vers lui.

-Quand je l'ai torturé.. Elle était enceinte. La mère est morte, mais l'enfant a survécu.

-Pourquoi ne l'avez-vous pas dit plus tôt?! Pourquoi ne les avez-vous pas supprimé?

Malédiction de sang (en suspens)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant