Chapitre 2: Partie II:

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               -Tu me garderas toujours dans ton cœur. Toujours.

Iria tressaillit sous la voix de la vieille femme. Cette voix qu'elle connaissait et qui lui manquait depuis si longtemps.

-Je serais toujours avec toi ma chérie. Juste là.

Et en disant cela, elle plaqua doucement sa main ridée sur le cœur de l'adolescente.

La jeune fille revoyait la scène comme à travers un épais rideau. Elle aurait voulu pouvoir parler, pouvoir saisir la main de Grand-Ma, de celle qui l'avait toujours protégé, mais elle en était incapable. Elle était prisonnière de son souvenir. Elle ne pouvait que revivre l'instant sans le changer, sans y évoluer.

-Je t'aime Iria. Et rien ne changera cela.

Les larmes glissèrent sur la peau froissée de la personne qu'elle aimait le plus au monde alors qu'elle déposait un léger baiser sur son front. Une protection et un baiser d'adieux.

Iria ne réussit qu'à hurler le nom de celle qui avait quitté sa vie tandis que le souvenir disparaissait. Comme une image que l'on chiffonne, il retomba dans les ténèbres de son esprit. Iria ne pouvait rien faire. Seulement sentir la tristesse plomber à nouveau son cœur. Seulement se sentir plus seule que jamais. Elle avait quitté Grand-Ma ce jour-là. Cela avait été la dernière fois qu'elle l'avait vu. La dernière fois qu'elle avait senti l'odeur de la lavande et du thym qui émanait de sa protectrice, la dernière fois qu'elle avait vu la petite chaumine et les champs alentours, la dernière fois qu'elle s'était sentie en sécurité...

                -Iria reviens là!

La petite courait dans les champs. Elle courrait en suivant la course des oiseaux plus haut dans le ciel. Elle courrait sans regarder la terre, ainsi elle avait presque l'impression de pouvoir s'envoler elle aussi. Elle avait presque l'impression d'être libre.

-Iria!

La voix de Grand-Ma raisonnait derrière elle sans qu'elle n'ai même l'idée de s'arrêter. La petite souriait comme jamais. Elle était heureuse. Les hautes herbes l'entouraient. Elles frôlaient ses jambes, s'accrochaient à son jupon, se mêlaient et se confondaient à ses mèches du même blond que les blés. Elle avait la sensation que ses jambes pourraient la porter sans jamais se fatiguer. Grisée par ces sensations, l'enfant se mit à rire. Un rire respirant la joie de vivre se répandit dans le champ entourant la maisonnette.

-Bon sang! Mais tu vas t'arrêter oui!

La petite n'avait même pas besoin de regarder derrière elle pour savoir que sa grand-mère peinait à la suivre. Grand-Ma n'avait plus sa force d'antan. Elle était bien trop âgée et fatiguée pour espérer rattraper le petit garnement qui s'enfuyait. Suivant la pente douce, les hautes herbes la dominèrent un instant. Pendant quelques secondes, la petite fille se retrouva engloutit dans la verdure. Les herbes se refermaient comme une voute au dessus de sa tête. Et soudainement, elle heurta quelqu'un. Un moment désorienté, la petite Iria ne quitta pas son sourire. Assise sur le cul, son sourire s'agrandit en reconnaissant ''l'obstacle'' qui l'avait fait chuter.

-Pffffff! C'est impossible de gagner contre toi Grand-Ma!

La vieille femme sourit en retours.

-Je te l'avais dit p'tit démon. Allez maintenant, tu vas te laver.

La petite se laissa tomber en arrière.

-C'est pas juste!

-Oh que si!

L'herbe frissonna doucement balayée par le vent. Iria rouvrit les yeux sur le ciel immensément bleu et les végétaux qui se balançaient. La lune apparaissait à demi-effacée par le soleil.

Malédiction de sang (en suspens)Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ