Chapitre 2: Partie I:

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Chapitre 2: Fièvre, rencontres imprévues et chute.

          L'odeur de la miche de pain sortant de la vieille cheminée. Le goût de la confiture sur les lèvres. La chaleur de l'âtre et le léger chuchotement de la pluie.

-C'est bon Iria?

La petite releva les yeux faire la vieille femme, de la confiture sur la joue et collant à quelques unes de ses mèches. Son sourire illumina la pièce alors qu'elle balançait joyeusement les pieds sous la maigre table. Elle ne fit qu'hocher la tête avant que ses dents ne se plantent à nouveau dans le pain frai. Elle ressemblait presque à un animal à force de manger avec tant de voracité, tout en restant attendrissante, comme seuls les enfants savent le faire. La grand-mère et l'enfant replongèrent dans leur silence teinté par le bruit de la pluie. Grand-Ma affectionnait particulièrement ces matins. Ces matins où ne régnait dans la maison que la sensation de chaleur, de repos. Elle se sentait alors en sécurité. Le voile de pluie les coupant du monde extérieur. Et elle n'avait pas d'autre bonheur que d'observer sa petite fille dévorer ses tartines. Tout paraissait si simple alors...

-Dis Grand-Ma, c'est qui la dame?

La vieille femme reporta son regard sur les yeux mélange de vert et de bleu foncés de sa petite fille.

-La dame?

Elle répéta les mots de l'enfant interrogatrice. Qu'est ce qu'elle entendait par là? Instinctivement, Grand-Ma fouilla le rideau liquide du regard. Mais il n'y avait personne dehors. Il n'y avait que l'eau qui recouvrait tout, l'eau qui glissait sur la terre. La petit ria doucement la faisant frissonner.

-Mais non Grand-Ma! Elle est pas dehors!

Elle fixa incertainement l'enfant qui ne la regardait plus. La petite avait levé les yeux au ciel comme pour mieux réfléchir. La confiture rouge barbouillait encore ses traits.

-De..

-Tu sais, je l'entends la nuit. Elle m'appelle. C'est de cette dame là que je parle.

Le sang reflua de son visage pour venir battre à ses tempes.

-Iria, de quoi tu parles? Je pensais que tu ne rêvais pas.

La petite pencha la tête sur le coté. Ses cheveux blonds suivirent le même mouvement.

-Je.. Je sais pas. Elle est juste là. Quand je ferme les yeux, je la vois. Pas toute suite, mais elle finit par venir me voir.

Les paroles de la fillette ne sortaient pas avec fluidité de sa bouche. Elles semblaient s'emmêler dans son esprit, comme brumeuses. Mais soudainement, le visage d'Iria s'illumina sous un nouveau sourire.

-Elle est tellement belle! Et sa voix est si douce! Dis Grand-Ma, c'est qui?

Les mains tremblantes, Grand-Ma lâcha son verre. Le liquide blanc se déversa sur la table avant de s'égoutter entre ses planches de bois et ses bords sur le sol. La vieille femme était en proie à la tourmente. Aux yeux de la fillette, elle faisait presque peur. Pâle comme la mort, elle paraissait avoir vu un fantôme. Avant qu'elle n'est pu faire un geste, son ainée l'empoigna par le bras.

-Iria, suis-moi. Dépêches-toi!

Sa voix hagarde renforça l'inquiétude de la petite. Sa tartine lui échappa alors que sa chaise se renversait.

        L'obscurité. Le noir et la sensation d'étouffer. D'être prisonnière. Comme dans ses pires cauchemars.

Malédiction de sang (en suspens)Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin