3.

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Je me réveille doucement mais sûrement, je me remets en mémoire les événements de ma rechute et me dis que je suis vraiment bête d'avoir couru mais je n'avais aucunement envie qu'il pense que je lui avais posé un lapin. En plus pendant mes quelques foulées je me suis sentis vivante l'espace d'un instant, pour moi, arrivée à mon stade le jeu en vaut largement la chandelle. Je suis à un âge où je n'en peux plus de ne pas faire ce qui me chante, d'être moi même et de pouvoir faire comme tout le monde. Je désire une chose faire comme tout le monde, ne pas être classée dans la catégorie malade mais dans la catégorie ''normale'' de la société.

J'ouvre doucement les yeux, la lumière est aveuglante et me force à refermer les yeux immédiatement. J'entends une voix lointaine, j'imagine enfin je suis -presque- sûre que ce sont les médecins et que ma leçon de morale va arriver mais aujourd'hui je ne suis pas d'humeur à les écouter radoter les mêmes paroles qu'à chaque fois.

-Docteur, je sais que j'ai fais une erreur, j'ai fais l'erreur de courir, l'erreur de me sentir libre quelques instants. Je sais que courir est nocif pour mes poumons et me mets en continuel danger mais ne suis-je pas en danger rien quand marchant, rien quand respirant. Sérieusement êtes vous à ma place ? Non. Alors oui j'ai couru, je me suis mise en danger pour rejoindre un ami à qui je voulais faire bonne impression et être en retard n'a jamais fais une impression sensationnellement. Donc oui, je me suis mise en danger pour ne pas être en retard et si je devais le refaire, je le ferais sans hésiter un seul instant. J'aimerais être seule docteur, merci. Puis je me couche sur le flan de manière à être dos à la porte de ma chambre, mais j'entends encore une respiration dans la pièce. N'aurait-il pas comprit mon souhait d'être seule? Il est si incompétent que ça au point de ne comprendre mes paroles.

-Je vous ai demandé de partir, vous n'avez pas saisis. J'entends suite à ma réplique un raclement de gorge suivit d'un léger rire, je n'y prête pas très attention jusqu'à ce que sa voix me parvienne.

-Si, j'ai saisis mais je ne suis pas docteur donc je pense que je peux rester. J'ouvre les yeux rapidement et je me retrouve devant Sean et je rougis alors de honte. Il a donc sans aucun doute entendu mon petit monologue avec le soit disant médecin. Il rit discrètement mais je sais très bien qu'il retient un fou rire car la situation doit être assez drôle d'un autre point de vue que le mien.

-Tu peux rigoler ne te retiens surtout pas. Je déclare ça d'une voix tellement blasée qu'aux second mots il ne peut se retenir plus longtemps et part alors dans un fou rire très communicatif puisque je le suis. On rigole à en perdre haleine pendant cinq minutes car à chaque fois que l'on pensait avoir vaincu notre fou rire on se regardait et on repartait pendant une minute. Heureusement par je ne sais quel miracle on arrive à se calmer. Puis il prend un air sérieux qui est totalement contradictoire avec son sourire d'il y a quelques minutes.

-Tu as faillis mourir par ma faute, tu n'aurais jamais dû te mettre en danger pour moi tu sais.

-Ne t'en fais pas je vais très bien, je pète la forme. Et puis je vais mourir un jour ou l'autre de toute façon. Pour l'instant ma vie n'est que du supplément j'aurais dû quitter ce monde depuis longtemps déjà.

-Ce n'est pas une raison, profite du sursis qui t'as été donné.

-Courir, me sentir vivante, être libre. C'est ça pour moi profiter, car rester dans un lit toute la journée n'est pas profiter loin de là. Et désolé pour notre balade qui est tombée à l'eau du coup.

-Je vois ce que tu veux dire. Ne te fais pas de soucis on en fera une enfin si tu le désires toujours. Il me sourit timidement

-Oui, il n'y a pas de soucis pour une autre sortie.

-Bon je te laisse te reposer. Il se dirige vers la porte et se retourne une dernière fois. Une certaine Anastasia t'a rendu visite elle est vraiment trop mignonne. Puis il part le sourire aux lèvres.

Une journée entière que je suis dans mon lit avec comme obligation de ne pas en sortir mais là, je vais devenir folle en plus à la télé il n'y a que des dessins animés puériles et stéréotypés. En gros je vais me faire la mal -pour changer- et donc aller sur le toit. Je me lève et pose mes jambes fragiles sur le sol froid de ma chambre. Je m'appuie pendant quelques pas qui se font hésitant puis peux enfin marcher sans me tenir. Je me dirige donc naturellement vers la porte et passe devant Patrick enfin devant son bureau puisqu'il n'est pas derrière celui-ci.

Je monte les escaliers et je peine énormément mais il ne me reste qu'environ dix marches -heureusement-, j'ouvre la porte en métal et le vent s'engouffre dans mes poumons. Cette bouffée d'air me fait le plus grand bien, j'ai l'impression que je ne suis pas venue ici depuis un mois au moins. Je redécouvre mon havre de paix, il y a toujours ces conduits d'aérations qui poussent comme des champignons dans une forêt épaisse puis cette vue époustouflante sur la ville en contrebas.

J'aime venir ici mais j'aime surtout venir quand le soleil est sur le point de se coucher comme à cet instant. Je m'avance et laisse pendre mes jambes dans le vide comme à mon habitude. Le soleil est devant moi en train de se coucher et entraîne avec lui la journée, j'aime cette vision utopique qui s'offre à moi. Je me dis que le soleil peut se coucher et pourra toujours se relever, j'aimerais être comme lui mais moi chaque matins où je me lève c'est une victoire contre le destin, contre la maladie.

Je sens une présence derrière moi, mais ne dis rien trop subjuguée par le paysage qui s'offre à moi. Il s'assit et je tourne la tête furtivement et remarque que Sean se tient à mes côtés, il fait fasse au soleil ce qui lui donne un air angélique avec les reflets oranges sur son visage.

-Tu as des rêves ? Je fronce les sourcils fasse à sa question mais ma réponse est déjà toute faite. Quand je suis seule j'aime me poser des questions existentielles c'est comme une thérapie pour moi.

-Bien sûr, comme tout le monde je pense avoir des rêves. Mais je ne veux pas comme les autres malades avoir le rêve justement de ne plus avoir de maladie car je sais que cela n'est pas possible. Je préfère me concentrer sur des rêves un temps soit peu faisable enfin pas vraiment. J'aimerais faire des trucs qui me mettent en danger encore plus que ma maladie. Des choses illégales. J'aimerais ressentir des sensations fortes, pouvoir sentir l'adrénaline couler dans mes veines. Et j'aimerais également tout quitter ici en France et refaire ma vie dans un autre pays comme les États-Unis par exemple. Et pouvoir finir mes études de psychologie que j'ai commencé en cours à distance car j'ai eu mon bac et comme je suis restée une longue période à l'hôpital j'ai demandé à recevoir tous mes cours sur papier et logiquement j'ai validé toutes mes années, en gros il me manque juste le diplôme et je pourrais exercer. Puis comme toute fille cucul qui se respecte trouver l'amour, le vrai. Après je sais que ce sont des rêves et ils sont fait pour rester des rêves et non pour être réalisés. Je rigole d'un petit rire remplie de nostalgie. Et toi grand Sean as-tu des rêves ?

-J'aimerais être moi. Je le regarde attendant une suite mais comprends rapidement qu'il n'y en aura certainement pas.

-Qu'entends-tu par être toi même. Là, tu n'es pas toi même ?

-Si, justement je veux être comme ça tout le temps. Je veux être libre de penser sans avoir peur de décevoir mes parents, libre de sourire et de sortir des âneries à n'importe quel moment. Je veux simplement être le vrai moi, celui qui est cool et non celui qui ne dis rien et reste dans son coin pour ne pas faire honte à ses parents. Je ne veux pas être le coincé qu'on m'oblige à être. Il me regarde droit dans les yeux, et à l'intérieur de ceux-ci je vois la tristesse de ses paroles et je sens aussi qu'il souffre de cette situation. Je me dis que ma famille est loin d'être un exemple avec un père et un frère qui sont partis je ne sais où, rectification, qui m'ont abandonné puis une mère présente mais juste en surface. Mais lui as des parents mais ils lui font être quelqu'un d'autre alors je préfère être comme je suis quitte à ne pas avoir mes parents. C'est certainement des paroles crues mais pour moi être la personne que je veux être est primordiale. Je ne peux m'empêcher de le prendre dans mes bras et de lui caresser le bas du dos d'une manière qui se veut réconfortante.

-Les rêves sont fait pour être réalisés et non pour n'être que des songes, un jour tes rêves seront des réalités n'en doute pas. Surtout en ma présence et plus vite que tu ne le crois. Il se lève et part, cette scène me rappelle vaguement une autre.

-Mia, je m'appelle Mia. Criais-je au loin pour être sûre que mes mots l'atteignent.

Le dernier espoir {terminé}Where stories live. Discover now