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Le passé ne cessait de m'infliger d'inlassable gifles.

Flash-back

Ce soir, j'ai le droit à une permission ce qui est en soit exceptionnel. Aujourd'hui, mon frère a eu dix huit ans, il est devenu majeur. On va donc fêter ça en beauté. Il a loué une salle où tous ses amis seront réunis et bien sûr je suis de la partie. Cette soirée s'annonce merveilleuse, de plus je vais pouvoir quitter cette prison même si ce n'est que pour une petite soirée, cela va me détendre un peu et me faire oublier que je suis malade.

Tristan le meilleur ami de Taylor vient me chercher, pendant le trajet on parle de tout et de rien. Avec Tristan ce que j'aime c'est que jamais il n'aborde ma maladie sauf si évidemment je lance le sujet, mais il veut toujours me faire penser à autre chose et je lui en suis reconnaissante. On arrive devant la salle et j'entends déjà la musique alors que je me situe dans l'habitacle de la voiture, je stresse légèrement car je ne vais connaître que très peu de monde. De plus j'ai seize ans et donc un petit écart d'âge avec la plupart des invités mais passons. On avance dans la salle et tous les jeunes sont déjà en train de faire la fête, danser, s'embrasser. Dès que je vois mon frère au loin je ne peux m'empêcher de lui sauter dans les bras, il me manque à chaque instants c'est fou. Il me serre dans ses bras et m'embrasse le front.

La fête bat son plein et je m'amuse comme une folle, je rigole et parle avec tout le monde. Je n'ai bu pour ma part aucune gouttes d'alcool car je veux me rappeler de cette soirée vu que c'est l'une des rares auxquelles je peux participer. Je commence à avoir de la difficulté à respirer et décide donc de sortir prendre l'air. Le vent frais caresse ma joue et me procure des petits frissons mais qu'importe je me sens mieux.

-Que fais tu toute seule ? Je sursaute, je n'avais entendu personne arriver et il m'a donc fait extrêmement peur.

-Je ne t'avais pas entendu arriver, tu m'as fais peur. Je tourne la tête sur un garçon plutôt mignon mais je ne m'y attarde pas plus que ça. Je suis venue prendre l'air car j'étouffais un peu à l'intérieur, rien de plus.

-Désolé, je ne voulais aucunement te faire peur. D'accord moi aussi j'avais envie de prendre l'air. Tu as quel âge dis moi.

-Ne t'inquiète pas. J'ai seize ans et toi ?

-J'ai dix sept ans mais bientôt dix huit, d'ailleurs tu pourras venir à ma fête.

-Je verrais mais merci de l'invitation. Je souris doucement.

-Quel est ton nom ?

-Mia et toi?

-Jackson. Tu as un prénom rare, il est très joli. Je rougis sur le moment  car je n'ai pas l'habitude de me faire complimenter de la sorte mais je suis sûre que cette phrase c'est une disquette, j'aurais pu me nommer Marguerite ou Sarah qu'il m'aurait dit la même chose.

-J'ai soif, tu veux peut être boire un coup ?

-Je veux bien du jus d'orange s'il te plaît.

-À vos ordres princesse. Il me fait la révérence et ne peux m'empêcher de rire face à son geste puéril. Il revient plus tard avec nos verres et tellement j'ai soif, je bois le mien d'une traite mais je remarque vite que ce jus à un goût étrange. Je comprends vite que dans ce verre ne se trouvait pas que du jus, mais si on m'avait dit plutôt et habitué à ne jamais boire des verres inconnus tout cela ne serait sûrement jamais arrivé. Je n'aurais pas eu une enfance encore plus malheureuse.

Je me débattais de toutes mes forces mais justement le problème était là, je n'en avais pas enfin plus. J'étais faible, à sa merci et rien ne pouvait changer cela. Absolument rien. Nous étions dans sa voiture sur le parking et crier ne servirait à rien, personne ne pourrait m'entendre avec la distance et le bruit. Cette nuit là, il a abusé de moi, il m'a ôté mon innocence. Il m'a enlevé la dernière part de vie que j'avais. Après cette nuit là j'avais qu'une envie, en finir, en finir pour tout. Pour ma maladie, pour mon viol. Des pensées noires défilaient en continu dans ma tête. J'étais restée sur le parking pendant trois heures, j'avais froid mais je m'en fichais, cela me faisais sentir un peu moins sale. Car oui, je me sentais salie je pouvais encore sentir son touché, ses lèvres et des nausées me parvenaient. Mon frère avait fini par s'apercevoir de mon absence par je ne sais quel miracle. Et il m'avait retrouvé en miette, détruite, comme morte. Pendant deux semaines aucun mots n'étaient sortis de ma bouche, aucun sourires, juste un regard vide, comme moi. Le mutisme était ma façon à moi de me protéger.  Il ne cessait de me questionner pour savoir ce qui était arrivé cette fameuse nuit. Puis j'avais finis par lui dire, lui dire tout mais j'ai omis intentionnellement son prénom, car je savais de quoi mon frère était capable et je ne voulais absolument pas le perdre, lui aussi.

Le dernier espoir {terminé}Where stories live. Discover now