Chapitre I

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" Tandis que la musique emplissait la pièce, l'immense robe blanche attirait déjà tous les regards. La robe était si imposante qu'elle recouvrait toute l'allée qui traversait la pièce magnifiquement décorée à l'occasion. Il y eut de nombreux chuchotements d'admirations de la part de certains invités qui enviaient certainement l'étoffe magnifique. Puis d'un pas lent, bien que décidé, elle rejoignait son futur mari. Lorsqu'elle fut face à lui, ils échangèrent des regards complices et pleins d'amour en ne portant que peu d'importance aux paroles du curé, du moins jusqu'au moment fatidique, l'échange d'alliance puis ils échangèrent un baiser tant attendu qu'il semblait le meilleur du monde. "

Le soleil brillait, une chaleur agréable venait caresser mon visage tandis que j'étais assise au milieu des jardins, posé sur une couverture pour ne pas salir ma toilette. Face à moi, une petite fille aux cheveux dorés, ses deux grands yeux bleus étaient posés sur moi. Elle avait cinq ans et était incroyablement jolie. Je lui contais souvent l'histoire de notre mariage, elle semblait ne pas s'en lasser. Quant à moi, je ne me lassais pas de son joli minois joyeux. 

- Raconte-moi encore une fois s'il te plaît ! Réclamait la petite d'une voix adorable.

Je ne pus m'empêcher de lui sourire, mais alors que je m'apprêtais à continuer, des interpellations ne me l'avaient pas permis.

- Léonor, te voilà enfin ! S'exclamait une femme en se précipitant de prendre la petite fille dans ses bras

- Mais j'étais là maman ! Elle devait me raconter une autre histoire ! Annonçait joyeusement la petite fille en me pointant du doigt.

- Léonor, c'est impoli de montrer quelqu'un du doigt ! Intervint la femme en baissant la main de la petite. Je suis désolé du comportement de ma fille, j'espère qu'elle ne vous a pas trop importuné.

- Non au contraire j'ai adoré passer du temps en sa compagnie. Assurais-je en me redressant. À bientôt pour connaitre la suite. Lançais-je en souriant à Léonor. 

- Merci, merci Princesse. Répétait avec reconnaissance la femme avant de s'éloigner.

Princesse ? Je ne m'y ferai donc jamais . Je l'entendais pourtant tous les jours depuis quelques mois. Comment une fille partie de rien comme moi pouvait devenir Princesse ? Dans les histoires que me racontait ma mère lorsque j'étais plus jeune, le récit ne se passait jamais comme ça.

D'après certains dires, j'étais un modèle pour plein de jeunes filles du royaume qui rêvaient d'un nouvel avenir depuis mon mariage avec le prince. Elles voulaient elles aussi jouir de la même chance. Être un modèle pour tant de jeune femme était une grande responsabilité, je ne devais pas les décevoir mais cela me plaisait aussi de savoir qu'elles s'imaginaient un tout autre avenir que celui qui leur était déjà destiné. Le mien était de vivre dans une petite chaumière au milieu de nul par et pourtant aujourd'hui je me retrouvais marié à un prince et future souveraine d'un royaume entier. Parfois je peinais encore à le croire mais tout ce qui m'entourait me le rappelait à chaque instant.

- Mademoiselle, nous devrions y aller, le froid commence à tomber et le dîner sera bientôt servi.

L'une des nombreuses servantes qui était désormais à ma disposition ramassait la couverture encore posée par terre et la plia en m'indiquant ensuite de la suivre jusqu'à l'intérieur.

Une fois de retour au château, je retournais dans mes appartements. Un calme total y régnait, seuls les crépitements de la cheminée se faisaient entendre. Je m'installais devant ma coiffeuse en fixant mon reflet quelques instants puis je glissais mes mains dans mes cheveux afin d'en retirer les barrettes qui tenaient mes cheveux dans une coiffure qui me donnait presque mal à la tête. Tandis que je luttais tant bien que mal pour retirer les pinces bien trop derrière, la porte s'ouvrit une nouvelle fois.

- Pourquoi tu ne m'attends jamais ? S'exclamait la jeune femme qui venait d'entrer.

Je ne pus m'empêcher de sourire en entendant la voix de mon amie. J'avais fait de Charlotte ma dame de compagnie, elle était formidable et notre amitié s'était tant renforcé qu'elle était devenue ma plus proche amie et confidente.

- Alors comment était ta journée ? Lui demandais-je tendis qu'elle m'aidait à me décoiffer.

- Surement bien moins palpitante que la tienne, répondit-elle aussitôt.

- La vie de princesse n'est pas beaucoup plus attrayante que celle de n'importe qui d'autre. Et puis, je suis étonné de te voir arriver si tôt pour quelqu'un de toujours aussi en retard que toi. Je sais que tu dois me dire quelque chose d'important. Alors vas-y, je suis tout ouïe !

Je me retournais sur mon siège pour la regarder. Aussitôt, le visage de la brune s'illumina d'un énorme sourire avant de bondir sur place comme une enfant agitée.

- Il l'a fait ! Il l'a fait ! S'exclamait joyeusement Charlotte en tendant sa main dans ma direction.

Une bague avait désormais trouvé place sur son annulaire gauche. Je ne pus contenir ma joie à mon tour et me levais pour bondir en sa compagnie. Charlotte avait rencontré Phébus, son futur mari lors d'une réception de noblesse au château. Héritier d'un petit royaume de l'est, c'était un garçon un peu fière la première fois que je l'avais rencontré, mais il était aussitôt tombé sous le charme de Charlotte. Leur relation durait depuis plusieurs longs mois maintenant et Charlotte désespérait de l'entendre un jour la demander en mariage.

- Est-ce que tout va bien ? Demandait l'un des gardes qui venaient d'ouvrir la porte surement alerté par les cris.

- Oh oui, merci mais tout vas bien.

Le soldat se contentait d'acquiescer avant de refermer la porte, mon amie et moi éclations de rire amusé par la situation.

- Bon, je ferai mieux d'y aller, mon mari doit m'attendre. Annonçait Charlotte en insistant bien sûr le mot qu'elle attendait de prononcer depuis si longtemps.

De nouveau seul dans ma chambre, j'enfilais ma robe de nuit et prenais ensuite un livre que j'avais commencé à lire depuis quelques jours et je m'installais dans le gros siège rouge confortable posé près de la cheminée.

Le temps était passé vite, j'avais lu une centaine de pages sans m'en rendre compte quand soudain, le bruit de la porte qui s'ouvrait m'avais fait sortir le nez de mon livre. Je fermais celui-ci et le posais sur la petite table près de moi.

- Te voilà enfin. M'exclamais-je doucement en souriant.

Je m'approchais du lit, il déboutonnait sa chemise en lâchant un soupire exténué.

- Dure journée ? Demandais-je sachant déjà la réponse.

Je venais passer mes bras autour de la taille dénudée du prince en venant me blottir doucement contre lui. Il avait aussi passé ses bras autour de ma taille en resserrant notre étreinte. Après quelques instants, nous nous détachions l'un de l'autre afin qu'il puisse se changer. Il était tard et il voulait surement se coucher afin de se reposer.

Une fois tous les deux installés dans le lit, Isaac était venu m'enlacer une nouvelle fois.

- Tu m'as manqué. Glissa-t-il doucement au creux de mon oreille.

Je me retournais face à lui, ses yeux bleus plongés dans les miens, il affichait un sourire que j'aimais par-dessus tout.

- Tu m'as manqué aussi.

Sitôt je venais poser mes lèvres sur les siennes, je ne pus m'empêcher de frissonner à son contact. Nous passions un peu de temps à discuter, à rire, à nous amuser comme des enfants. Il me rendait heureuse, il m'avait sauvé, il m'avait aidé à rester, il m'avait protégé, il m'avait aimé et aujourd'hui nous étions mariés à jamais.

Des ténèbres à la lumière T.2Where stories live. Discover now